Infection nosocomiale : définition, comment se protéger ?

Selon les chiffres publiés en mai 2023 par Santé Publique France, en France, un patient hospitalisé sur 18 présente au moins une infection nosocomiale soit 5,7% des patients. Cette prévalence des patients infectés a augmenté de près de 15% entre 2017 et 2022, à cause des infections à SARS-CoV-2 (COVID-19) transmises dans les établissements de santé. Les quatre principales localisations d’infections nosocomiales sont : les infections urinaires, les pneumonies, les infections du site opératoire et les bactériémies. Et les quatre principaux micro-organismes responsables de ces infections sont : Escherichia coliStaphylococcus aureusEnterococcus faecalis, Pseudomonas aeruginosa.

Définition : qu’est-ce qu’une infection nosocomiale ?

Les infections nosocomiales sont des infections contractées lors d’un séjour dans un établissement de santé (hôpital, clinique…), et qui n’étaient ni présentes, ni en incubation au début de la prise en charge médicale. « Il ne s’agit pas d’une définition médicale, mais d’une définition juridique, explique le Dr Jean Tafazzoli, médecin généraliste, quasiment toutes les maladies infectieuses peuvent être nosocomiales si elles ont été contractées dans un établissement de santé. Il y a donc autant de symptômes, de diagnostics et de traitements que de maladies nosocomiales différentes ».

Prévention : comment éviter l’infection nosocomiale ?

Une partie des infections nosocomiales peuvent évitées par des mesures simples. Comme l’explique le Dr Tafazzoli, Il y a plusieurs messages à faire passer pour limiter ces infections nosocomiales :

  • Il y a aujourd’hui trop d’affluence dans les services d’urgences : « il faut absolument arrêter d’aller aux urgences pour une entorse, un renouvellement d’ordonnance ou une gastro-entérite. » insiste le médecin.
  • Il faut également limiter les visiteurs dans les chambres : « on voit parfois des patients visités par 5 personnes en même temps, c’est tout à fait déconseillé ».
  • Attention à l’abus et au mauvais suivi des traitement antibiotiques qui rendent les bactéries de plus en plus résistantes. « Les traitements antibiotiques ne doivent être pris qu’en cas d’infection bactérienne, rappelle le médecin. Par ailleurs, un traitement antibiotique ne doit jamais être interrompu prématurément au risque de créer des résistances. »

Quelles sont les causes des infections nosocomiales ?

Elles sont dues à la présence de germes ou bactéries dans l’établissement, et sont transmises de diverses façons : défenses immunitaires fragilisées, propagation par contact cutané ou transmission croisée entre malades ou via le personnel, contamination de l’environnement hospitalier (eau, air, matériel, aliments)… Parmi les raisons qui favorisent le développement de ces infections, plusieurs choses sont à prendre en compte :

• L’hôpital, tout comme notre domicile ou tout autre endroit, possède sa vie bactériologique propre. Si les règles d’hygiènes de base (gants, masques, désinfections du matériel, des surfaces …) permettent de créer une barrière aux infections, elles ne sont pas toujours suffisantes. « Or, lorsqu’un patient se rend dans un hôpital, c’est souvent qu’il est lui-même malade, donc plus fragile qu’en temps normal, avec une immunité probablement affaiblie. Il est mis en contact avec une flore bactérienne différente de la sienne à laquelle il est donc plus sensible, explique le médecin. Statistiquement, il y a plus de chance d’attraper quelque chose à l’hôpital lorsque l’on est malade que chez soi lorsqu’on est en bonne santé.« 

Les bactéries que l’on trouve à l’hôpital sont en général plus résistantes que celles que nous avons à notre domicile.

• « A l’hôpital, les patients sont généralement sous traitement (chimiothérapie, antibiothérapie, hormonothérapie …). Ces traitements ont tendance à déséquilibrer profondément le microbiote intestinal du patient, ce qui le rend plus vulnérable à une bactérie étrangère possiblement agressive. Il se peut aussi que cette bactérie ait été déjà présente dans le microbiote du patient avant son ‘hospitalisation mais ne s’exprimait pas, ajoute le Dr Tafazzoli. Le problème c’est qu’on ne saura jamais si la bactérie a été attrapée à l’hôpital ou avant, mais légalement, l’infection sera classée maladie nosocomiale.« 

• Avec l’augmentation de l’espérance de vie, il y a de plus en plus de personnes très âgées qui sont porteuses saines de très nombreuses bactéries résistantes avec lesquelles elles ont été en contact durant leur vie. « Lors d’hospitalisation, ces personnes sont susceptibles de transmettre une de ces bactéries à une personne plus jeune, qui ne sera pas immunisée contre elles. »

Comment se transmet une infection nosocomiale ?

La propagation des infections bactériennes peut se faire par contact cutané, aéroportée, par gouttelettes (postillons), transmission orofécale (aux toilettes), transmission croisée entre malades ou via le personnel, ou encore par contamination de l’environnement hospitalier (eau, air, matériel, aliments)…

Quels sont les symptômes d’une infection nosocomiale ?

« L’infection nosocomiale n’est pas une maladie, mais c’est une infection bactérienne ou virale parmi tant d’autres, rappelle le Dr Tafazzoli. Il y a par conséquent autant de symptômes que d’infections nosocomiales possibles. » Parmi les infections redoutées, il y a les bacilles multi-résistants, dont par exemple le Clostridium difficile, responsable de diarrhées inflammatoires qui durent plus de 10 jours avec fièvre. « Cette bactérie est compliquée à traiter, elle est résistante et peut créer des lésions importantes dans l’intestin. Elle peut même être létale ». Les infections contractées le plus fréquemment par les patients sont souvent des infections urinaires « souvent chez les personnes âgées, à l’hygiène difficilement contrôlable et poly-médiquée ». Viennent ensuite les septicémies et les infections de plaies chirurgicales.

Délai d’apparition d’une infection nosocomiale

Une infection identifiée est considérée comme nosocomiale si elle apparaît au moins 48 heures après l’entrée dans l’établissement. Ce délai est étendu à 30 jours lorsque l’infection a lieu à l’endroit où une opération chirurgicale a été réalisée, et est porté à 1 an en cas de
pose de matériel étranger : prothèse, valve cardiaque, stimulateur cardiaque…

    Merci au Dr Jean Tafazzoli, médecin généraliste à Lyon, président chez MaQuestionMédicale.fr.


    Source : JDF Santé