Qu’est-ce qu’une infection cutanée ?
Les infections cutanées sont impossibles à généraliser tant il en existe. « Nous retrouvons l’infection bactérienne, dont la plus connue est l’impétigo ou le furoncle ou l’infection virale, donc la plus fréquente est l’herpès« , explique le Dr Roland Viraben, dermatologue et vénérologue. « Lorsqu’elle est d’origine virale, il peut s’agir d’une infection récidivante, à l’instar de l’herpès : l’agent pathogène reste dans le filet nerveux de la peau lors de la primo-infection. L’infection cutanée peut aussi être causée par un parasite, provoquant la gale par exemple », illustre le médecin. « Les mycoses cutanées sont quant à elles provoquées par des champignons. Autrefois, les infections cutanées d’origine bactérienne étaient les plus répandues. Aujourd’hui, nous sommes capables de casser les chaînes infectieuses grâce aux antibiotiques, dont il ne faut pas abuser, met en garde le Dr Viraben. Actuellement, les infections cutanées les plus fréquentes sont les infections fongiques ».
Quelles sont les causes d’une infection cutanée ?
« La peau n’est pas un milieu stérile, car nous avons des germes normaux au niveau cutané. Mais lorsque la peau présente des signes inflammatoires, les bactéries, notamment le staphylocoque doré, se développent et profitent d’une lésion pour infecter la peau. Par ailleurs, nous vivons dans une société hyper hygiéniste. Par exemple, lors de l’épidémie de Covid, nous avons créé une sécheresse cutanée extraordinaire : or, l’alcool détruit les bonnes et les mauvaises bactéries de la peau et par conséquent, nous retirons un moyen de défense naturelle de la peau, ce qui la rend plus fragile et sujette aux infections« , détaille le Docteur Viraben. Concernant les infections fongiques, il existe deux façons de contracter un champignon.
► « Il est contagieux de l’homme vers l’homme : l’infection se transmet dans des conditions particulières de chaleur et d’humidité, souvent au niveau de l’inter-orteil. Lors du séchage avec une serviette, l’infection peut remonter et s’étendre à d’autres zones que le pied ».
► « Le second type d’infection s’établit entre l’animal (chien, chat) et l’homme. Ce dernier contracte le champignon au niveau de la main, du bras ou du cou,au contact de l’animal, puis l’infection se propage. Une fois l’homme infecté par le champignon, il ne se transmet plus à un autre individu » complète le dermatologue.
Quels sont les symptômes d’une infection cutanée ?
Les symptômes d’une infection cutanée sont très variés. Selon le type d’infection et sa cause, elle se manifeste de différentes manières. « Par exemple, l’infection par le staphylocoque se présente un peu comme du miel (forme mélicérique) ou par des bulles chez l’enfant et plutôt comme des croûtes chez l’adulte infecté. Le staphylocoque doré peut infecter le follicule pilo-sébacé. Si nous agressons un bouton d’acné par pression par exemple, le staphylocoque va se développer pour former un nodule douloureux au sommet du bouton et former un opercule au niveau du follicule. Aussi, le modèle d’infection par le staphylocoque doré le plus simple est le furoncle« , précise le Dr Viraben. « L’infection mycosique se manifeste par des démangeaisons, des fissures et une desquamation de la peau : la peau entre les orteils pèle. Lorsque la mycose se déplace, elle peut infecter les plis, comme le pli inguinal, et forme des cercles autour de l’infection : ce sont des dermatoses érythémato-squameuses. Lorsqu’elle est d’origine animale, il existe une bordure marquant l’extension périphérique du champignon », indique le dermatologue.
Qui consulter pour une infection cutanée ?
Selon le Dr Viraben, « le médecin généraliste est le pivot du système de soin. Ce professionnel connaît très bien les antibiotiques ou les autres médicaments à prescrire en cas d’infection cutanée. Le dermatologue intervient en recours, en cas de complications par exemple. Dans tous les cas d’infection de peau, l’avis du médecin généraliste est requis. Par ailleurs, en ce moment a lieu une pénurie de consultations avec les dermatologues. Et c’est en consultant son médecin traitant que la consommation du système de soin sera meilleure » confesse le médecin.
Comment traiter une infection cutanée ?
Il existe autant de traitements que de symptômes lors d’une infection cutanée. « En cas d’infection bactérienne comme le furoncle, nous préconisons une antibiothérapie générale. Toutefois, nous devenons économes sur la prescription d’antibiotiques, car nous créons de nouvelles souches résistantes aux antibiotiques. En matière d’études pharmacologiques, la recherche scientifique sur les antibiotiques n’est pas très active. Par exemple, nous évitons les antibiotiques utilisés pour soigner la tuberculose, car nous gardons cet antibiotique pour cette infection grave. Nous devons constituer une épargne d’antibiotiques et la tendance actuelle est aussi de raccourcir les délais de l’antibiothérapie« , confesse le Docteur Viraben. « Nous utilisons souvent la pénicilline, un traitement très répandu et efficace, surtout sur le streptocoque. La pénicilline peut être raisonnablement proposée pour une antibiothérapie de première intention. L’impétigo se soigne aisément avec une pommade antibiotique à appliquer localement. Quant aux mycoses cutanées, la plupart du temps, il s’agit de traitements locaux, comme une crème ou une pommade antifongique, à prolonger pendant environ 3 semaines ».
Quels sont les risques de complications d’une infection cutanée ?
Les infections bactériennes, comme l’impétigo, la folliculite ou le furoncle ne posent pas de problèmes dans l’immense majorité des cas, d’après le dermatologue. « Elles peuvent poser problème au niveau de la face si le sujet est dans un mauvais contexte général (consommation de drogues, alcoolisme, etc.). Aujourd’hui, les complications d’une infection cutanée sont rares. Elles se présentent sous forme d’ulcérations générales et étendues. Certaines localisations sont plus à risque de complications. Par exemple, le furoncle de la face peut entraîner une infection des sinus veineux cérébraux avec un risque de contamination du système neuro-méningé. Ces complications sont exceptionnelles, mais aussi connues des médecins. Mais sachez qu’un dermatologue ne voit que très peu de ces cas dans sa vie d’exercice, car ce sont des exceptions. Concernant les infections mycosiques, il n’existe pas réellement de complications, sauf une généralisation si le patient présente un mauvais terrain, altéré par des agents toxiques ou en cas de traitement immunosuppresseur« , indique le Dr Viraben.
Merci au Docteur Roland Viraben, dermatologue et vénérologue, membre du Syndicat national des dermatologues-vénérologues.
Source : Syndicat national des dermatologues-vénérologues
Source : JDF Santé