
Derrière une simple distraction ou un oubli passager peut se cacher une réalité plus sérieuse : votre cerveau est à bout. Trop d’informations à traiter, trop d’injonctions, pas assez de répit. « Les premiers signes de surcharge mentale sont souvent cognitifs, mais ils passent facilement inaperçus », prévient le Dr Nicolas Neveux, psychiatre à Paris, auteur du site e-psychiatrie.fr et du livre « L’hypersensibilité chez l’adulte » (ed. Mardaga). Apprendre à les repérer permet de prévenir l’épuisement mental… et de reprendre la main avant qu’il ne soit trop tard.
1. Votre concentration vous lâche : Vous relisez trois fois la même phrase sans la comprendre ? Vous passez d’un mail à l’autre sans en finir un seul ? Ces difficultés de concentration peuvent sembler anodines. Elles ne le sont pas. « On observe des sauts d’attention, une démotivation importante et une réelle difficulté à rester sur une tâche ou à aller au bout de ce qu’on commence », explique le Dr Neveux. Le cerveau, saturé, ne parvient plus à hiérarchiser les priorités. « On se réfugie alors dans les tâches qui vont permettre de soulager une partie de la charge le plus vite possible, même si elles ne sont pas urgentes. » L’illusion d’efficacité masque une lente perte de contrôle.
2. Vos émotions débordent sans prévenir : Le moindre contretemps vous irrite ? Vous vous surprenez à pleurer pour un rien ? La surcharge mentale ne touche pas que les pensées, elle atteint aussi les émotions. « Dès qu’un comportement commence à nuire à nos relations personnelles ou professionnelles, il faut s’alarmer », insiste le psychiatre. À force d’encaisser, le corps et l’esprit craquent. Ce n’est plus une simple fatigue : c’est une alerte émotionnelle.
3. Votre corps encaisse… et finit par parler : Insomnies, tensions dans la nuque, douleurs dorsales, boule au ventre ou dans la gorge : autant de manifestations physiques d’un stress mal géré. « Le corps active un mode de protection hérité de nos ancêtres : muscles tendus, vigilance accrue, réaction de fuite ou de combat », détaille le Dr Neveux. Mais quand cette alerte se prolonge, elle épuise l’organisme. Ce qui était une réponse ponctuelle devient un état d’alerte permanent.
« Dès qu’on sent qu’on ne maîtrise plus la situation et que cela perturbe le quotidien, il faut consulter », conseille le Dr Neveux. Le bon réflexe : en parler à son médecin généraliste ou à un psychiatre, seuls habilités à évaluer l’ampleur du problème et poser un diagnostic. Si une pathologie est détectée (burn-out, dépression), un traitement adapté sera proposé. Dans tous les cas, « il faut comprendre pourquoi la charge mentale est devenue ingérable. Les thérapies interpersonnelles (TIP) ou cognitivo-comportementales (TCC) sont particulièrement efficaces pour apprendre à poser des limites, à réguler les injonctions et à alléger ce poids invisible », conclut le Dr Neveux.
Source : JDF Santé