
L’annonce d’un cancer est toujours un choc, pour le patient comme pour la personne qui l’accompagne. Dans le cadre du « Plan Cancer » mis en place par le corps médical, le proche présent lors de l’annonce n’est pas un simple spectateur, c’est un soutien essentiel. Pourtant, face à la brutalité de ce moment, il n’est pas toujours simple de savoir quoi dire.
L’annonce entraîne la plupart du temps une sidération. Ce phénomène, décrit par le Dr Géraldine Lauridant, oncologue médicale, place l’individu « dans le brouillard », altérant sa capacité à enregistrer ce que dit le médecin. « On dit qu’au moment de l’annonce, 15 à 20 % des informations sont retenues » précise la psychologue Blandine Chemin-Sauque. Voilà pourquoi, « il est important qu’il y ait quelqu’un d’autre qui soit là, pour intégrer un certain nombre d’informations ». Le proche peut être plus à même d’entendre ce qui est annoncé, car après une série d’examens, il a pu « commencer à mentaliser l’événement » et s’attendre « à une mauvaise nouvelle ». Cet aidant sert alors de mémoire et peut restituer plus tard les éléments que le patient n’a pas pu retenir.
Pour soutenir un proche lors de l’annonce, la clé se trouve dans une présence active et non intrusive. L’important est de « laisser le temps à la personne de digérer » sans la presser. Le Dr Lauridant met en garde contre l’usage du « ça va aller ». Souvent, « c’est comme si l’accompagnant voulait s’autorassurer », alors que le malade a pleinement conscience de la situation. Une formulation plus juste serait : « On va se battre ensemble ». Privilégiez surtout le fait de signifier votre présence, comme l’explique Blandine Chemin-Sauque, en disant simplement cette phrase : « Tu n’es pas seul(e), je suis là » que vous pouvez éventuellement ponctuer de « On est dans cette épreuve tous les deux ». Enfin, vous pouvez demander à votre proche ce qu’il a besoin d’entendre : « Est-ce que tu as envie qu’on en reparle maintenant ? », « Est-ce que pour toi c’est mieux d’en parler dans le quotidien ou non ? ».
Au-delà des mots, un vrai soutien se trouve dans le « pratico-pratique », après l’annonce, quand la vie avec le traitement démarre. Aller chercher les enfants à l’école ou gérer un drive sont des « choses très basiques » qui libèrent une « disponibilité psychique pour affronter la maladie », souligne la psychologue. Attention néanmoins à éviter la surprotection. « Parfois, les aidants veulent bien faire en faisant tout à la place du malade », mais il est crucial de « respecter l’autonomie », insiste l’oncologue. Pour bien se positionner en tant qu’aidant, l’important est de « rester souple et de s’adapter ».
Merci à Blandine Chemin-Sauque, psychologue et thérapeute, co-autrice avec Eloïse Maillot-Nespo de « Quand on devient aidant familial » (éd. Albin Michel). Et merci au Dr Géraldine Lauridant, oncologue médicale du Centre de cancérologie Les Dentellières.
Source : JDF Santé