La mémoire est un processus biologique à l’origine de notre capacité à assimiler, se souvenir et restituer une information. L’hippocampe est une structure primordiale pour le fonctionnement de la mémoire dans le cerveau. Il existe plusieurs « types » de mémoire qui fonctionnent selon un processus en trois étapes. « Des troubles de la mémoire peuvent survenir progressivement ou brutalement » indique Dr François Sellal, neurologue et secrétaire général de la Fédération Française de Neurologie (FFN). Quel est le rôle de la mémoire ? Quelles sont les maladies associées à la mémoire ? Comment renforcer sa mémoire ?
Définition : c’est quoi la mémoire ?
La mémoire est la faculté d’apprendre, de retenir et de rappeler une information passée et ce qui s’y trouve associée pour interagir avec notre environnement. Elle se compose des savoir-faire, des connaissances et des souvenirs.
Comment fonctionne la mémoire ?
L’hippocampe est la structure emblématique de la mémoire, elle-même connectée à d’autres réseaux de neurones pour former ce qu’on appelle le circuit de Papez. La mémoire suit un processus de 3 étapes :
► L’encodage ou l’apprentissage ; capacité de sélectionner et d’apprendre une information. Le cerveau filtre ce qu’il met en mémoire.
► Le stockage ou « consolidation » ; long processus pendant lequel l’information est révisée, ré-apprise. Cette phase dure plusieurs mois après l’apprentissage.
► Le rappel ; la capacité du cerveau à retrouver l’information, reprendre les informations sensorielles pour reconstruire le souvenir. « La reconstruction du souvenir effectuée par la mémoire, comme son nom l’indique, implique un risque d’erreurs » note le Dr François Sellal.
Quel est le rôle de la mémoire ?
La mémoire permet d’apprendre, de retenir et de rappeler une information. « Elle bâtit nos connaissances. Nous sommes un agrégat de souvenirs depuis notre naissance, souvenirs qui définissent notre personnalité et influencent nos comportements » indique le neurologue.
Quels sont les différents types de mémoire ?
La mémoire se divise en de multiples découpages différents. Parmi les types de mémoire les plus connus :
► Le découpage entre la mémoire déclarative ou explicite (on retient et recherche activement et consciemment) et la mémoire implicite (dont la mémoire procédurale est une forme) qui porte sur des évènements dont l’apprentissage et la restitution se fait à notre insu. Conduire une voiture ou rouler à vélo sont des apprentissages qui font appel à la mémoire procédurale, elle s’exprime de façon inconsciente quand on est en action. Le Genevois Edouard Claparède a réalisé une expérience sur un patient amnésique qui oubliait tous ses souvenirs au bout de quelques minutes. Un matin, lors de sa visite médicale, il lui serre la main avec une épingle à nourrice cachée au fond de la sienne. Le lendemain, le professeur tente de serrer à nouveau la main du patient, qui refuse sans savoir pourquoi. Le souvenir s’était envolé. Mais il lui restait une méfiance inconsciente justifiée par un fait réel. « Le patient avait intégré que dans cette pièce, serrer la main de cette personne, allait être préjudiciable pour lui » souligne le Dr Sellal.
► La mémoire explicite comprend elle-même deux sous-types :
- La mémoire épisodique : mémoire d’un évènement qui est très bien situé dans le temps et espace, avec une forte valence émotionnelle et qui est unique. La plupart des évènements autobiographiques sont des souvenirs épisodiques. Par exemple, vous vous êtes cassé la jambe en sortant de chez vous il y a 1 semaine.
- La mémoire sémantique : mémoire des connaissances générales comme le calcul, la géographique, les langues etc impliquant une faible valence émotionnelle. Par exemple, Rome est la capitale de l’Italie.
► Le découpage entre la mémoire verbale ou auditive et la mémoire visuelle. « Certaines personnes ont une excellente mémoire auditive, d’autres ont une meilleure mémoire visuelle » souligne notre interlocuteur
► Le découpage entre la mémoire rétrograde (qui concerne les événements précédant le début de la maladie ou un traumatisme) et la mémoire antérograde qui concerne les souvenirs récents. (survenus après le début de la maladie ou un traumatisme).
Quels sont les maladies responsables de troubles de la mémoire ?
De nombreux troubles sont associés à la mémoire. Parmi les plus connus on peut citer :
► La maladie d’Alzheimer pour laquelle la mémoire antérograde est abimée, l’amnésie porte sur les évènements nouveaux. Au début, une bonne part de la mémoire rétrograde est très bien conservée et les souvenirs anciens très bien retenus. La maladie d’Alzheimer est une maladie progressive qui touche la consolidation de la mémoire.
► L’AVC touche des régions importantes dans le fonctionnement de la mémoire de façon brutale.
► Plus rarement, les tumeurs cérébrales peuvent toucher les régions de la mémoire.
« Plus vous entraînez votre mémoire, plus vous l’améliorez »
► Dans certains cas, une crise d’épilepsie peut causer un trouble de la mémoire transitoire. Pendant la crise, le circuit consolidation ne fonctionne plus et provoque un « trou de mémoire« .
► L’ictus amnésique désigne un trouble de la mémoire antérograde d’installation brutale qui va durer moins de 24h pendant lequel le malade n’arrête pas de poser les mêmes questions. Il guérit sans séquelles. C’est une forme de sidération fonctionnelle dont l’origine peut être une forte émotion ou un traumatisme crânien mineur. C’est un trouble de la mémoire transitoire.
► Le syndrome de Korsakoff, qui est décrit chez les personnes souffrant d’alcoolisme. Il est lié à une carence extrême en vitamine B1 qui cause des lésions du cerveau dans le circuit de la mémoire. L’amnésie antérograde est massive, l’amnésie rétrograde est importante. Les patients atteints sont totalement inconscients de leur trouble et confabulent. Le malade mélange ses souvenirs, en créent d’autres à son insu : c’est pourquoi la confabulation peut être définie comme un » mensonge honnête « . Les malades font aussi des fausses reconnaissances.
► Une cause plus rare de syndrome de Korsakoff a été décrite chez les femmes enceintes, touchées par l’hyperémèse gravidique (vomissements incoercibles du premier trimestre de la grossesse, entraînant une carence en vitamine B1). Elles peuvent développer des troubles de la mémoire. Mais en général, ce risque est très bien prévenu.
Par ailleurs, l’anxiété, le stress nuisent à la qualité de l’apprentissage et du rappel ; le manque de sommeil à la consolidation de la mémoire.
Peut-on améliorer sa mémoire ? Comment ?
Il est possible de perfectionner ses capacités mémorielles.
« Plus vous entraînez votre mémoire, plus vous l’améliorez. Le sommeil est précieux pour le fonctionnement de la mémoire. Dormir permet de récapituler ce qui a été appris pendant la journée. Plus vous êtes concentré sur ce que vous cherchez à mémoriser, mieux vous le retiendrez. L’effort fourni et la réflexion sur le sens de ce que vous cherchez à apprendre optimise la mémoire. Enfin, la répétition renforce la mémorisation : réviser augmente les chances de retenir » indique notre interlocuteur
Merci au Dr François Sellal, neurologue, chef de service aux Hôpitaux Civils de Colmar et secrétaire général de la Fédération Française de Neurologie (FFN).
Source : JDF Santé