L’hallux valgus (qu’on appelle dans le langage courant « oignon ») correspond à une déviation du gros orteil vers les autres orteils. Il est souvent douloureux à la marche et peut compliquer le fait de se chausser. La très grande majorité des patients atteints sont des femmes. « Cela s’explique en partie par l’imprégnation hormonale qui augmente la laxité des ligaments », peut-on lire sur le site « Chirurgie du Pied« . Le traitement repose surtout sur le port de chaussure larges afin de limiter les frottements. Mais parfois, il faut opérer. Quelle est la cause des hallux valgus ? Comment corriger un hallux valgus sans chirurgie ? Quand doit-on avoir recours à l’opération ?
Quelle est la définition d’un hallux valgus ?
Plus communément appelé oignon du pied, « l’hallux valgus est une déformation de l’avant-pied qui peut apparaître à tout âge (il existe des formes juvéniles) et touche davantage les femmes« , avance d’emblée Justine Zamengo, podologue, formatrice à l’institut de podologie de Toulouse et adhérente de l’Association pour le développement de la podologie. Il s’agit d’une déviation anormale du gros orteil vers le deuxième orteil, au niveau du premier métatarsien et du gros orteil. Le défaut d’alignement du gros orteil peut parfois entraîner la formation d’un « oignon », qui correspond à une saillie osseuse.
Photo d’un hallux valgus (schéma d’un oignon du pied)
Quelle est la cause d’un hallux valgus ?
L’hallux valgus est dû à une déviation, le plus souvent congénitale, du premier métatarsien (os du squelette de l’avant-pied) vers le milieu du corps, appelé métatartus varus. Il est néanmoins favorisé par plusieurs éléments :
- L’hérédité
- L’âge (il débute souvent entre 40 et 50 ans et la ménopause chez la femme),
- Le port de chaussures trop étroites et/ou à talons hauts,
- Les troubles statiques du pied tel que le pied plat valgus
- Les arthrites chroniques
Quels sont les symptômes d’un hallux valgus ? Douloureux ?
S’il peut être asymptomatique dans un premier temps, l’hallux valgus évolue ensuite par des poussées qui peuvent s’accompagner de vives douleurs sur le bord interne du pied, notamment la nuit. Ces douleurs sont accentuées par la marche. « Il peut parfois y avoir une inflammation au niveau de l’articulation du gros orteil« , continue la podologue.
Quels examens permettent de diagnostiquer un hallux valgus ?
Le diagnostic est clinique et radiologique. Dès qu’il y a suspicion d’hallux valgus, « mieux vaut faire un bilan chez un podologue pour obtenir des conseils de traitements, de prévention et éventuellement, être orienté vers un chirurgien spécialisé« , conseille Justine Zamengo. En parallèle, il est conseillé de passer une radiographie du pied pour mesurer avec précision l’angle de déformation. Les clichés permettent d’apprécier l’amplitude de la déformation et le degré d’usure articulaire.
Quelles sont les complications possibles ?
Le gros orteil assure la propulsion du corps vers l’avant lors de la marche. En cas d’hallux valgus, il perd ce rôle d’appui du corps, qui est alors assuré par les autres orteils. La perte de cette fonction du gros orteil aggrave la contrainte exercée sur les autres orteils et peut être à l’origine de symptômes douloureux. Parmi les autres complications, citons :
- L’apparition d’une bursite (inflammation)
- L’apparition de griffes des orteils
- L’apparition de durillons sur la plante des pieds
- Des complications cutanées
- Des risques d’arthrose
- La formation d’un cor, qui correspond à un épaississement de la couche cornée de l’épiderme sur un orteil, et qui se forme à la suite de frottements dans les chaussures ou de grande pression sur la peau pendant la marche.
Quand se faire opérer d’un hallux valgus ?
L’opération n’est réservée qu’aux personnes vraiment handicapées car la rééducation est longue (au moins un mois) et douloureuse. Elle peut être envisagée :
→ En cas de douleurs persistantes (l’hallux valgus est inflammatoire)
→ En cas de déformation importante
→ En cas d’apparition d’une complication
La chirurgie consiste à corriger la désaxation du gros orteil vers l’extérieur (autrement dit, remettre le gros orteil dans son axe normal) par retension de certains ligaments et l’ablation du morceau d’os saillant. L’opération donne néanmoins de bons résultats (après la convalescence, elle supprime la douleur, et rend au gros orteil son rôle propulseur). L’intervention est réalisée en ambulatoire (ou courte hospitalisation de 48 heures), sous anesthésie locorégionale et garrot de cheville. « Chez l’enfant, la chirurgie peut être évitée par le port d’orthèses nocturnes ou d’orthoplasties qui vont permettre la correction de la déformation« , conclut Justine Zamengo.
Peut-on marcher après une opération de l’hallux valgus ?
La marche est possible le jour suivant l’intervention. Elle nécessite le port de chaussures spéciales, en appui sur le talon, pendant une durée allant de trois à quatre semaines.
Quelle rééducation faire à la maison après l’opération ?
Les exercices d’auto-rééducation, qui débutent environ 15 jours après l’opération, occupent une place importante dans la récupération de l’amplitude articulaire. L’auto-rééducation repose sur des exercices dits de mobilisation passive ou active. La mobilisation passive consiste à placer le pouce en appui sur la plante des pieds, et à exercer une pression sur le gros orteil pour le pousser vers le bas, de manière progressive. Cet exercice, qui a un effet drainant sur l’œdème et qui permet d’augmenter l’amplitude articulaire, se réalise dans une position confortable : le plus souvent en tailleur, le pied opéré ramené vers soi, l’autre jambe en dehors du lit. Les mouvements identiques peuvent être reproduits sur chaque orteil, et doivent être renouvelés 3 fois par jour, à raison de 10 répétitions pour chaque mouvement. Le même type d’exercice, sans aide de l’index en poussée, permet de travailler en « mobilisation active ».
Quelle rééducation chez le kiné ?
D’autres exercices s’ajoutent au programme de rééducation une fois la marche possible sans « chaussure à appui talonnier », soit environ 1 mois après l’intervention chirurgicale. Ils se déroulent généralement au cabinet du kinésithérapeute. Les séances se concentrent sur la récupération de la l’appui propulsif du gros orteil, en travaillant le déroulé du pas. Elles s’accompagnent d’autres soins selon les cas, comme le drainage lymphatique manuel en cas d’œdème persistant.
Comment protéger un hallux valgus et limiter sa progression ?
Pour protéger l’hallux valgus, il est recommandé :
- D’opter pour des chaussures adaptées, c’est-à-dire larges et sans talons
- D’avoir recours à des protections (comme ceux de la marque Epitact) réduisant les frottements contre les chaussures, qui sont vendus dans le commerce.
- Porter des semelles orthopédiques ou des orthèses nocturnes (à faire chez le podologue), selon la gravité de la déformation, il est aussi possible de se faire faire sur mesure par le podologue des appareillages en silicone (orthoplasties). En re-axant le pied et en le protégeant de la chaussure, ces protections permettent de soulager les douleurs et d’éviter une augmentation de la déformation.
Merci à Justine Zamengo, podologue, formatrice à l’institut de podologie de Toulouse et adhérente de l’Association pour le développement de la podologie.
Source : JDF Santé