Il faut absolument remettre l’église au milieu du village. « Le « non » est souvent diabolisé, estampillé négatif alors c’est quelque chose de très naturel. C’est ce qui permet à l’origine de se différencier de l’autre« , explique d’emblée Barbara Vionnet, psychologue clinicienne. « D’ailleurs, si les enfants commencent à l’utiliser, à partir de deux ans, c’est bien qu’il s’agit d’une réponse spontanée, assurée sans aucune malice, simplement pour affirmer un désir ou un besoin« , poursuit-elle. « Quand je dis « non », c’est pour affirmer MES désirs et MES envies« . Et pourtant, aussi simple et naturel que cela puisse paraître lorsque Barbara Vionnet l’explique, cela peut s’avérer très compliqué de le dire pour certains. « Cela peut même relever de l’impossible« , décrit la psychologue.
« Ne pas savoir dire NON c’est ne pas savoir poser ses limites »
Pourquoi ? « Ce qui revient souvent, c’est la peur du rejet. Comment le non va être perçu par l’autre ? » décortique la professionnelle, qui y voit aussi le symptôme d’un manque de confiance en soi et d’estime de soi. « C’est avoir peur de s’affirmer. Sauf qu’en réalité, ne pas savoir dire non, c’est ne pas savoir se positionner, ne pas savoir poser ses limites« . Dans certaines situations, cela peut être très handicapant. « À cause de cette incapacité à dire « non », certains de mes patients se retrouvent embarqués dans des situations – sociales, amoureuses, souvent au travail aussi – qui ne leur conviennent pas. »
« Je ne vais pas faire quelque chose de mal »
Mais alors, en pratique, comment on fait pour savoir dire non ? « Il n’y a malheureusement pas de solution miracle« , poursuit la professionnelle.
► Si la peur est légère, « se poser et revenir au sens premier du « non » devrait suffire. Se rassurer, déculpabiliser, en se disant : je ne vais pas faire quelque chose de mal, je vais simplement dire « non » parce que je n’ai pas envie de… »
► Relativiser : « Ce ne sera absolument pas une agression pour l’autre, dire « non », c’est pas quelque chose de méchant. » Aussi gardez en tête que vous dites non à une proposition et non pas à une personne.
►Si la peur est plus envahissante « il faudra envisager de se faire aider« , complète Barbara Vionnet, pour qui cette incapacité à dire « non » trouve son origine dans l’enfance. « Souvent, il faut revenir sur la gestion du « non » dans la petite enfance pour comprendre cette peur. Est-ce qu’il a été entendu et respecté ? Ou bafoué et puni ?« . La réponse, à l’âge adulte.
Source : JDF Santé