La médecine chinoise relève d’une pratique alternative à la médecine occidentale. Elle considère qu’une pathologie ou un symptôme doit être replacé dans la globalité du fonctionnement de l’organisme pour en trouver les causes et les traiter. Cette médecine utilise différentes méthodes telles que les massages, la pharmacologie, l’acupuncture ou encore les ventouses. Que soigne-t-elle ? Quels sont les bienfaits de la médecine chinoise ? Est-elle efficace ?
Quel est le principe de la médecine chinoise ?
La médecine chinoise propose une autre approche des maladies de l’être humain, différente de notre médecine occidentale. Cette science ancienne, de plus de 2500 ans, « est un système médical complet au même titre que notre médecine conventionnelle. Elle intègre une anatomie, une physiologie, une étiologie, une physiopathologie, différents outils diagnostiques et plusieurs thérapeutiques« , définit Philippe Sionneau, praticien et enseignant de médecine chinoise. Cette connaissance du fonctionnement du corps humain permet de comprendre le mécanisme pathologique à l’origine de la maladie. Elle s’appuie sur une observation du vivant qui régit le monde et le corps humain : le yin et le yang complémentaires, les 5 mouvements (wu xing), les méridiens, et l’énergie ou force vitale (qi), qui naît de la confrontation du yin et du yang. L’énergie doit circuler de façon harmonieuse, et l’équilibre du yin et yang est indispensable pour être en bonne santé. Lors de son examen, le praticien ne s’attache pas à un symptôme, mais plutôt à l’ensemble des troubles observés ou décrits par le patient. Il individualise son approche pour traiter la personne selon sa constitution. Ses moyens d’actions sont :
- la pharmacologie chinoise (qui inclut les plantes, les minéraux et les substances animales)
- l’acupuncture et la moxibustion
- le massage thérapeutique Tui Na
- la diététique chinoise
- les manipulations ostéo-articulaires et musculaires
- les ventouses.
La médecine chinoise est complémentaire à notre médecine mais peut aussi la remplacer pour certaines maladies et agir en prévention afin d’éviter la maladie.
Comment guérir le corps et l’esprit en médecine chinoise ?
En médecine chinoise, l’esprit n’est pas dissocié du corps. C’est le Shen (esprit) qui donne la vie au corps, qui l’anime et lui permet de fonctionner. Pour faire son diagnostic la médecine chinoise prend en compte autant le corps anatomique et physiologique, que l’état psychologique du patient. Elle a pour théorie que le fonctionnement de l’organisme ne peut être séparé des influences de l’environnement et de répercutions psychologiques.
Quel organe correspond à quelle émotion en médecine chinoise ?
« Il n’existe pas de symbolique dans la médecine chinoise, indique Philippe Sionneau. La médecine chinoise n’est pas de l’ésotérisme« , elle est une science. « Les organes ont des fonctions précises, et à partir de ces fonctions on comprend le fonctionnement de l’organisme. Cette connaissance permet de détecter chez un patient des dysfonctionnements » pouvant être liés à un état psychologique. En médecine chinoise, le foie est relié à la colère. Le cœur à la joie. Le poumon à la tristesse. Le rein aux peurs. La rate aux soucis et à la réflexion.
Quels sont les bienfaits de la médecine chinoise ?
La médecine chinoise apporte des réponses à toutes les maladies. Elle ne mérite pas son étiquette de médecine douce, elle est au contraire très puissante. « La médecine chinoise considère les pathologies comme des déséquilibres dans le corps, souligne le praticien. Elle a pour but de rétablir l’équilibre perdu, d’harmoniser l’organisme avec lui-même, les autres et la nature ». Parmi ses grandes indications se trouvent :
- Les troubles gynécologiques : problèmes de cycles et syndrome menstruel, ménopause, kyste bénin, fibrome utérin, endométriose, mycose, vaginite.
- Les troubles du système reproducteur : stérilité, impuissance, spermatorrhée, baisse de libido, frigidité, trouble de la prostate, hydrocèle.
- Les maladies du système urinaire : cystite, incontinence, oligurie, hématurie, lithiase rénale, colique néphrétique.
- Les maladies endocriniennes, métaboliques et sanguines : anémie, hypoglycémie, hypo et hyperthyroïdie, hypercholestérolémie, goutte, goitre, andropause, purpura, leucémie, obésité, œdème.
- Les maladies du système digestif : digestion difficile, aérophagie, hernie hiatale, colite spasmodique, maladie de Crohn, hépatite, lithiase biliaire, gastrite, ulcère de l’estomac ou du duodénum.
- Les maladies du système respiratoire : laryngite, pharyngite, bronchite, asthme, sinusite, rhinite, allergie.
- Les maladies du système cardio-vasculaire et circulatoire : séquelles d’infarctus du myocarde, palpitations cardiaques, hypotension et hypertension artérielle, maladies de Raynaud, insuffisance veineuse, jambes lourdes et douloureuses, varices.
- Les maladies osteo-articulaires et rhumatologiques : fracture osseuses, tendinite, entorse, syndrome carpien, cervicalgie, polyarthrite rhumatoïde, rhumatisme chronique, arthrose, sciatique, lombalgie, traumatisme.
- Les maladies dermatologiques : acné, eczéma, allergie cutané, prurit, urticaire, zona, psoriasis, herpès, vitiligo.
- Les maladies psychologiques : dépression mentale, insomnie, phobie, anxiété, angoisse, stress, nervosité, perte de mémoire, névrose, psychose, hystérie.
- Les maladies oculaires : photophobie, blépharite, conjonctivite, prurit, myopie, presbytie, glaucome, strabisme.
- Les maladies auditives : acouphènes, surdité, otite, syndrome de Ménière, prurit.
Est-ce que la médecine chinoise est efficace ?
Elle ne peut certes pas tout guérir, mais en cas de maladies graves, elle contribue à renforcer le patient, lui apporter un mieux être, ralentir l’évolution de la maladie ou en atténuer les effets. C’est le cas pour des patients sidéens en trithérapie ou les cancéreux en chimiothérapie. « La médecine chinoise en association avec la trithérapie conventionnelle peut mettre les patients souffrant de HIV dans les meilleures conditions possibles et leur permettre d’avoir une vie normale » souligne l’expert. Utilisée seule ou combinée avec d’autres méthodes, elle excelle dans de nombreux domaines. « La médecine chinoise ne prétend pas tout soigner. Néanmoins, elle peut très souvent apporter un soulagement, un mieux-être qui fait d’elle la deuxième médecine la plus utilisée aujourd’hui à travers le monde » souligne notre expert.
Quels sont les 5 éléments en médecine chinoise ?
« Le terme 5 éléments est une très mauvaise traduction de Wu Xing, qu’il est préférable de traduire par 5 mouvements qui rend mieux l’idée originelle« , souligne Philippe Sionneau. « Ce sont 5 types de dynamismes, de natures, de qualités. On parle du mouvement Bois, Feu, Terre, Métal, Eau. Au niveau médical chacun est en relation avec des organes, des sens, des tissus, des émotions,… C’est une manière de classifier les choses et de comprendre le fonctionnement des organes, des tissus, des fonctions dans l’organisme, et leurs interrelations. » Des liens forts existent entre les organes, les tissus du corps de même nature. Lorsque l’un d’eux est perturbé, il y a une incidence sur les autres, mais aussi des répercutions sur d’autres mouvements et donc d’autres organes. En conséquence, l’organisme est déséquilibré, et des maladies peuvent apparaître. Les 5 mouvements sont :
- Le mouvement bois est « la montée en tension de l’énergie. Le mouvement de naissance, de ce qui pousse, sort de terre. Il est associé au printemps, au vent qui vivifie, qui agite. » Le foie, la vésicule biliaire, les tendons, les ongles, la région thoracique latérale ont la même nature bois.
- Le mouvement feu est « l’expression du yang, la lumière, la chaleur qui rend possible les transformations, l’énergie qui dynamise les phénomènes. Le feu favorise la circulation, les dynamismes, les métabolismes, l’épanouissement, l’activité en général. » Le cœur, l’intestin grêle ont une nature feu.
- Le mouvement terre est central, « la référence autour de laquelle les 4 autres mouvements s’articulent. Il permet à différentes énergies de coexister en harmonie, et d’associer les phénomènes de natures opposées. » La rate et l’estomac sont de nature terre.
- Le mouvement métal « est descendant. Il amorce une marche où le yang descend, se retire pour laisser place au yin. L’énergie baisse et laisse place à la matière qui se durcit au fur et à mesure que le métal refroidit. La nature du métal est la dureté, la solidité, la matérialisation, la concrétisation ». Le poumon et le gros intestin sont de nature métal.
- Le mouvement eau est « la phase du retour vers l’intérieur, vers l’origine. L’eau est le mouvement du calme, du repos, de l’immobilisation, de l’intériorisation, de l’accumulation des potentiels qui fait de ce mouvement le plus puissant. L’eau est associée à l’hiver, au froid qui congèle, qui fait prendre forme », explique l’expert. Le rein et la vessie sont de nature eau.
La médecine chinoise peut-elle soigner l’insomnie ?
« La médecine chinoise considère que la majorité des maladies a différents types de causes. » Elle va donc analyser de quel type d’insomnie souffre la personne (difficulté à s’endormir, réveils multiples, réveils matinaux, cauchemars…), « rechercher sa ou ses causes, pour adapter la thérapie aux caractéristiques de l’insomnie, en tentant de soigner la cause profonde » poursuite l’expert. Elle utilise pour cela tout son arsenal thérapeutique : la phytothérapie, le massage, l’acupuncture.
Comment soigner les troubles de la circulation avec la médecine chinoise ?
Les troubles circulatoires sont l’une des spécialités de la médecine traditionnelle chinoise. Jambes lourdes, varice, phlébite, hémorroïdes… peuvent être améliorés par l’acupuncture et la phytothérapie. « L’utilisation des plantes chinoises et de l’acupuncture permettent de relancer la circulation et de traiter la stase du sang« . Elle permet aussi « de prévenir un accident vasculaire cérébral et de traiter les séquelles, comme les paralysies. La récupération des facultés perdues est possible, selon le degré de gravité, et à condition d’agir au plus vite, dès la première crise » précise l’expert. L’atout de cette médecine est de pouvoir prévenir les maladies héréditaires « si l’on a connaissance des risques« , alors il est possible « d’adopter des stratégies préventives avec la phytothérapie, la diététique pour faire en sorte que la pathologie n’arrive pas« . Philippe Sionneau préconise de « débuter le traitement préventif dès l’âge de la trentaine, pour éviter, par exemple, l’AVC par la suite« .
« Trouver un thérapeute compétent relève davantage du bouche à oreille »
A qui est destiné la médecine chinoise ?
La médecine chinoise s’adresse à « tout le monde. Elle est adaptée au bébé, à l’enfant en bas âge, à l’adulte, au vieillard« . Elle peut être utilisée « sur des maladies aigües, chroniques, en prévention pour améliorer, soulager la douleur, sans effets secondaires. Nous devrions la considérer, pour beaucoup de pathologies, comme médecine de première ligne. Son approche est plus naturelle, ses traitements sont plus respectueux de la physiologie humaine que la médecine occidentale » affirme le praticien.
Comment trouver un bon praticien de médecine chinoise ?
« La non-régulation de la médecine chinoise à cause du dogmatisme de notre société et la fermeture du monde médical rend difficile l’organisation de cette profession, souligne notre expert. Il existe de très bons praticiens et d’autres moins intéressants. Trouver un thérapeute compétent relève davantage du bouche à oreille.«
Quelles sont les contre-indications à la médecine chinoise ?
Il n’existe aucune contre-indication à la médecine chinoise. En revanche, « certains aliments et certaines plantes peuvent être contre-indiqués pour une personne dans le cadre de sa pathologie« , souligne l’expert. Toutefois « la médecine chinoise connait bien les contre-indications de ses remèdes« , d’où l’importance de s’adresser à un praticien aguerri pour en bénéficier.
Merci à Philippe Sionneau, praticien et enseignant en médecine chinoise.
Source : JDF Santé