Méningite à méningocoque : symptômes, comment s'en protéger ?

Elle est mortelle dans un cas sur deux, sans traitement antibiotique.


La méningite à méningocoque est une maladie infectieuse qui peut être mortelle, elle représente 25% du total des méningistes annuelles. Selon Santé Publique France, plus de 80% des cas concernent des patients âgés de 15 à 24 ans, 10% chez les plus de 65 ans. « C’est une maladie qui touche  particulièrement le sujet jeune et peut intéresser les nourrissons et les jeunes enfants surtout ceux qui n’ont pas fait la vaccination, explique le Dr Belenotti, médecin interniste. Elle intéresse aussi plus volontiers des patients porteurs de certains déficit de l’immunité : asplénie fonctionnelle ou splénectomie, patient ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques, patient ayant un déficit en fraction terminale du complément ou en properdine. Il existe un pic saisonnier en hiver. »

Définition : c’est quoi la méningite à méningocoque ? 

Une méningite à méningocoque est due à une bactérie qui affecte les méninges, les fines enveloppes du cerveau et de la moelle épinière. « La bactérie est retrouvée chez 5 à 50% de la population selon l’âge (porteur asymptomatique) au niveau du rhinopharynx, précise le Dr Belenotti. C’est une bactérie strictement humaine qui ne peut s’attaquer aux animaux. Il existe 12 sérotypes de cette bactérie, 6 seulement sont connus pour donner des épidémies (A-C-W135-Y). C’est une pathologie grave, à prendre en charge rapidement, qui peut être responsable de lourde séquelle et est mortelle dans la moitié des cas en l’absence de traitement antibiotique dédié. » 

Méningites à méningocoque B ou C : quelles différences ? 

« Le méningocoque B prédomine en Europe et en Amérique et est responsable de cas sporadiques, détaille le médecin. Tandis que le C donne de vraies bouffées épidémiques et touche plus volontiers les Amériques, l’Europe, l’Asie et l’Afrique Sub-Saharienne (« ceinture de la méningite’ du Sénégal à l’ouest à l’Ethiopie à l’est). » 

Quels sont les symptômes d’une méningite à méningocoque ?

Le symptôme majeur est un syndrome méningé fébrile qui associe une forte fièvre, des frissons avec de violents maux de tête, diffus, en casque, une intolérance à la lumière (photophobie) et au bruit (phonophobie) une nuque raide, des nausées et des vomissements. La méningite à méningocoque est une urgence thérapeutique.

« Il ne faut pas hésiter à aller aux urgences ou à appeler un centre 15 en cas de maux de associés à une forte fièvre »

« Il ne faut pas hésiter à aller aux urgences ou à appeler un centre 15 en cas de maux de associés à une forte fièvre, insiste le Dr Belenotti. A ces premiers symptômes, s’y associe parfois une bactériémie (méningococcémie) ou une circulation sanguine de bactérie responsable d’un choc septique associé à une complication cutanée d’une particulière gravité, le purpura fulminans. Ce sont des taches rouges violacées (petites hémorragies) qui apparaissent préférentiellement aux extrémités et qui sont en fait un équivalent de nécrose localisée, qui s’étendent très rapidement. En cas de présence d’un purpura fulminans, la mortalité sous traitement est de 20% ». 

​​​​​​Comment se transmet la méningite à méningocoque ?

La maladie se transmet via les sécrétions rhino pharyngées (gouttelettes de Flügge), lors des contacts proches (inférieurs à 1 mètre), répétés et prolongés. De ce fait les conditions les plus favorables sont dans l’entourage familial ou en collectivité. La période d’incubation moyenne est de 3-4 jours mais peut varier entre 2 et 10 jours. 

Est-ce que la méningite à méningocoque est contagieuse ? 

C’est une maladie très contagieuse. « En revanche, dès que le patient reçoit la première dose d’antibiotique la contagion diminue rapidement. La bactérie est fragile et ne survit pas dans l’environnement » complète le docteur.

Comment diagnostiquer une méningite à méningocoque ?

C’est une urgence diagnostique et thérapeutique. « Dès que le diagnostic est évoqué, une prise en charge urgente se justifie en mettant au plus tôt en place des gestes de protection (masque) au patient et à l’entourage comme au personnel médical prenant en charge le patient, complète l’urgentiste. Le diagnostic doit être évoqué devant toute fièvre avec céphalées et entraîner une prise en charge au centre des urgences les plus proches, en faisant appel au centre 15 notamment dans le cas où un purpura fulminans est constaté signant la défaillance circulatoire et le risque imminent de choc septique. » Tout médecin à domicile suspectant une méningite à méningocoque ou constatant un purpura fulminans doit administrer au plus vite un antibiotique actif sur le méningocoque, appelé ceftriaxone. « Pour les cas de purpura fulminans, le patient est admis aux urgences en réanimation pour à la fois prendre en charge le choc et administrer les antibiotiques à forte dose. Si le patient est stable seront alors réalisés des prélèvements sanguins à la recherche de la bactérie (hémoculture), d’un syndrome inflammatoire, et une ponction lombaire. » 

Dès que le diagnostic est évoqué, une prise en charge urgente se justifie

Cet examen consiste en un prélèvement du liquide qui circule autour du cerveau et le long de la moelle épinière appelé liquide cérébro-spinal. « Lorsqu’il y a une méningite, ce liquide contient l’agent infectieux responsable et surtout des cellules de l’inflammation ou leucocytes, avec un taux de protide élevé et un taux de glucides bas comparativement aux taux sanguins. La présence du germe neisseria meningitidis signe le diagnostic. » Toutefois lors du purpura fulminans cet examen n’est pas nécessaire avant de débuter toute antibiothérapie. « De même s’il existe des contre-indications à la ponction lombaire (infection en regard du point de ponction, trouble de la coagulation défaillance cardiaque ou circulatoire, signes neurologiques centraux, troubles de la conscience, crises d’épilepsie persistantes) le traitement antibiotique sera débuté. » Parfois une biopsie avec mise en culture du purpura est réalisée. 

Quelles sont les complications de la méningite à méningocoque ? 

La complication la plus grave est le décès qui peut survenir dans 20% des cas de purpura fulminans traité. La maladie est mortelle dans 50% des cas environ en l’absence de traitement. « Si le purpura fulminans s’étend aux membres avec une atteinte nécrotique trop importante, une amputation des parties nécrosées est parfois nécessaire, assure notre interlocutrice. La méningite en elle-même peut laisser comme séquelle des troubles de l’apprentissage chez les plus jeunes et une surdité de perception chez 10 à 20 % des survivants. » 

Quels sont les traitements d’une méningite à méningocoque ? 

Le traitement comporte une hospitalisation. « Lors des atteintes graves méningoencéphaliques ou de purpura fulminans l’antibiotique est associé à un corticoïde qui passe la barrière hémato méningée ou dexaméthasone, précise le Dr Belenotti. L’antibiotique utilisé est une céphalosporine de 3e génération ou ceftriaxone ; en cas d’allergie aux pénicillines un antibiotique de type ciprofloxacine ou rifampicine. Des soins réanimatoires spécifiques sont adaptés au choc en rapport avec la méningococcémie.

Quels vaccins pour prévenir la méningite à méningocoque ?

Depuis le 1er janvier 2025, la vaccination de tous les nourrissons contre le méningocoque B est obligatoire (et obligatoire pour entrer en collectivité : crèches, écoles…). En remplacement de la vaccination contre le méningocoque C, la vaccination tétravalente ACWY est également obligatoire chez tous les nourrissons depuis le 1er janvier 2025. Chez les adolescents de 11 à 14 ans, la vaccination ACWY est recommandée, quelque soit leur vaccination antérieure.

« Lorsqu’un diagnostic de méningite à méningocoque est posé il y a obligation pour le médecin et le laboratoire en rapport d’adresser dans les plus brefs délais un imprimé de déclaration obligatoire (cerfa num 12201) par fax à l’ARS, conclut le médecin. Cela va permettre de déclencher une enquête épidémiologique autour du cas diagnostiqué ». En effet un traitement prophylactique par antibiotique existe et est à administrer chez les personnes ayant eu un contact proche et prolongé avec le patient malade ; cela concerne l’entourage familial notamment ou les personnes qui vivent en collectivité. Le traitement consiste en des antibiotiques par voie orale la rifampicine (ou en cas d’allergie ceftriaxone en injection) à prendre pendant 48 heures.

Merci au Dr Pauline Belenotti, médecin interniste à l’Hôpital privé Clairval de Marseille.


Source : JDF Santé