Immunothérapie : quels effets sur le cancer du poumon ?

[Mise à jour le 6 mars 2023 à 11h02] Soigné pour un cancer du poumon diagnostiqué en janvier 2022, le chanteur Florent Pagny est de retour en France après une reprise de sa maladie, comme il l’a annoncé dans l’émission Sept à Huit diffusée sur TF1 le 5 mars 2023. Il doit reprendre son traitement d’immunothérapie, interrompu il y a 5 mois parce qu’il avait décidé de repartir prendre des forces en Patagonie. En quoi consiste l’immunothérapie ? Comment ça fonctionne sur le cancer ? Du poumon ? Combien de temps ?

Qu’est ce que l’immunothérapie ?

L’immunothérapie est une approche thérapeutique qui agit sur le système immunitaire d’un patient pour lutter contre sa maladie. Elle ne s’attaque pas directement à la tumeur (comme la chimiothérapie ou les thérapies ciblées, ndlr). « Cette thérapeutique a pour principe de stimuler les défenses naturelles de l’organisme, c’est-à-dire son système immunitaire, afin que le corps se défende contre les cellules tumorales, explique Sophie Negellen, conseillère médicament et responsable du département médicament à l’Institut National du Cancer. Les cellules immunitaires (lymphocytes T) présentes dans le sang, sont capables de différencier les cellules normales de celles malades et de s’attaquer exclusivement à celles cancéreuses« .

Comment fonctionne l’immunothérapie contre le cancer ?

Deux grands modes d’action sont distingués :

► Une immunothérapie qui va permettre de réactiver le système immunitaire du patient. « Le système immunitaire est rendu inefficace par les cellules cancéreuses. Les médicaments utilisés sont des anticorps monoclonaux, dits « inhibiteurs de points de contrôle », produits en laboratoire. Ils vont déverrouiller le système immunitaire du patient, qui va alors pouvoir s’attaquer aux cellules cancéreuses« , précise Sophie Negellen.

► Une immunothérapie appelée cellules CAR-T, qui consiste à modifier directement certaines cellules du système immunitaire du patient, pour leur donner la capacité de reconnaître et attaquer les cellules cancéreuses.

Pour quels cancers ?

Les traitements d’immunothérapie peuvent être utilisés dans une dizaine de cancers dont :

  • le cancer du poumon,
  • le cancer du rein,
  • les mélanomes de la peau,
  • les formes de cancer du sein,
  • le cancer de la vessie
  • leucémies,
  • lymphomes,
  • myélome (forme de cancer de la moelle osseuse)

Comment se passe une immunothérapie ?

Le déroulement du traitement diffère selon le type d’immunothérapie utilisée.

Le traitement avec les anticorps monoclonaux dits « inhibiteurs de points de contrôle ».

Le traitement est administré à l’hôpital par perfusion, par voie intraveineuse principalement. Le protocole dépend de la molécule injectée et du type de cancer, par exemple :

  • L’ipilimumab (Anti-CTLA-4) est administré par voie intraveineuse durant 90 minutes, suivi d’une période de repos de 3 semaines. Le traitement complet comprend 4 injections.
  • Le pembrolizumab  (Anti-PD-1) est administré par voie intraveineuse durant 30 minutes. L’injection se fait toutes les 3 à 6 semaines, tant que l’efficacité du traitement est observée avec une tolérance acceptable.
  • Le nivolumab (Anti-PD-1) est également administré par voie intraveineuse durant 60 minutes, toutes les 2 à 4 semaines, tant que l’efficacité du traitement est observée avec une tolérance acceptable

Le traitement avec les CAR-T

Ces médicaments sont produits à partir de cellules immunitaires du patient, ses lymphocytes T. « Ce sont donc des médicaments faits sur mesure, pour chaque patient. Dans un premier temps, les lymphocytes T lui sont prélevés. Ils sont ensuite modifiés en laboratoire, ce qui prend en général plusieurs semaines. Les lymphocytes T modifiés lui sont ensuite administrés« , développe Sophie Negellen. Une seule administration, par voie intraveineuse, de CAR-T est nécessaire. Elle se déroule à l’hôpital. Le patient reçoit au préalable une autre chimiothérapie qui renforce l’effet attendu du traitement.

Combien de temps dure l’immunothérapie ?

Les traitements sont administrés par voie intraveineuse (dans la veine). L’injection se fait à l’hôpital et peut durer 30 à 90 minutes selon le médicament. S’en suit une période de repos de 2 à 3 semaines avant de recommencer. Il est répété en fonction de son efficacité.

Résultats

Les traitements s’adressent à des pathologies très différentes les unes des autres. Un même traitement sera très efficace chez un certain nombre de patients alors qu’il sera inefficace chez d’autres.

Effets secondaires

L’immunothérapie bloque les défenses naturelles de l’organisme qui préviennent la suractivation du système immunitaire mais peut également toucher les tissus sains et provoquer des troubles auto-immuns. Les effets secondaires causés par les inhibiteurs de points de contrôle peuvent toucher tous les organes et tissus mais plus souvent la peau, le côlon, les poumons, le foie et les organes endocriniens (comme l’hypophyse ou la thyroïde). Ces effets secondaires apparaissent généralement quelques semaines ou mois après le début du traitement. Ils peuvent cependant survenir à tout moment au cours du traitement, quelques jours seulement après la première perfusion, ou parfois une année après la fin du traitement. Parmi les effets secondaires de l’immunothérapie, variables selon les patients :

  • Une fatigue importante
  • Des toxicités cutanées, cardiaques, respiratoires ou hématologiques,
  • Des douleurs musculaires
  • Des nausées et des vomissements
  • Une diarrhée ou une constipation
  • D’importants maux de tête

Selon les observations de médecins rapportés au Congrès de l’ESMO :

Les symptômes cutanés (rougeurs et démangeaisons par exemple) sont les effets secondaires les plus fréquents liés aux anti-CTLA-4 et aux anti-PD-1/PD-L1.

Les symptômes gastro-intestinaux (comme la diarrhée) apparaissent plus fréquemment avec les anti-CTLA-4.

Les symptômes pulmonaires et les troubles de la thyroïde apparaissent plus fréquemment avec les anti-PD-1/PD-L1.

Les patients de doivent pas hésiter à interroger leur équipe médicale sur les éventuels effets secondaires de leur traitement. Elle pourra les accompagner dans leur prévention et gestion de ces effets secondaires.

Contre-indications

« Dans le cadre de l’immunothérapie avec anticorps monoclonaux, la contre-indication relève d’une éventuelle allergie à l’un des composants du traitement. Pour les cellules CAR-T, les contre-indications sont celles de la chimiothérapie  prescrite au patient avant l’administration des cellules CAR-T« , précise notre expert.

Prix et remboursement

Comme tout médicament, l’immunothérapie est entièrement prise en charge par l’Assurance maladie, dès lors qu’elle a montré une efficacité pertinente dans le cancer considéré.

Merci à Sophie Negellen, conseillère médicament et responsable du département médicament à l’Institut National du Cancer.


Source : JDF Santé