Hydrotubation : procédure, avantages, ça fait mal ?

Définition : c’est quoi l’hydrotubation ? 

L’hydrotubation consiste en l’instillation d’une solution aqueuse composée de sérum physiologique ainsi que d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires dans les trompes de Fallope afin de les déboucher. 

Quand faire une hydrotubation ? 

L’hydrotubation serait indiquée chez les patientes présentant une infertilité tubaire, c’est-à-dire une obstruction des trompes de Fallope. Les trompes de Fallope sont des conduits reliant les ovaires à l’utérus. Celles-ci jouent un rôle essentiel dans la reproduction car elles permettent le passage des spermatozoïdes vers l’ovocyte expulsé lui-même par l’ovaire et qui se trouve alors dans le pavillon tubaire. La fécondation a ensuite lieu dans l’ampoule tubaire. Enfin, l’embryon remonte la trompe pour aller s’installer dans la cavité utérine. Lorsqu’il y a infertilité tubaire, cela signifie que la rencontre entre les spermatozoïdes et l’ovocyte est impossible. L’obstruction des trompes de Fallope serait l’une des principales causes d’infertilité chez la femme. 

Est-elle utilisée en France ? 

Non, l’hydrotubation n’est pas utilisée en France. Les nombreux gynécologues français contactés ne possèdent pas de connaissances concernant cette technique et très peu d’informations existent sur ce sujet dans la littérature scientifique française. Celle-ci semble davantage se tourner vers certains pays d’Afrique où « 65 à 85 % des infertilités tubaires sont d’origine infectieuse », selon cet article scientifique sur l’Infertilité tubaire en Afrique. « La prise en charge de l’infertilité en Afrique est complexe, du fait de la précarité des moyens de prévention et de la difficulté de disponibilité et d’accessibilité des méthodes de diagnostic et de traitement. Grâce à des prouesses technologiques (cœlioscopie, FIV), de nombreuses femmes ayant une infertilité tubaire ont pu procréer dans les pays développés. Ces techniques tardent à se vulgariser en Afrique à cause de leur coût et de leur disponibilité« , expliquent les auteurs, médecins au sein du service de gynécologie-obstétrique de la clinique Biasa à Lomé, au Togo. Dans une publication Facebook, la Société des gynécologues et obstétriciens du Burkina (SOGOB) confirme : l’hydrotubation « n’est plus pratiquée dans les pays développés qui utilisent plus les techniques de procréation médicalement assistée ». 

Est-elle efficace ? 

Selon l’article sur l’Infertilité tubaire en Afrique, l’hydrotubation tout comme l’insufflation tubaire n’ont pas montré leur efficacité. « La valeur thérapeutique de ces techniques est subjective mais, faute d’autres moyens, elles constituent le traitement de première intention. Leur efficacité n’a pas été démontrée en termes de taux de grossesse intra-utérine. Elles sont souvent utilisées faute d’autres moyens sans aucune preuve de la normalité ou de l’intégrité tubaire. » Dans certains cas l’hydrotubation a également pu être utilisée en complément d’une chirurgie tubaire. Mais selon un article paru en avril 2009 dans le National Library of Medicine, « la chirurgie pour corriger les lésions tubaires est entreprise pour améliorer les taux de grossesse et de naissances vivantes. L’hydrotubation postopératoire (rinçage des trompes de Fallope) a été utilisée pour améliorer les résultats de la chirurgie tubaire. La revue des essais a révélé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour étayer la pratique courante de l’hydrotubation ou cette laparoscopie de contrôle après une chirurgie pelvienne de la reproduction. Plus de recherche est nécessaire« . Enfin, d’après un autre article publiée dans le National Library of Medicine en janvier 2009, l’hydrotubation peut « avec une bonne sélection des cas, être bénéfique dans les pays pauvres en ressources, en particulier chez les patients présentant une occlusion tubaire incomplète (adhérences périfimbriales bilatérales) et dans le cadre du traitement de l’infertilité inexpliquée ».

Est-ce que ça fait mal ? 

Selon les études scientifiques et le témoignage sur les réseaux sociaux de femmes ayant subi cette intervention en Afrique les douleurs pelviennes sont très fréquentes. Autre complication : des saignements vaginaux peuvent survenir.  

En France, quel est le traitement pour les trompes de Fallope bouchées ? 

Selon le Collège nationale des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), aucun médicament n’est efficace, seule la chirurgie ou plastie tubaire peut permettre de déboucher les trompes. « Elle consiste à ouvrir l’extrémité de la trompe et à enlever les adhérences (espèce de voiles qui enveloppent les ovaires et l’extrémité de la trompe) soit à enlever la zone malade et à rapprocher les deux bouts sains. Cette chirurgie se pratique désormais essentiellement sous cœlioscopie, c’est-à-dire sans ouvrir le ventre, lors d’une très courte hospitalisation. »

Sources : 
– Infertilité tubaire en Afrique (M.K. FIADJOE, V. ADJENOU, J.C. KOLANI, K.K. EGAH (Lomé, Togo)) 
– Publication Facebook de la Société des gynécologues et obstétriciens du Burkina, SOGOB
– Procédures postopératoires pour améliorer la fertilité après une chirurgie reproductrice pelvienne, National library of medicine
– L’hydrotubation dans la prise en charge de l’infertilité féminine : résultats dans les milieux à faibles ressources, National library of medicine
– Collège nationale des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF)


Source : JDF Santé