L’Hélicobacter pylori est une bactérie qui colonise exclusivement la muqueuse gastrique, le plus souvent durant l’enfance. Non traitée, elle persiste et inflamme l’estomac. « Elle a un rôle établi dans le développement des ulcères gastroduodénaux et des cancers de l’estomac » explique la Haute Autorité de Santé (HAS). La plupart du temps l’infection à Helicobacter pylori ne provoque pas de symptômes. Alors comment savoir ? Et est-ce tout le temps grave ? Réponses avec le Dr Michael Bismuth, spécialiste en hépato-gastro-entérologie au CHU de Montpellier.
Définition : c’est quoi la bactérie Helicobacter pylori ?
Helicobacter pylori est une bactérie qui infecte la paroi interne de l’estomac. L’identification de ce germe en Australie dans les années 1990 a complètement remis en question la physiopathologie de l’ulcère gastro-duodénal qui est devenue une maladie infectieuse. « 7 ulcères de l’estomac sur 10 sont directement en lien avec l’infection à Helicobacter pylori et 9 ulcères duodénaux sur 10« , indique le Dr Michael Bismuth. Les deux médecins qui ont découvert Helicobacter pylori ont reçu le prix Nobel de Médecine. Elle n’est présente que chez l’homme. Elle résiste à un environnement très acide. « L’incidence de l’infection à Helicobacter pylori est différente chez les adultes et les enfants. En France, elle est plus faible chez les moins de 30 ans (20% des personnes sont infectées à l’âge de 20 ans) et plus fréquente après l’âge de 50 ans (environ une personne sur deux) » indique spécialiste en hépato-gastro-entérologie.

Causes : comment on attrape l’Helicobacter pylori ?
La contamination se fait dans l’enfance essentiellement pendant les cinq premières années de vie et passe inaperçue. « Théoriquement, l’homme peut être contaminant par deux moyens : la voie orale ou par ses selles. La transmission de la bactérie se fait essentiellement par une transmission directe de personne à personne oro-orale et surtout gastro-orale. C’est à dire que la contamination se fait par un contact direct avec la salive infectée par des régurgitations ou lors des vomissements. La transmission par les selles, suite à un contact par l’intermédiaire des mains ou encore à cause de l’eau et d’aliments contaminés, est plus rare et se rencontre plutôt dans les pays en voie de développement où l’hygiène est déficiente » indique le Groupe d’Etudes Français des Helicobacter (GEFH) .
Est-ce que l’Helicobacter pylori est grave ?
Le principal danger d’une infection par l’Helicobacter pylori est le développement d’un cancer de l’estomac. Selon la Haute Autorité de Santé, « parmi les personnes infectées, 1% développent un cancer de l’estomac« . Mais « même si ce risque est faible, l’Hélicobacter pylori est la principale cause des cancers de l’estomac (80% des cas). Plus le traitement a lieu tôt, plus il est efficace pour réduire le risque d’apparition de ce cancer ».
Quels sont les symptômes de l’Helicobacter pylori ?
« La plupart du temps, l’inflammation est silencieuse ne provoquant aucun symptôme » répond le Dr Michael Bismuth. Elle peut quand même entraîner des troubles digestifs avec gêne et douleurs. Les symptômes sont ensuite ceux des complications si elles surviennent : la gastrite et l’ulcère. « L’infection à Helicobacter pylori peut se compliquer d’une gastrite chronique (inflammation chronique de l’estomac) qui persiste toute la vie si l’infection n’est pas traitée », précise le spécialiste.
Diagnostic : comment savoir si on a l’Helicobacter pylori ?
Il n’existe pas actuellement de dépistage organisé de l’infection à Helicobacter pylori en France. Quand la recherche de la bactérie est décidée par le médecin, celui-ci peut prescrire :
- une sérologie (prise de sang) pour détecter les anticorps produits par l’organisme pour lutter contre la bactérie
- le test respiratoire à l’urée marquée (non remboursé par l’assurance maladie)
- la recherche d’antigènes dans les selles (non remboursée par l’assurance maladie).
- une fibroscopie avec prélèvements d’échantillons de la paroi de l’estomac et analyse de ces échantillons
A savoir : la recherche d’H. pylori n’est pas justifiée pour les proches si on est infecté par la bactérie, sauf dans deux situations :
- Ils présentent eux-mêmes des symptômes liés à une maladie de l’estomac (gêne, douleur).
- Des lésions précancéreuses ou cancéreuses ont été détectées dans votre estomac.
Quels sont les traitements de l’Helicobacter pylori ?
« Le traitement d’Helicobacter pylori et son éradication sont recommandées dans plusieurs situations comme la présence d’un ulcère gastro-duodénal, d’une gastrite chronique associée à la bactérie, d’un lymphome du MALT, d’une dyspepsie (après exploration endoscopique), d’un traitement par IPP au long cours, d’un antécédent personnel ou familial au premier degré de cancer gastrique« , indique le spécialiste. Il existe plusieurs stratégies thérapeutiques proposées par le gastro-entérologue. Le traitement repose notamment sur :
- la prise de médicaments antisécrétoires (pour réduire l’acidité) comme les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : Oméprazole, Esoméprazole, Rabéprazole, Lansoprazole, Pantoprazole.
- la prise de plusieurs médicaments antibiotiques comme l’amoxicilline, le Métronidazole, la Clarithromycine, la Lévofloxacine.
- le Pylera® qui est un médicament composé d’antibiotiques et d’un médicament à base de bismuth. Il est pris en association avec un IPP.
Test : Comment savoir si on est guéri de l’Helicobacter pylori ?
Le traitement « permet d’éliminer l’infection dans 80 à 90 % des cas » indique la HAS. Dans 10 à 20% des cas, il peut échouer soit parce que la bactérie résiste aux antibiotiques utilisés, soit en raison des difficultés rencontrées par les patients à suivre le traitement. Un test de contrôle est ainsi prescrit par le médecin pour vérifier si la bactérie a bien été éliminée. L’examen recommandé est le test respiratoire à l’urée marquée (à faire à jeun au laboratoire). Il consiste à avaler une solution d’urée marquée puis à recueillir l’air expiré. Si l’air expiré contient du gaz carbonique lui aussi marqué, cela signifie que la bactérie a transformé l’urée en gaz carbonique et donc qu’elle est présente. Le test respiratoire est contre-indiqué chez la femme enceinte ou qui allaite.
Merci au Dr Michael Bismuth, spécialiste en hépato-gastro-entérologie au CHU de Montpellier.
Source : JDF Santé