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Légionellose : cause, contagion, c'est quoi ?

La légionellose est une infection bactérienne grave qui touche les poumons.


Près de 2000 cas de légionellose sont recensés chaque année en France. 10% des malades en décèdent. « Cette pneumonie assez rare est considérée comme potentiellement grave et conduit souvent en réanimation », souligne le Dr Pierre Abgueguen, chef du service des maladies infectieuses et tropicales et médecine interne au CHU d’Angers. Elle est provoquée par une bactérie présente dans l’eau tiède ou chaude et dans la climatisation. Les adultes présentant des facteurs de risque (âge avancé, tabagisme, maladies respiratoires chroniques, diabète, maladies immunitaires, traitements immunosuppresseurs) sont davantage touchés.

Définition : c’est quoi la légionellose ?

La légionellose est une maladie pulmonaire grave provoquée par la bactérie Legionella pneumophila. Elle a été découverte en 1976 chez 182 participants du 58e congrès de la Légion Américaine à Philadelphie, dont 29 sont décédés. Voilà pourquoi la légionellose est aussi appelée « maladie du légionnaire ». La bactérie s’était propagée par le système de climatisation de leur hôtel. C’est une maladie à déclaration obligatoire qui nécessite une prise en charge rapide et adaptée.

Causes : comment attrape-t-on la légionellose ?

La bactérie Legionella pneumophila est présente dans le milieu naturel et peut proliférer dans les sites hydriques artificiels, lorsque les conditions de son développement sont réunies, particulièrement entre 25 et 45°C. La Legionella se développe particulièrement :

  • dans l’eau de condensation des systèmes de climatisation,
  • dans les lacs, rivières, boues
  • dans les réseaux de distribution d’eau (les canalisations d’eau chaude…)
  • dans l’eau chaude, entre 25°C et 45°C, et dans les eaux stagnantes, notamment dans les piscines, les bains à remous, jacuzzi ou à l’occasion des douches. 
  • en présence de tartre, de corrosion des canalisations (fer et zinc) et de micro-organismes contenus dans le biofilm.

La contamination se fait par l’inhalation, que ce soit l’air respiré dans une salle climatisée contaminée ou les gouttelettes de vapeur lors d’une douche chaude, d’un spa, d’un bains à remous… En revanche, la bactérie ne se transmet pas d’homme à homme. Une personne qui a la légionellose n’est donc pas contagieuse pour son entourage. Il n’a pas besoin de s’isoler.

Peut-on attraper la légionellose par la climatisation ?

S’ils sont mal ou insuffisamment entretenu, les systèmes de climatisation et de distribution d’eau constituent un risque de légionellose. En effet, l’eau stagnante et chaude (entre 25 et 45°C) favorise la prolifération de la bactérie Legionella. 

Quelle température pour tuer la Legionella ?

La Legionella est une bactérie qui cesse de se multiplier en-dessous de 20°C et au-dessus de 45°C environ. Elles peuvent être détruites en quelques heures à 55°C, en quelques minutes à 60°C et instantanément à 70°C.

Quelle est la durée de l’incubation de la Legionella ?

La période d’incubation se situe en général entre 2 et 10 jours.

Quels sont les symptômes de la légionellose ?

Au début : 

  • céphalées (maux de tête)
  • douleurs musculaires et abdominales
  • diarrhée,
  • toux sèche.
  • fatigue générale (état de malaise)
  • forte fièvre (jusque 41°C). 

En quelques jours, la fièvre s’intensifie, les douleurs musculaires s’exacerbent tandis qu’apparaissent les premiers symptômes respiratoires comme ceux d’une pneumonie :

  • Une difficulté à respirer.
  • Une toux avec peu d’expectoration.

En l’absence de traitement, la maladie peut vite dégénérer, les symptômes s’aggravant très vite, jusqu’à causer la mort du malade, surtout chez les sujets à risque.

Comment pose-t-on le diagnostic de la légionellose ?

Le médecin commence tout d’abord par un interrogatoire et une auscultation du malade qui vont lui suggérer une pneumopathie. Pour confirmer ce diagnostic, il pratique différents examens :

  • Une analyse d’expectoration ou du liquide recueilli par endoscopie bronchique. 
  • Une antigènurie : recherche de l’antigène spécifique de la Legionella dans les urines. « Attention, l’antigènurie ne marche que dans les infections à Legionella pneumophila du sérogroupe 1 (le plus fréquent) », nuance notre interlocuteur. 
  • Une radiographie pulmonaire (qui révèle un foyer infectieux qui apparaît sous forme de tache blanche).

Quel traitement en cas de légionellose ?

« Vu la gravité potentielle de l’infection, un traitement antibiotique est indispensable et le plus précocement possible, tout retard au traitement pouvant être préjudiciable au patient« , remarque le Dr Abgueguen. Si ce délai diagnostique est court, un traitement par antibiotique ou antibiothérapie, est préconisé par voie intraveineuse, ce qui assure généralement une guérison assez rapide. Même si les symptômes ont disparu et que le malade assure aller mieux, il est primordial de mener le traitement à son terme. Si le délai est plus long, certaines fonctions vitales peuvent être en danger, nécessitant parfois une assistance respiratoire pour le malade.

Prévention : comment se protéger de la légionellose ?

  • Faire couler l’eau froide et l’eau chaude au moins 1 fois par semaine au niveau des points d’eau qui sont peu utilisés (évier, lavabos, douche, etc.) ;
  • Faire couler l’eau froide et l’eau chaude après chaque période d’absence prolongée, pour tous les points d’eau avant de les réutiliser (notamment la douche) ;
  • Surveiller la température de l’eau chaude au domicile : elle doit être très chaude mais pas « bouillante » (au moins 50°C et au plus 60°C au niveau de l’évier de la cuisine) ;
  • Procéder régulièrement au détartrage et à la désinfection des embouts de robinetterie (brise-jets, pommeaux de douches, etc.) ;
  • Utiliser de l’eau stérile pour les appareils biomédicaux (nettoyage et remplissage des appareils d’oxygénothérapie ou de lutte contre l’apnée du sommeil).
  • Entretenir régulièrement et/ou désinfecter les installations de climatisation, les installations de distribution d’eau potable, les tours aéroréfrigérantes

Merci au Dr Pierre Abgueguen, chef du service des maladies infectieuses et tropicales et médecine interne au CHU d’Angers.


Source : JDF Santé