L’héroïne est une drogue classée comme « stupéfiant » appartenant à la famille des opiacés. Elle se présente généralement sous forme de poudre blanche (comme la cocaïne), rose, brune ou beige qui peut être injectée en intraveineuse, sniffée ou fumée. Du fait de son action rapide et intense, elle engendre une dépendance forte parfois dès les premières utilisations. En Europe, le marché de l’héroïne est étroitement déterminé par la production en Afghanistan. Ce pays est le premier producteur d’opium et d’héroïne au monde.
Définition : qu’est-ce que l’héroïne ?
L’héroïne, ou diamorphine, est une substance opiacée fabriquée à base d’opium (qui provient du pavot) qui agit sur le système nerveux central. Elle avait initialement un usage médical contre la toux, les insomnies, la dépression, les douleurs ou la diarrhée. Classée actuellement comme stupéfiant du fait de ses propriétés addictives fortes, elle est désormais interdite à la vente en France. Ses effets plongent rapidement le consommateur dans un état de bien-être et de somnolence avec une insensibilité à la douleur et aux stimulis extérieurs. Si sa consommation reste faible, elle est en constante augmentation ces dernières années.
Quelles différences avec la cocaïne ?
La cocaïne est une substance extraite des feuilles du cocaïer appelées « feuilles de coca » alors que l’héroïne provient de l’opium, elle-même issue de la culture du pavot, une plante différente donc. Ces deux drogues peuvent être sniffées, inhalées ou injectées. Concernant leurs effets, l’héroïne est un puissant antidouleur qui détend et entraîne une sensation de mieux-être. La cocaïne, elle, excite, stimule et donne un sentiment de toute puissance intellectuelle et physique. L‘héroïne n’entraîne pas de « descente « après sa prise contrairement à la cocaïne.
L’héroïne en France
L’héroïne a commencé à se diffuser en France dans les années 1980, rappelle l’OFDT. Sa diffusion a ensuite diminué après l’introduction des traitements de substitution aux opiacés (méthadone, Subutex®) au milieu des années 1990 pour repartir à la hausse dans la seconde moitié des années 2000. Le marché de l’héroïne en Europe (et en France) est le troisième (loin) derrière le cannabis et la cocaïne. En 2017, parmi les 11-75 ans, le nombre de personnes qui déclaraient en avoir déjà consommé était estimé à 500 000 (OFDT, 2022).
Comment fabriquée l’héroïne ?
L’héroïne est produite en incisant les capsules du pavot juste après leur floraison pour obtenir de l’Opium. Ce liquide blanchâtre durcit et s’oxyde à l’air libre pour devenir noirâtre. Il est ensuite mélangé à de l’eau chaude puis filtré pour séparer les alcaloïdes : on obtient du chandou qui est de l’opium à fumer. L’obtention de la morphine-base (c’est à dire l’héroïne prête à consommer) se fait à partir d’une succession de réactions chimiques avec de l’ammoniaque et de l’acide chlorhydrique, répétées 3 à 4 fois jusqu’à obtenir une morphine-base la plus pure possible (pure de 30 à 70%). On obtient ainsi trois type d’héroïne :
- La blanche qui est très fine et légère,
- La brune, aussi appelée brown sugar, qui se présente sous forme d’une substance granuleuse brune ou grise.
- Une troisième sorte d’héroïne peut être collante comme du goudron liquide ou dure comme du charbon. Même si sa couleur peut varier, les effets et le risque addictif sont les mêmes. Le prix moyen du gramme d’héroïne se situe autour de 40 euros, en faisant une drogue assez accessible.
Contrairement à la cocaïne ou au crack, il n’y a pas d’effet de « descente » violent.
Quels sont les effets après la prise d’héroïne ?
Les effets varient selon le consommateur, le contexte de consommation, la quantité et la qualité de l’héroïne. Les effets de l’héroïne sont immédiats (en particulier avec l’injection) et procurent une sensation de détente, mieux-être et d’apaisement intense combiné à une impression de chaleur immédiate. Décrite souvent comme un « flash » de plaisir et d’extase, cette sensation dure en général 4 à 6 heures, voire 5 à 8 heures. L’héroïne étant un antidouleur très puissant, elle fait oublier la douleur physique et psychique, réduit l’anxiété momentanément, induit une somnolence, un ralentissement de la respiration et une diminution des réflexes. Contrairement à la cocaïne ou au crack, il n’y a pas d’effet de « descente » violent mais un retour à l’état normal qui peut être difficile à supporter et provoque l’envie de consommer à nouveau pour retrouver le bien être intense des effets.
Quels sont les effets secondaires de l’héroïne ?
Les effets secondaires apparaissent en général dès la première consommation d’héroïne et dépendent de la qualité du produit, de la coupe et du consommateur. Tout comme pour un autre morphinique, il s’agit principalement de nausées, de vomissements, de constipation, de démangeaisons, d’une sensation de bouche et de nez sec, et d’une diminution de l’appétit. Dans certains cas, ces effets vont jusqu’à un ralentissement du rythme cardiaque, et à forte dose un état de somnolence pouvant aller jusqu’au coma et à la mort. Lors d’une consommation régulière, l’héroïne perturbe le cycle menstruel, le sommeil, engendre des problèmes bucco-dentaires, fragilise les os (ostéoporose), et provoquer une malnutrition et des carences.
Quels sont les dangers de l’héroïne ?
L’héroïne est souvent considérée comme une drogue « dure » du fait des dangers de surdosage et d’overdose, potentiellement mortels. Ils peuvent survenir dès les premières consommations si l’usager n’est pas habitué à la consommation ou chez un usager déjà dépendant dont les doses augmentent brusquement. L’overdose, c’est-à-dire le coma potentiellement mortel, se produit lorsque la quantité injectée ou sniffée dépasse la limite tolérée par l’organisme. Les principaux symptômes devant alerter les secours immédiatement sont un resserrement intense de la pupille, une respiration anormalement lente, une pâleur, et un sommeil sans réaction aux stimulations extérieures. Les autres risques sont principalement liés à l’injection qui peut entraîner des complications infectieuses pouvant parfois mettre en danger la vie du consommateur. Il peut s’agir d’une infection de la peau, d’abcès, d’œdème, mais aussi de réaction allergique, de septicémie, d’endocardite, ou d’infection pulmonaire. L’injection et aussi un risque de transmission du VIH et d’hépatite B et C. Il ne faut pas oublier non plus que la dépendance, la tolérance et le coût élevé de l’héroïne entraînent souvent des risques de marginalisation sociale et de grande précarité. Avant même que cela n’arrive, il est possible de demander une prise en charge médicale pour limiter les effets du manque et éviter la rechute.
Quels sont les signes de dépendance à l’héroïne ?
Avec l’héroïne, la dépendance s’installe en général rapidement en quelques jours, voire en quelques semaines. Le consommateur ressent la nécessité d’augmenter les doses, d’abord en quantité, puis en fréquence pour retrouver les mêmes effets. En cas d’arrêt d’une consommation régulière, un syndrome de manque important apparaît. Il est habituellement très intense et douloureux, et peut durer parfois plus d’une semaine mais il ne constitue pas un risque mortel. Dans les heures qui suivent la disparition des effets, le consommateur se met à avoir un larmoiement, un écoulement nasal, il baille, se sent nauséeux, peut avoir des vomissements, des diarrhées, des crampes musculaires, des douleurs profondes des membres, des douleurs lombaires et abdominales, des sueurs, des frissons, et une sensation de chaud et de froid. Ses pupilles sont dilatées (contrairement à ce qu’il se produit lors de la consommation) et il ressent un sentiment de malaise et d’angoisse accompagnés d’une insomnie importante. La violence du manque est très souvent à l’origine d’une nouvelle consommation, alimentant ainsi la dépendance et l’obsession des pensées du consommateur. Les conséquences sur la vie personnelles et professionnelles sont en général rapides et peuvent mener à la précarité, à des difficultés financières, familiales et judiciaires.
Comment se défaire d’une addiction à l’héroïne ?
Pour aider les consommateurs dépendants à l’héroïne dans leur sevrage, un traitement de substitution est disponible depuis 1994 : la méthadone et la buprénorphine (Subutex®). Le but de ce traitement prescrit sur ordonnance est de limiter les symptômes de manque et la rechute à long terme. Il permet de vivre une vie normale et de traiter les envies de consommer. Pour la prescription et la délivrance du traitement, une prise en charge par un addictologue en libéral, à l’hôpital ou dans un CSAPA (Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) est préférable. Une psychothérapie et une prise en charge sociale sont aussi recommandées pour soigner cette addiction. Certaines thérapies comme la TCC (Thérapie Cognitive et Comportementale) ont fait leur preuve dans ce type d’addition. Pour limiter les risques de transmission de maladies comme le VIH ou les hépatites B et C, des kits d’injection sont mis à disposition des usagers gratuitement dans les CSAPA, les CAARUD (Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues) et les pharmacies (et mêmes certains automates dans quelques villes). Il existe aussi des PES (Programmes d’échange de seringues) dans certaines villes et certaines pharmacies rendent parfois ce service.
Que faire en cas d’overdose ?
En cas d’overdose, il est essentiel d’appeler immédiatement les secours (le 15 ou le 112), puis d’utiliser un médicament à base de naloxone en injection ou en spray nasal. Ce médicament est un véritable antidote qui permet d’éliminer immédiatement l’héroïne et les risques mortels. Il est disponible dans les CSAPA ou les CAARUD en prévention à toute personne présentant un risque de surdosage aux opiacés. Si vous n’avez pas de médicaments à base de naloxone, appelez immédiatement les secours, puis faites un massage cardiaque et du bouche à bouche en les attendant.
Quel est le prix de l’héroïne ?
Le prix courant de détail du gramme d’héroïne se situait à 30 euros en 2021 contre 33 euros en 2020. « Les usagers ont accès actuellement à un produit moins cher et plus concentré en principe actif qu’il y a dix ans » soulignait l’OFDT fin 2022.
Sources
1999-2019 : les mutations des usages et de l’offre de drogues en France, OFDT, dispositif TREND, 2020
Drogues infos service 0800 23 13 13 (tous les jours de 8h à 2h, appel anonyme et gratuit).
Source : JDF Santé