Grippe aviaire : ça empire en France, carte, symptômes

[Mise à jour le 6 janvier 2023 à 18h40] La grippe aviaire ou plutôt « influenza aviaire » est une maladie d’origine animale provoquée par des souches A du virus grippal. On parle d’ « épizootie » comme il s’agit d’une épidémie qui touche les animaux. C’est une maladie infectieuse, virale, très contagieuse, affectant les oiseaux domestiques et sauvages qui peut, selon les souches, se transmettre à l’Homme, sans forcément le rendre malade. Depuis l’automne 2021, en 2022 et toujours au début de l’année 2023, des virus influenza aviaires hautement pathogènes (virus influenza aviaires du sous-type H5N1 du clade 2.3.4.4b en particulier) se diffusent extrêmement rapidement sur la quasi-totalité des continents : Europe, Amérique, Asie et Afrique. « Plusieurs foyers d’influenza aviaire hautement pathogènes (IAHP) ont été détectés en France tout récemment, aussi bien dans l’avifaune sauvage que chez les volailles ou les oiseaux captifs » a indiqué la Direction générale de la Santé dans un courrier du 29 décembre. « La situation sanitaire s’est détériorée et a empiré » confirme le ministère de l’Agriculture le 6 janvier 2023. Chez l’Homme, ce virus a été détecté par RT-PCR chez 4 personnes fortement exposées à des volailles infectées (une au Royaume-Uni en 2021, une aux Etats-Unis en 2022 et deux en Espagne en octobre 2022). « Ces détections chez l’Homme étaient toutes caractérisées par une absence de symptômes ou des symptômes très légers. Aucune transmission interhumaine de ce virus n’a été mise en évidence indiquant à ce stade que le virus ne s’est pas adapté à l’espèce humaine » rassure la DGS. C‘est quoi la grippe aviaire ? Une grippe comme celle que l’on peut avoir en hiverQuelles précautions adopter ? Quels risques pour l’Homme si des animaux sont contaminés ? Quels symptômes chez les animaux ? L’homme ? Comment se fait sa transmission ? Eclairage.

transmission grippe aviaire
Cycle de transmission du virus de la grippe aviaire © Ministère de l’agriculture et de la pêche

Carte de la grippe aviaire en France en 2023

« La situation sanitaire au regard de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en France s’est détériorée depuis le mois d’août et a empiré au cours des dernières semaines » informe le ministère de l’Agriculture le 6 janvier 2023. Plus de la moitié des foyers en élevage sont concentrés dans la région Pays de la Loire dans une zone à risque de diffusion (ZRD) à forte densité de volailles, (notamment en Vendée et dans le Maine-et-Loire). Face à un risque de contamination accru du fait de la baisse des températures et de la forte activité migratoire des oiseaux sauvages, le niveau de risque avait été relevé de « modéré » à « élevé » le 11 novembre. Sur l’ensemble du territoire métropolitain, toutes les volailles doivent être mises à l’abri et les rassemblements de volailles sont interdits. À la date du 5 janvier, 263 foyers en élevage ont été confirmés depuis le 1er août dernier.

carte grippe aviaire 2022
Carte grippe aviaire décembre 2022 © Ministère de l’Agriculture

Pour rappel en cas d’épidémie « le principal problème est de réussir à arrêter la progression du virus et surtout d’éviter une contamination des élevages de sélection de poules, dindes… Leur atteinte aurait pour conséquence la perte de nombreuses années de recherche génétique. Il faut protéger ces grands parentaux » explique le Pr Jeanne Brugère-Picoux, vétérinaire et membre de l’Académie nationale de médecine. En revanche, pas de crainte pour l’homme en France « car il n’y a pas comme en Asie les mêmes facteurs de risque où des contaminations ont pu être observées (marché de volailles vivants susceptibles d’être infectées, conditions précaires avec une importante cohabitation avec des volailles non contrôlées, persistance du virus…) » poursuit la spécialiste. En France, la protection des volailles est primordiale face au risque exceptionnel pour l’Homme. Elle est basée sur des mesures de biosécurité drastiques.

C’est quoi la grippe aviaire ?

La « grippe » aviaire ou plutôt « peste » aviaire est une maladie causée par le virus de l’influenza aviaire (A) hautement pathogène (IAHP). C’est un virus de la famille des virus grippaux. On parle ainsi de façon inadéquate de « grippe aviaire » alors qu’il s’agit, chez les oiseaux, d’une maladie se caractérisant par une septicémie associée à une encéphalite, et non d’une affection à dominante respiratoire comme la grippe humaine. « Le virus de la peste aviaire a été découvert en 1959 et le premier cas officiel qu’on ait eu en France n’est arrivé qu’en 2006″ souligne Jeanne Brugère-Picoux. Cette maladie est particulièrement contagieuse et le virus peut même être transporté par le vent d’un bâtiment à l’autre. De nombreuses espèces d’oiseaux sauvages, en particulier celles qui vivent dans les zones humides et les milieux aquatiques, hébergent des virus grippaux. Les ansériformes (et plus particulièrement les canards, les oies et les cygnes) ainsi que les charadriiformes (comme les mouettes, les sternes et les échassiers) constituent le principal réservoir naturel de virus de la peste aviaire. L’infection peut décimer tout un élevage en moins de 48 heures.

« Si l’homme peut être contaminé par le virus de la peste aviaire, il n’est pas forcément malade »

La grippe aviaire se transmet-elle à l’Homme ?

« En France, aucun cas humain lié à une contamination par un virus IAHP n’a été observé à ce jour » a rappelé l’Académie de médecine dans un communiqué de décembre 2021. Dans le monde, des cas de virus IAHP H5N1 ont été recensés chez l’homme de même que des décès (455 décès entre 2003 et 2019, aucun en 2020 et en 2021) mais ils sont restés très rares et ont été observés chez des personnes ayant eu des contacts rapprochés avec des volailles infectées ou avec des objets contaminés par leurs déjections. Par ailleurs, « si l’homme peut être contaminé par le virus de la peste aviaire, il n’est pas forcément malade », souligne Jeanne Brugère-Picoux. « L’homme n’est pas réceptif à ce virus au niveau des premières cellules de l’appareil respiratoire, il faut atteindre les alvéoles pour qu’il y ait une réaction sérologique avec ce virus, c’est-à-dire au niveau de l’appareil respiratoire profond. A ce moment-là, vous aurez une réaction sérologique mais pas forcément une maladie. Si on respire un peu le virus présent au niveau des plumes lors de peste, on peut faire une réaction sérologique sans être malade. » Enfin, il faut savoir que tous les virus de la peste aviaire ne se transmettent pas à l’homme. Sur 144 souches de virus grippaux aviaires A, quatre ont provoqué des infections humaines : H5N1, H7N3, H7N7 et H9N2. 

Quels sont les risques de la grippe aviaire pour l’Homme ?

« Le virus de la peste aviaire est très pathogène pour l’animal, pas pour l’homme » poursuit notre interlocutrice. Rappelons (encore) qu’en France, aucun cas humain lié à une contamination par un virus IAHP n’a été observé à ce jour. « Il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour l’homme par rapport aux foyers de peste aviaire recensés en France, rassure Jeanne Brugère-Picoux. Le problème est surtout de se protéger pour ne pas contaminer d’autres élevages. » Enfin, « il n’y a jamais eu d’adaptation du virus de la peste aviaire à l’espèce humaine avec une transmission interhumaine. Cette maladie n’était pas classée dans les zoonoses avant la crise de la « grippe aviaire » due au virus IAHP de type H5N1 d’origine asiatique découvert en Asie en 1996″.   

Quels sont les symptômes de la grippe aviaire ?

→ Chez les animaux : Après une incubation en général très courte (de 24 heures à quelques jours), les animaux infectés par l’IAHP présentent des signes cliniques variables selon les souches virales et les espèces concernées. Comme l’indique la FAO « les signes cliniques chez les poulets et les dindes incluent une grande détresse repiratoire avec des yeux et des sinus excessivement humides, une cyanose des caroncules, de la crête et des jarrets, un œdème de la tête et des paupières, des plumes ébouriffées, une diarrhée et des signes de nervosité ». Les oeufs pondus après le déclenchement de la maladie sont fréquemment dépourvus de coquilles. La maladie chez les dindes est similaire à celle des poulets, mais est souvent compliquée par des infections bactériennes secondaires comme celles dues au choléra aviaire (Pateurella multocida), au coryza de la dinde (Hemophilus gallinarum), ou à la colibacillose (Escherichia coli)

→ Chez l’homme : Dans les rares cas de peste aviaire transmise à l’homme, la maladie était le plus souvent bénigne. Les cas sont asymptomatiques ou peuvent rapporter fièvre, fatigue, courbatures, mal de gorge. L’apparition de ces symptômes chez une personne ayant séjourné dans une zone à risque ou ayant été en contact avec des oiseaux contaminés doit faire l’objet d’une prise en charge d’urgence. Dans les cas plus graves, la peste aviaire peut se compliquer d’une pneumonie à mortalité élevée.

« Il n’y a aucun risque pour l’homme à manger des volailles ou des œufs. »

Comment ne pas attraper la grippe aviaire ?

Le virus de la peste aviaire se propage par contact avec des oiseaux infectés ou des surfaces et des objets contaminés par leurs déjections. Pour s’en protéger et surtout éviter de contaminer d’autres oiseaux, il faut donc se laver régulièrement les mains, porter un masque et des gants étanches (lors de la manipulation de cadavres ou de déchets d’animaux). Si vous vous rendez (ou que vous habitez) dans une région où la grippe aviaire sévit, de nombreuses mesures de biosécurité sont recommandées :

  • éviter les endroits à risque élevé. La législation interdit tout transport d’oiseaux dans ce cas et impose des mesures de biosécurité strictes dans les fermes de volaille : pédiluves, autoluves)
  • éviter tout contact direct avec les oiseaux, notamment les poules, poulets, canards et oiseaux sauvages ; les personnes disposant de « poules de compagnie » doivent les confiner pour éviter tout contact avec des oiseaux sauvages sous peine d’amende ;
  • éviter les surfaces contaminées par des excréments ou des sécrétions d’oiseaux ;
  • observer les règles d’hygiène des mains et d’hygiène alimentaire.

Par ailleurs, la France a mis en place un plan gouvernemental de lutte contre la grippe aviaire avec différentes étapes à suivre selon l’avancée d’une éventuelle épidémie.

Peut-on manger du poulet et des œufs sans risque ?

« Oui, assure Jeanne Brugère-Picoux. Il n’y a aucun risque pour l’homme à manger des volailles ou des œufs, même un œuf à la coque ou cru car le virus de l’influenza aviaire n’est pas dangereux pour l’homme. D’ailleurs en cas de peste aviaire, les animaux meurent rapidement et les oiseaux ayant pu être contaminés ainsi que leurs produits ne sont pas commercialisés. »

Quels sont les traitements de la grippe aviaire ? Un vaccin ?

« On ne traite pas cette maladie chez l’Homme en France comme en Europe d’ailleurs », répond notre interlocutrice. Aucun vaccin contre la grippe aviaire n’est autorisé par la Commission européenne.

Merci au Pr Jeanne Brugère-Picoux, vétérinaire et membre de l’Académie nationale de médecine. 

Sources :

• La grippe aviaire et le virus qui la cause. Fao.org

Influenza aviaire. Anses. 2017

Peste aviaire, une catastrophie pour les élevages, un risque exceptionnel pour l’homme. Communiqué de presse de l’Académie de médecine. 22 décembre 2021.

• Grippe aviaire, Ministère de l’agriculture et de la pêche, Direction générale de la forêt et des affaires rurales, Direction générale de l’alimentation, juillet 2006.

• Grippe aviaire, Institut Pasteur.

• Influenza aviaire, grippe aviaire et menace de pandémie : un nouvel enjeu en santé au travail. INRS.2006.


Source : JDF Santé