Maladie iatrogène : définition, exemples, quelle réaction ?

Quelle est la définition d’une maladie iatrogène ?

Une maladie iatrogène est une « pathologie provoquée par les soins médicaux, quels qu’ils soient. En somme, si on n’avait pas fait les soins, il n’y aurait pas eu cette pathologie« , définit Patricia Lefébure, médecin généraliste et présidente de A2FM, Association fédérative pour la formation médicale continue. Contrairement aux effets iatrogènes, qui ont les mêmes causes mais disparaissent lorsqu’on met son traitement en pause, une maladie iatrogène apparaît à cause d’un médicament ou d’un acte médical, puis évolue par elle-même.

Quelle est la cause d’une maladie iatrogène ?

Une maladie iatrogène peut être causée par la prise d’un médicament, mais aussi par un geste technique, notamment une opération « qui tourne mal ». Tout acte qui modifie notre état peut en être à l’origine. Concernant les iatrogénies médicamenteuses, certaines sont inévitables, et mentionnées sur les notices des traitements. D’autres sont dues à une mauvaise prise d’un médicament, que ce soit le non-suivi de sa posologie, l’automédication, la surmédication ou encore l’interaction avec un aliment ou une autre molécule.

Quels sont les exemples de maladies iatrogéniques ?

Les effets et maladies iatrogènes varient en gravité. Ils peuvent aller des diarrhées causées par la prise d’antibiotiques, à des réactions allergiques comme une éruption cutanée, un œdème de Quincke ou plus rarement un choc anaphylactique. Certains médicaments peuvent aussi causer des addictions. Le Dr Lefébure cite l’exemple de certains anti-douleurs, comme le Tramadol. Dans des cas plus graves, les pilules contraceptives avaient été pointé du doigt en 2012, car « elles provoquaient beaucoup plus de thromboses –des caillots de sang dans les veines– et d’embolies pulmonaires« , rappelle notre interlocutrice. Ces risques sont aujourd’hui connus car « on en a heureusement parlé dans les grands médias« , et les médecins qui les prescrivent contrôlent régulièrement l’état de leurs patientes pour s’assurer qu’aucun effet néfaste ne soit développé. Dernièrement, il a été découvert que les pilules progestatives étaient probablement associées à un risque de tumeurs cérébrales, qui ne sont pas cancéreuses mais plutôt bénignes.

Parmi les exemples de maladies iatrogènes, il y a aussi les septicémies, des infections provoquées par la présence de bactéries dans le sang, et les hémorragies digestives. On peut aussi citer l’injection de produit de contraste iodé pour scanners et les médicaments contre l’arythmie du cœur, qui peuvent causer des problèmes de thyroïde. Des pneumopathies iatrogènes médicamenteuses peuvent aussi se développer à la suite d’un traitement.

Que faire et quelle prise en charge ?

La première étape est d’identifier la cause de la maladie. « Dès qu’il y a un symptôme qui n’est pas évident, les médecins doivent penser tout de suite à demander si le patient a pris un médicament, des vitamines« , témoigne le Dr Lefébure. Il est aussi important de « donner cette culture » aux patients, pour qu’ils puissent faire leur enquête eux-mêmes à la survenue de nouveaux symptômes, et découvrir un éventuel lien avec un médicament ou un acte médical.

La deuxième étape est d’arrêter le médicament en cause, si possible, et avec l’accord de son médecin. Dans le cas des médicaments anticancéreux, par exemple, le traitement n’est pas arrêté malgré ses effets iatrogènes. Puis il reste à traiter la maladie iatrogène en elle-même.

Comment faire le diagnostic d’une maladie iatrogénique ?

Tout part de l’interrogatoire du médecin traitant, qui va chercher l’origine de la maladie. Si un patient prenant des médicaments contre les arythmies cardiaques se plaint de fatigue, souffre de diarrhée et a perdu du poids depuis le début de son traitement, le médecin peut soupçonner le médicament et peut prescrire alors des examens pour prouver ce lien de cause à effet. C’est la marche à suivre pour toutes les maladies iatrogènes. Dans le cas où une iatrogénie médicamenteuse inédite est découverte, le médecin prévient un centre de pharmacovigilance, si besoin. La confirmation de celle-ci n’est pas toujours immédiate : « Il faut des études de grandes cohortes, cela ne se fait pas à l’échelle individuelle« , conclut le médecin généraliste. 

Merci à Patricia Lefébure, médecin généraliste et présidente de A2FM, Association fédérative pour la formation médicale continue.


Source : JDF Santé