Les médecins alertent : ce médicament vital pour 950 000 Français est en rupture dans les pharmacies

« Ça bousille des vies ».


Production à l’étranger, prix de vente des médicaments pas assez attractifs en France pour les laboratoires… Les ruptures de médicaments essentiels augmentent dans l’Hexagone. En 2023, près de 5000 médicaments étaient signalés en « rupture de stock » ou « tension d’approvisionnement » à l’Agence nationale des médicaments (ANSM), soit 30% de plus qu’en 2022, souligne Statista. Parmi les médicaments les plus à risque de manquer : les antibiotiques, les traitements du système respiratoire, cardiovasculaire et digestif. Mais un nouveau secteur de la santé est touché par les pénuries et les professionnels de santé sont très inquiets.

« Psychiatres, pharmaciens et infirmiers sont démunis » lance la pharmacienne Anne-Laure Debruyne, sur le site du Moniteur des pharmacies le 21 mai. En cause, la multiplication des pénuries de médicaments dans le domaine de la psychiatrie. Depuis le début de l’année 2025, 14 psychotropes essentiels pour la santé mentale sont en fortes tensions d’approvisionnements voire en rupture. Un en particulier dont la rupture « est la plus complexe à gérer » pour les pharmaciens. D’abord parce qu’ « il est très compliqué de trouver un traitement de substitution » explique la pharmacienne. Ensuite parce que sa composition est spécifique donc il est « impossible pour nous de lancer des productions de masse pour pallier la rupture ». 

Ce médicament c’est la venlafaxine, aussi vendue sous le nom d’Effexor®. Selon l’ANSM, les ruptures concernent surtout les dosages LP 37,5 mg, 75 mg et 50 mg en ville, La venlafaxine est un antidépresseur qui soigne la dépression, l’anxiété généralisée et les troubles paniques. D’après les chiffes que nous a communiqué l’Assurance maladie, près de 11 millions de boîte de venlafaxine ont été délivrées à 950 000 Français en 2024, soit environ 11 boîtes par patient donc 1 par mois. Les patients sous venlafaxine ne peuvent pas interrompre leur traitement brutalement, au risque sinon d’être exposés à de graves effets indésirables dus au syndrome de sevrage : vertiges, nausées, troubles du sommeil, irritabilité, anxiété accrue. « Je mets tout en œuvre pour trouver la molécule, poursuit Anne-Laure Debruyne (…) mais il ne faut pas se voiler la face, le plus souvent on ne trouve pas de venlafaxine, et les patients finissent malheureusement à l’hôpital. »

Pour préserver les stocks nationaux de venlafaxine, l’Agence du médicament a interdit son exportation et mis en place une distribution contingentée. Elle estime un retour à la normale en septembre 2025. Parmi les autres traitements psychiatriques indisponibles dans certaines pharmacies : la sertraline (Zoloft® et génériques), Teralithe LP 400mg (sels de lithium, contre les troubles bipolaires) et la quétiapine (contre la schizophrénie et la bipolarité). Pour les psychiatres, le gouvernement doit agir : « Quand il y a des pénuries de doliprane, le président de la République prend la parole. Quand les psychotropes manquent à l’appel, personne ne bouge » partage l’un d’eux sur Radio France. À un autre de rappeler que cette pénurie d’antidépresseurs « boussille des vies » : « Comme si les médicaments psy, c’était juste une béquille, pas indispensable pour vivre ! Mais non, cela permet à des gens de vivre ou de survivre. » 


Source : JDF Santé