Hypomanie : signes, test, comment la reconnaître ?

Définition : qu’est-ce qu’une hypomanie ?

L’hypomanie signifie littéralement « sous-manie » et correspond à une forme mineure de la manie : « Il s’agit d’un mot d’usage relativement récent, l’hypomanie dérive de la manie qui avec la mélancolie est une entité psychiatrique ancienne et très caractérisée. Cette forme est symptomatiquement moins extrême, moins folle et plus proche de la normale : elle pourrait correspondre presque à un trait de personnalité« , souligne Jacques Angelergues, psychiatre et psychanalyste. L’hypomanie est donc un trouble psychique, passager ou chronique, caractérisé par un dérèglement de l’humeur.

Dans quels troubles se manifeste-elle ? 

Quand il se manifeste par des crises d’exaltation de quelques jours, ce trouble est parfois assimilé à la bipolarité. L’excitation peut s’accompagner d’une humeur euphorique, mais le sujet peut aussi être parfois irritable voire agressif. Il peut en découler des altérations du jugement entrainant des troubles de la pensée et du comportement modérés. « Il s’agit d’une déclinaison diluée de la manie : ce sont des personnes qui ont des moments où ils sont un peu plus excitables, ils sont hyperactifs soit par période ou de façon régulière. Ils peuvent ainsi être moteur pour leur environnement ou parfois tout le contraire être fatigant pour l’entourage ou néfastes par leurs activités trop décousues« , explique J. Angelergues.
Mais l’hypomanie peut aussi se manifester comme défense suite à un deuil par exemple. Les réactions sont paradoxales : la personne que l’on attendrait abattue ou déprimée peut se trouver dans un état d’excitation réactionnel. « Plutôt que condamner un comportement en apparence inapproprié, il faut alors lire les choses avec soin et tenter de  comprendre les raisons qui se cachent derrière ce comportement inhabituel et soudain. L’hypomanie peut être le paravent d’une difficulté plus profonde »

Signes : comment reconnaître une phase d’hypomanie ? 

Contrairement au véritable accès maniaque, l’hypomanie peut être assez productive et elle ne constitue pas un symptôme psychiatrique. « Chez certaines personnes, ça peut même être une façon de s’équilibrer et de réguler leur existence avec des périodes un peu hypomanes et d’autres plus tranquilles. Cet équilibre peut être assez instable quand les périodes d’hypomanie sont trop continues et trop importantes« . Pour parler d’hypomanie, plusieurs symptômes doivent être présents. Les patients peuvent ressentir un important sentiment de joie et de bien-être ou une irritabilité (susceptibilité, pleure ou s’énerve facilement, provoque des conflits, etc.), et une hyperactivité (la personne dort moins mais ne se sent pas fatiguée, peut s’investir dans un grand nombre d’activités nouvelles, déborde d’énergie et fait plus d’activité physique). Ce trouble de l’humeur peut être associé à au moins trois des symptômes suivants : 

Y a-t-il un test pour diagnostiquer une hypomanie ? 

Il n’existe pas de critères diagnostiques précis d’hypomanie mais des pistes de recherches. Le seul référentiel est celui de l’excitation : son intensité, sa durée, ses causes et le risque de dérapage vers la manie. « La clinique est l’instrument de diagnostic à travers le dialogue qui permet un questionnement pour comprendre et d’analyser les causes et la dimension de l’excitation hypomaniaque« , ajoute-t-il. Il est important de noter si les symptômes diffèrent de l’état habituel de la personne. Il peut s’agir d’un épisode, avec un début et une fin, qui peut durer plusieurs jours. Toutefois, à l’inverse d’un épisode de manie (beaucoup plus intense), l’épisode d’hypomanie n’a généralement pas de conséquences graves sur la vie professionnelle et sociale de la personne. Cela explique l’important retard fréquent à la prise en compte de ce trouble.

Une psychothérapie permet de comprendre ce qui se cache derrière ces troubles

Quel est le traitement pour soigner une hypomanie ? 

Comme pour tous les troubles de l’humeur, il faut distinguer les deux phases du traitement : le traitement symptomatique, qui peut être nécessaire pour calmer l’état immédiat du patient en phase d’hypomanie, et le traitement de fond, pour répondre à une détresse cachée et éviter les récidives. Lorsqu’une prise charge médicamenteuse est envisagée, on se tourne généralement vers des anxiolytiques ou de petites doses de neuroleptiques pour éviter l’agitation et calmer leur comportement et si le sommeil est difficile, de la mélatonine pourra aussi être prescrite. Et à cela ajouter un suivi psychothérapeutique pour comprendre ce qui peut se cacher derrière ces troubles.

Comment se comporter avec une personne hypomaniaque ?

« Il ne faut pas hésiter à montrer son intérêt, à exprimer ses inquiétudes surtout quand la personne a des difficultés à dormir et l’inciter à consulter« , souligne J. Angelergues. L’accompagnement est fondamental dans la prise en charge de cette pathologie : il faut prendre le temps d’échanger, se rendre disponible, écouter et rester bienveillant, et surtout conseiller de consulter un psychiatre et/ou un psychologue. « Apporter une écoute amicale et/ou professionnelle pour permettre à l’autre de mieux envisager ces troubles, de les appréhender et de comprendre le sens de ce mal-être ».

Merci au Dr Jacques Angelergues, psychiatre, pédopsychiatre et psychanalyste à Paris, membre de la société psychanalytique de Paris.


Source : JDF Santé