L’hyperthyroïdie est une maladie endocrinienne qui résulte d’une trop grande activité de la glande thyroïde, ce qui entraine une élévation des taux d’hormones thyroïdiennes et des conséquences sur le corps comme une accélération du rythme cardiaque, une hausse de la température corporelle, un amaigrissement… La Haute autorité de Santé estime que l’hyperthyroïdie toucherait environ 0,4 % de la population, de manière plus fréquente chez les femmes entre 40 et 60 ans, mais elle peut apparaître chez l’homme et à tout âge.
Quelle est la définition d’une hyperthyroïdie ?
L’hyperthyroïdie est « une maladie liée au fonctionnement anormal de la glande de la thyroïde (glande en forme de papillon d’environ 5 cm de diamètre située sous la peau du cou et au-dessous de la pomme d’Adam) qui produit une quantité excessive d’hormones thyroïdiennes. Et lorsque les hormones thyroïdiennes sont sécrétées en excès, elles stimulent le métabolisme et peuvent être à l’origine d’une sensation de chaleur excessive ou d’accélération du rythme cardiaque », explique le Pr Michel Krempf, endocrinologue et diabétologue.
Quels sont les symptômes d’une hyperthyroïdie ?
Les symptômes d’une hyperthyroïdie comprennent :
- Un tremblement des extrémités (des mains)
- Une tachycardie (accélération du rythme cardiaque, palpitations ou pouls rapide)
- Une sensation d’avoir toujours chaud avec souvent une transpiration excessive
- Une perte de poids, malgré un appétit conservé
- Une fatigue générale
A noter que chaque signe pris séparément n’est pas spécifique, c’est surtout leur association qui permet d’évoquer le diagnostic d’une hyperthyroïdie.
Est-ce grave d’avoir une hyperthyroïdie ?
L’hyperthyroïdie n’est pas grave si elle est détectée et traitée précocement et correctement. A contrario, si elle n’est pas traitée, et que les taux d’hormones thyroïdiennes sont très hauts, elle peut entraîner de graves complications comme une crise aiguë thyrotoxique (rare) caractérisée par de la fièvre, de fortes palpitations, une agitation, une déshydratation, un état de faiblesse et de confusion (elle nécessite une hospitalisation en urgence). Des troubles du rythme cardiaque comme une fibrillation auriculaire ou une insuffisance cardiaque, une ostéoporose, des atteintes au niveau des yeux (exophtalmie importante) ainsi que des dysfonctionnements au niveau des organes reproducteurs (troubles des règles, problèmes d’infertilité ou d’impuissance) font partie des complications.
Quelle est la cause d’une hyperthyroïdie ?
Les causes les plus fréquentes d’une hyperthyroïdie sont :
- Dans 70% des cas, la maladie de Basedow d’origine auto-immune (causée par un auto-anticorps dirigé contre le récepteur thyroïdien de la TSH)
- Une surcharge en iode, généralement d’origine médicamenteuse. Autrement dit, généralement, un excès d’iode ne provient pas de l’alimentation mais des médicaments qui contiennent de l’iode ainsi que des produits de contraste, très riches en iode, qui sont injectés lors de certains examens d’imagerie.
- Un nodule thyroïdien
- Un goître (phase initiale d’une thyroïdite subaiguë)
- Plus rarement, une anomalie congénitale (syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes)
- Un adénome hypophysaire…
- On peut également observer une hyperthyroïdie chez la femme enceinte. « Cela peut être le cas au premier trimestre de la grossesse, car il y a une stimulation hormonale des récepteurs de la TSH : c’est un phénomène fréquent qui passe souvent inaperçu », complète le Dr Magali Cocaul André, endocrinologue à Paris
C’est quoi une hyperthyroïdie frustre ?
Une hyperthyroïdie frustre (ou infraclinique) est une hyperthyroïdie asymptomatique : l’hyperthyroïdie est modérée et ne produit pas de symptômes notables, contrairement à l’hyperthyroïdie dite « franche ».
Qui est le médecin spécialiste de l’hyperthyroïdie ?
Si le médecin généraliste suspecte une hyperthyroïdie, il enverra son patient consulter un médecin endocrinologue, qui en fonction des examens à faire l’adressera à un radiologue, à un cardiologue s’il y a des retentissements sur le cœur ou à un ophtalmologue s’il y a des complications oculaires.
Comment pose-t-on le diagnostic de l’hyperthyroïdie ?
« Le tableau clinique de l’hyperthyroïdie est souvent très caractéristique. Le diagnostic est alors relativement simple à poser. », explique notre experte. Face à des symptômes évocateurs d’hyperthyroïdie (palpitations…), le diagnostic est toujours confirmé par une prise de sang avec dosages sanguins permettant de mesurer les quantités d’hormones circulantes, en première intention, le dosage de la TSH, dont le taux est le plus souvent effondré. Puis afin d’évaluer l’importance de l’hyperthyroïdie et son mécanisme, un dosage des hormones thyroïdiennes T4 libre (si le taux de TSH est bas), et de T3 libre (si le taux de T4 libre est normal alors que le taux de TSH est anormalement bas). Ces dosages d’hormones thyroïdiennes dans le sang sont complétés par des examens variables selon la cause suspectée (scintigraphie, échographie, dosage des anticorps thyroïdiens…).
► Un dosage des anticorps anti-récepteur de la TSH, si une maladie de Basedow est suspectée.
► Une échographie de la thyroïde, pour orienter la cause et toujours avant un traitement par chirurgie ou par iode radioactif.
► Une scintigraphie en cas de suspicion de nodule. La HAS rappelle que la scintigraphie n’est pas indiquée dans le cadre du diagnostic d’une maladie de Basedow, la présence d’anticorps anti-récepteurs de la TSH suffisant à confirmer le diagnostic.
► Un scanner ou une IRM pour visualiser un développement du goitre dans le haut du thorax.
Quel est le taux de TSH en cas d’hyperthyroïdie ?
En cas d’hyperthyroïdie, le taux de TSH est anormalement bas, à savoir < 0,03 mUI/L. Mais il convient de faire un dosage des hormones thyroïdiennes T4 libre (si le taux de TSH est bas), et de T3 libre (si le taux de T4 libre est normal alors que le taux de TSH est anormalement bas).
Quel traitement pour soigner une hyperthyroïdie ?
L’initiation d’un traitement dépend de l’intensité de l’hyperthyroïdie, du contexte clinique ainsi que de la préférence du patient. La priorité étant de restaurer un fonctionnement normal de la thyroïde. Le traitement peut consister en :
► L’administration d’antithyroïdiens de synthèse (néo-mercazole, thyrozol…) qui bloquent la fabrication des hormones thyroïdiennes (en cas de maladie de Basedow par exemple). La dose prescrite est individuelle et fixée par le médecin en fonction du résultat des dosages sanguins de T3 et de T4. Le retour à un taux normal d’hormones thyroïdiennes n’est jamais immédiat : 2 à 4 mois de traitement antithyroïdien peuvent être nécessaires. Les antithyroïdiens de synthèse comportent des effets indésirables : démangeaisons, rougeurs cutanées, douleurs articulaires, fièvre, baisse anormale des globules blancs… Pour contrôler leur apparition, des analyses de sang sont prescrites avant d’initier un traitement puis régulièrement pendant la prise du traitement.
► L’administration d’iode 131 (irathérapie ou traitement par iode radioactif) : une alternative efficace aux antithyroïdiens de synthèse pour neutraliser la thyroïde et à la chirurgie. Elle peut être indiquée pour traiter certaines formes d’hyperthyroïdie liée à une maladie de Basedow, un nodule chaud, un goitre multinodulaire toxique…
► La chirurgie avec une ablation partielle ou totale de la thyroïde (en cas de nodules produisant de la T3/T4 par exemple, le choix de la chirurgie dépendant du nombre et de la taille des nodules). La HAS rappelle que la chirurgie en cas d’hyperthyroïdie ne doit être pratiquée qu’en dernier recours et qu’en présence d’un goitre volumineux compressif ou en cas de suspicion de malignité, ou si un traitement radical par irathérapie n’est pas adapté.
► L’administration de médicaments pour ralentir et régulariser les battements du cœur (bétâbloquants) lorsque l’hyperthyroïdie provoque une accélération ou des troubles du rythme cardiaque sévères
► En cas d’hyperthyroïdie fruste, les patients n’ont quasiment pas de symptômes. Pour contrôler l’évolution de l’hyperthyroïdie de ces patients, la HAS recommande d’instaurer une surveillance avec un dosage de la TSH tous les 6 à 12 mois. Le traitement pourra être discuté avec le patient dans certaines situations spécifiques (comme en cas de pathologie cardiaque, de facteurs de risques cardiovasculaires ou d’ostéoporose).
Merci au Pr Michel Krempf, endocrinologue et diabétologue à Nantes et au Dr Magali Cocaul André, endocrinologue à Paris.
Source : JDF Santé