Néphrite : symptômes, diagnostic, comment la soigner ?

Définition : qu’est-ce qu’une néphrite ?

Il existe plusieurs types de néphrites : la plus fréquente des inflammations aiguës du rein est la pyélonéphrite, qui est d’origine bactérienne. Plus de 95 % des pyélonéphrites en France concernent les femmes du fait de leur anatomie : l’urètre des femmes étant plus court que celui des hommes et ainsi plus propice. « Chez les femmes enceintes, la pyélonéphrite du rein droit est assez courante : le fœtus dans l’utérus va dévier ce dernier vers la droite et comprimer ainsi la circulation entre la vessie et le rein : l’écoulement de l’urine en amont est alors plus difficile. Cela peut entraîner des complications de type : accouchement prématuré voire même souffrance fœtale si cela n’est pas pris en charge« , note le Dr Tostivint, néphrologue. En cas de pyélonéphrite compliquée d’inflammation rénale, des toxines, des molécules qui devraient normalement être éliminées car représentant un danger pour l’organisme, s’accumulent dans le sang ainsi que d’autres éléments comme l’urée et la créatinine. Chez l’homme, elle est plus courante chez les plus de 40 ans et souvent liée à une infection de la prostate. En effet, l’urètre traverse la prostate après la vessie. Si la prostate est infectée, l’infection peut remonter jusqu’aux reins. 

Quels sont les symptômes d’une néphrite ? 

« Une néphrite ne passe en général pas inaperçue« , précise le Dr Tostivint. Il existe en effet des symptômes d’alerte en amont de la pyélonéphrite qui sont ceux d’une cystite (inflammation de la vessie) : « on urine des lames de rasoir, on observe du sang dans les urines, on a très souvent du mal à uriner (dysurie), les urines peuvent être malodorantes, jaunes voire vertes« . Quand le germe est remonté dans l’uretère et arrivé dans le rein, l’infection se généralise et la symptomatologie de la pyélonéphrite est la suivante : fièvre, frissons « à s’en faire claquer des dents« , douleurs dans le dos, très grosse fatigue « on est complètement éreinté« , troubles digestifs possibles « avec nausées et vomissements ». En cas de symptômes laissant suspecter une néphrite d’origine bactérienne aiguë, il faut consulter un médecin sans tarder.

Quelles sont les causes d’une néphrite ?

La néphrite infectieuse ou pyélonéphrite est chez la femme généralement due à une infection urinaire, définie par la culture positive de l’urine (présence de pus et d’un seul germe dans les urines) qui va causer cette inflammation et cette infection du rein. « Sur les 4 dernières années en France, il y a eu 1,5 million d’épisodes d’infection urinaire ayant nécessité une hospitalisation recensés par les autorités et entre 50-200 femmes par an qui se sont retrouvées dialysées à cause d’infections très mal traitées« , souligne le Dr Isabelle Tostivint. D’autres facteurs peuvent aussi expliquer la survenue d’une néphrite :

  • une infection nosocomiale post-opératoire ;
  • une intoxication par des métaux lourds (plomb, par exemple) ;
  • des allergies aux médicaments (inhibiteurs de la pompe à proton [IPP], ciclosporine, lithium…) ;
  • des maladies génétiques ;
  • des maladies cristallines.

Comment pose-t-on le diagnostic d’une néphrite ?

Au vu des différents symptômes (fièvre et signes fonctionnels urinaires), un examen cytobactériologique des urines (ECBU) est envisagé pour poser le diagnostic d’infection rénale. On observe alors > 10 000 globules blancs/mL (leucocytes) et > 104 germes à la culture. La présence d’une monobactérie, qui est le plus souvent l’Escherichia coli permet de confirmer le diagnostic. Une échographie des reins, des voies urinaires et de la vessie doit être systématique pour rechercher un obstacle et/ou une anomalie anatomique favorisante. 

C’est quoi une néphrite interstitielle ?

La néphrite interstitielle ou néphropathie interstitielle est rare. Il s’agit d’une inflammation du rein et plus précisément d’une des 4 structures qui le composent à savoir l’interstitium (tissus conjonctifs qui sous-tendent les tubules), qui avec les glomérules (fonction de filtration), les tubules (fonction de réabsorption), et les vaisseaux composent le néphron. Deux causes sont envisageables : elle peut être d’origine infectieuse. Dans plus de 90% des cas, c’est une pyélonéphrite. « S’il y a un afflux de cellules inflammatoires dans l’interstitium, cette inflammation provient d’une bactérie provenant du pyélon. Il s’agit alors d’une néphrite infectieuse, d’une pyélonéphrite (germe qui provient des urines) ». Elle peut aussi être d’origine immuno-allergique. « Une inflammation des tissus conjonctifs du rein est observée du fait de la prise de médicaments (de l’oméprazole, par exemple, pris pour des remontées gastriques dues au stress). Le taux de créatinine va alors augmenter et une forme d’intolérance du rein à ce médicament se met en place. On devient ainsi malade de notre mode de vie : le moins de médicaments pris, le mieux c’est« , ajoute-t-elle. Il existe aussi des néphrites interstitielles héréditaires liées à une anomalie génétique (maladies métaboliques rares) : le circuit du calcium, de l’acide urique…, de certains composés dans les glomérules puis dans les tubules, est ainsi perturbé.

Quelles sont les complications possibles d’une néphrite ? 

Si la pyélonéphrite n’est pas prise en charge rapidement, une bactériémie ou une septicémie peuvent se mettre en place : « Le germe est non seulement dans le ou les reins mais il s’est diffusé au sein de l’organisme et jusque dans les vaisseaux. La situation peut donc être très, très grave ». Les complications sont :

  • une pyonéphrose qui correspond à la fonte purulente du rein ;
  • des inflammations aiguës à répétition ;
  • et en général une insuffisance rénale chronique.​​​​​​​​​​​​​​

Quel traitement pour soigner une néphrite ?

Les antibiotiques sont le traitement de référence pour soigner une néphrite (7 à 10 jours). Dans la plupart des cas, une hospitalisation est nécessaire, afin de trouver la bactérie en cause, d’administrer l’antibiotique correspondant et d’évaluer les potentiels impacts sur la vessie et les reins. Si une malformation des reins est détectée par échographie ou scintigraphie, des examens plus poussés seront réalisés pour éviter que la néphrite ou la pyélonéphrite ne devienne chronique. Pour les personnes présentant une obstruction des voies urinaires, une opération peut être nécessaire. En cas de consommation de thérapeutiques allergisantes pour les reins, il faudra l’arrêter dans la mesure du possible.

Merci au Dr Isabelle Tostivint, néphrologue préventive à La Pitié Salpêtrière (AP-HP), Paris.


Source : JDF Santé