Maladie de Cushing : c'est quoi, espérance de vie, ou syndrome ?

Définition : qu’est-ce que la maladie de Cushing ?

La maladie de Cushing correspond à une tumeur située au niveau de l’hypophyse (cerveau). Cette tumeur va entraîner une série de symptômes qui caractérisent ce que l’on appelle le Syndrome de Cushing. Le terme « syndrome » signifiant dans le jargon médical un ensemble de symptômes caractérisant un état pathologique. La maladie de Cushing est dans près de trois quarts des cas la seule responsable des symptômes du syndrome de Cushing mais il existe aussi d’autres causes donnant le même syndrome d’où le fait qu’on puisse parler de « maladie » et de « syndrome » mais il faut les différencier. La Haute Autorité de Santé a défini le syndrome de Cushing comme l’ensemble des manifestations cliniques induites par une exposition chronique à un excès endogène de glucocorticoïdesNon traité, il induit une surmortalité et une morbidité significative, notamment cardiovasculaire. Son diagnostic et son traitement restent délicats. 

Quelle est la cause de la maladie de Cushing ?

La maladie de Cushing correspond à une tumeur située au niveau de l’hypophyse (cerveau), qui sécrète en excès l’hormone ACTH (ou hormone adrénocorticotrope), qui agit directement sur la glande surrénale. Cette tumeur va entraîner un excès de fonctionnement de la corticosurrénale, zone de cette glande responsable de la sécrétion entre autres des glucocorticoïdes. « En outre, d’autres causes peuvent être à l’origine d’une sécrétion excessive de cortisol, principal glucocorticoide, précise le Pr Philippe Touraine. Il existe des tumeurs non hypophysaires sécrétant de grandes quantités d’ACTH (dans le poumon, le thymus, la peau…). Il existe aussi des tumeurs surrénaliennes qui produisent cet excès de cortisol : ce sont les adénomes ou les corticosurrénalomes surrénaliens. Ces hypothèses étiologiques ne doivent pas faire oublier que dans la majorité des cas, lorsqu’on observe un patient avec des signes d’imprégnation excessive de cortisol, c’est dû à la prise de glucocorticoides au long cours (médicament, ndlr), comme dans des maladies inflammatoires« . 

schéma syndrome de cushing
Schéma du syndrome de Cushing © 123rf/JournaldesFemmes

Quels sont les symptômes du syndrome de Cushing ?

Les symptômes spécifiques d’un syndrome de Cushing sont :

  • cutanés : fragilité cutanée, ecchymoses, vergetures
  • musculaires (amyotrophie proximale) ;
  • osseux (ostéoporose).

Peuvent aussi orienter le diagnostic vers un syndrome de Cushing :

  • un ralentissement de la croissance surtout s’il s’associe à une prise de poids, chez l’enfant.
  • un diabète de type 2 (syndrome métabolique / diabète déséquilibré sans cause évidente)
  • une hypertension artérielle
  • troubles du comportement.
  • ostéoporose sans cause évidente
  • tumeur surrénalienne d’origine corticale

À noter que dans la maladie de Cushing et le syndrome paranéoplasique, une mélanodermie, peau qui devient plus foncée, est possible. « Attention la mélanodermie est surtout un signe de paranéoplasique car les niveaux d’ACTH sont nettement supérieurs à ceux observés lors de la maladie de Cushing », nuance l’endocrinologue. 

Quand et qui consulter ?

En présence de symptômes évoquant la maladie de Cushing, il faut consulter son médecin traitant qui vous orientera vers un spécialiste, à savoir un endocrinologue. Pour confirmer le diagnostic, une prise de sang et/ou une analyse d’urines visant à confirmer l’hypersécrétion de cortisol va être réalisée. La cause de cette hypersécrétion sera ensuite recherchée afin d’adapter le traitement.   

Quel est le diagnostic ?

Le diagnostic est posé devant le tableau clinique couplé à la pratique d’examens complémentaires : 

  • dosage du taux de cortisol dans le sang et/ou la salive à plusieurs heures de la journée et notamment celui de minuit est un bon marqueur.
  • dosage du cortisol dans les urines, augmenté par rapport à la normale.
  • dosage du taux d’ACTH, qui permet l’orientation étiologique ; elle est augmentée dans le cas de la maladie de Cushing ou du syndrome paranéoplasique ; elle est diminuée dans les tumeurs de la surrénale.
  • des tests dits dynamiques sont également fréquemment pratiqués, après injection à des doses variables d’un produit appelé dexaméthasone.
  • en cas d’ACTH diminuée, une imagerie des surrénales sera pratiquée, notamment un scanner. 
  • en cas d’ACTH augmentée comme dans la maladie de Cushing, une IRM hypophysaire permettra l’étude de l’hypophyse.

Peut-on en guérir ?

« Les chances de guérison diffèrent en fonction de la localisation de l’adénome responsable de la maladie de Cushing, indique le spécialiste. Lorsqu’il est bien visible à l’IRM et qu’il ne s’étend pas dans une zone non accessible au chirurgien, les chances de guérison sont de 70 à 80%. Quand l’adénome hypophysaire est mal identifié à l’IRM, la chirurgie hypophysaire permet de guérir le patient dans moins de 70% des cas. En revanche, si l’adénome hypophysaire est très gros, la chirurgie permet de diminuer l’excès de cortisol mais pas de le supprimer ». 

Quels sont les traitements ?

Le traitement du syndrome de Cushing dépend de la cause de l’hypersécrétion de glucocorticoïdes. Habituellement, la tumeur en cause dans l’excès de sécrétion des glucocorticoïdes doit être enlevée chirurgicalement.

Quelles peuvent être les séquelles de la maladie de Cushing ?

La maladie de Cushing peut entraîner différentes séquelles : 

  • Ostéoporose du fait de la surimprégnation en glucocorticoïdes.
  • Troubles psychiatriques liés au sevrage en glucocorticoïde.
  • Insuffisance hypophysaire partielle ou complète post-chirurgie. 
  • Hypertension artérielle.
  • Diabète.
  • Troubles du cycle menstruel et augmentation du risque d’infertilité.
  • Augmentation du risque d’infections. 

Quelle est l’espérance de vie ?

Non traité, le syndrome de Cushing induit une surmortalité et une morbidité significative, notamment cardiovasculaire. « Si non traitée ou partiellement traitée, la maladie de Cushing peut favoriser les comorbidités (fractures vertébrales, risques cardiovasculaires, infectieux, psychiatriques) et ainsi menacer le pronostic vital, confirme le Pr Philippe Touraine, dans de rares cas, la maladie de Cushing peut être due à un corticosurrénalome dont le pronostic est souvent médiocre. Cependant, dans la grande majorité des cas, le syndrome de Cushing est lié à des lésions bénignes et peut être facilement guérie« .  

Merci au Professeur Philippe Touraine, Chef du Service d’endocrinologie et médecine de la reproduction, à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière.


Source : JDF Santé