Le cancer colorectal -qui peut toucher le côlon et le rectum- est le troisième cancer plus mortel chez la femme, le deuxième chez l’homme. Diagnostiqué à un stade précoce, il peut être guéri dans 9 cas sur 10. Ce diagnostic précoce est facilité par le programme national de dépistage du cancer colorectal proposé aux personnes de 50 à 74 ans mais aussi par le repérage de certains symptômes. A l’occasion de Mars bleu, mois dédié au dépistage du cancer colorectal, nous avons interrogé le Dr Hervé Gautier, oncologue et président du Comité 91 de la Ligue contre le cancer, pour faire le point sur ces symptômes évocateurs, chez la femme et l’homme.
Quels sont les symptômes du cancer colorectal ?
« Les symptômes du cancer colorectal sont au départ assez imprécis. Ils se précisent au fur et à mesure que la maladie avance » répond d’emblée le Dr Gautier. Ceux qui doivent attirer l’attention sont :
- des troubles du transit : constipation soudaine ou qui s’aggrave, diarrhée qui se prolonge ou alternance de diarrhée et de constipation
- des douleurs abdominales comme des coliques
- la présence de sang dans les selles (rouge ou noir)
« Ensuite il y a deux symptômes plus généraux comme la fatigue et la perte de poids qui peuvent survenir un peu après, poursuit le médecin. Il y a également progressivement une anémie (carence en fer) qui s’installe en lien avec les saignements dans les selles. Quand la maladie est plus importante, cela peut aller jusqu’à l’occlusion intestinale mais le cancer est déjà très évolué dans ce cas. »
« Quand le cancer est à droite, les symptômes sont moins précis »
Les symptômes du cancer colorectal sont-ils différents entre les femmes et les hommes ?
Les symptômes du cancer colorectal sont les mêmes chez la femme et chez l’homme « mais il peut y avoir des nuances modérées selon la localisation du cancer » précise le médecin. Le cancer colorectal touche le côlon et le rectum. Le côlon a plusieurs segments : le côlon gauche, le côlon droit, le côlon transverse. « Le cancer peut toucher l’une ou l’autre de ces parties. Généralement, il se répartit un peu plus à droite chez les femmes et à gauche chez l’homme. Quand le cancer est à droite, les symptômes sont moins précis. Quand il est à gauche et surtout quand il touche le rectum, s’il entraîne des saignements, ça se verra plus vite, même chose s’il y a des troubles du transit, ils se verront plus vite. »
Le cancer colorectal peut-il rester asymptomatique ?
Oui. « Pour qu’un cancer de ce type apparaisse, il faut 5 à 10 ans. Pendant longtemps, il n’y a donc pas de symptômes » prévient le Dr Gautier. La plupart des cancers colorectaux sont liés à la transformation maligne d’un polype présent dans le côlon or « un polype peut se cancériser avec un délai assez long » ajoute l’oncologue.
Quels sont les symptômes en cas de cancer colorectal métastasé ?
« Les métastases sont observées dans 40 à 60% des cas de cancer colorectal » rapporte la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) « et sont découvertes généralement lors des examens de surveillance à distance du traitement initial du cancer » poursuit le Dr Gautier. Il n’y a donc pas de symptômes facilement repérables au début de leur formation. « Les métastases surviennent rarement d’emblée, il faut que la maladie soit initialement étendue localement, poursuit notre interlocuteur. C’est surtout pour des maladies avec envahissement ganglionnaire que les métastases apparaissent, plutôt qu’au moment du diagnostic pour les patients qui vont se faire dépister. » Les métastases du cancer colorectal sont d’abord ganglionnaires puis se diffusent par voie sanguine au niveau du poumon et du foie. « C’est pour ça que des radios pulmonaires sont recommandées tous les ans aux patients traités pour un cancer colorectal et que l’on surveille aussi le foie par échographie abdominale avec des durées et des variations selon les protocoles. »
Y-a-t-il des facteurs facilitant le cancer colorectal ?
« Oui » répond notre interlocuteur qui évoque la présence « d’antécédents particuliers » devant augmenter la vigilance et inciter au dépistage. « Il y a les antécédents personnels de polypes, les antécédents familiaux s’il y a par exemple un cancer colorectal avant 60 ans chez un parent du premier degré ou un cancer chez deux parents du premier degré, il faut être vigilant et surveiller plus intensivement la personne. On sait aussi que chez les femmes, il y a plus de cancer du côlon que de cancer du rectum alors que c’est l’inverse chez l’homme. Enfin, il y a des maladies particulières dont certaines héréditaires à risque élevé de cancer qui sont les maladies inflammatoires du côlon comme la maladie de Crohn ou la rectocolite ou une maladie génétique, la polypose familiale« explique le Dr Gautier. Le manque d’activité physique et de consommation de fibres jouent aussi un rôle.
Merci au Dr Hervé Gautier, oncologue et Président du Comité 91 de la Ligue contre le cancer.
Source : JDF Santé