La gonorrhée ou gonococcie est une infection sexuellement transmissible en augmentation du fait de la multiplication des partenaires au cours de la vie sexuelle, depuis quelques années. Selon les derniers chiffres publiés par Santé Publique France, 21 750 cas de gonococcie ont été diagnostiqués en 2021 en consultation de médecine générale, +45% par rapport à 2020. Et 13 800 cas en CeGIDD. Le taux d’incidence annuel est estimé à 0,3 cas pour 1 000 habitants. Les hommes représentaient 81% des cas déclarés en 2021. Parmi eux 33% d’hétérosexuels, 67% d’homosexuels. Le gonocoque n’entraîne pas d’immunité, on peut donc l’attraper plusieurs fois.
C’est quoi la gonorrhée ?
« En France, on parle plutôt de gonococcie. Le terme de gonorrhée est un terme anglo-saxon » tient d’emblée à préciser le Dr Jean-Marc Bohbot, médecin gynécologue, infectiologue, Directeur Médical de l’Institut Fournier à Paris. La gonococcie est une maladie sexuellement transmissible. Elle touche les organes sexuels, l’anus mais peut aussi atteindre la gorge et, chez les bébés infectés lors de l’accouchement, les yeux. « C’est une maladie en forte recrudescence. Le dernier rapport INVS publié en 2018 avec les données de 2016 fait état d’une augmentation de 300% du nombre de gonococcies en France, comme pour les Chlamydia » alerte le Dr Jean-Marc Bohbot.
Quelle est la bactérie responsable de la gonorrhée ?
Le gonocoque, ou Neisseria gonorrhoeae est une bactérie qui se localise dans la majorité des cas aux organes génitaux. Ce germe responsable de la gonorrhée peut être transmis au cours d’un rapport sexuel à l’homme, et se localise souvent au niveau de la partie terminale de l’urètre, conduit qui va de la vessie au méat urinaire générant ainsi une urétrite. Ils peuvent également être responsables d’une inflammation du vagin et de la vulve chez la femme.
Cause : comment on attrape la gonococcie ?
Les rapports sexuels non protégés avec des partenaires à risques augmentent le risque de contamination par le gonocoque Neisseria gonorrhoeae. « Celui-ci s’attrape quel que soit le type de rapport sexuel : vaginal, anal, buccal. C’est une bactérie très contagieuse« , précise le gynécologue. En revanche, la blennorragie du nouveau-né est transmise lors de l’accouchement si la mère est infectée.
« Souvent c’est quand le partenaire a une gonococcie qu’on la découvre chez une femme »
Quels sont les symptômes de la gonococcie ou gonorrhée ?
Chez la femme : « Chez la femme, l’infection au niveau de la gorge ou de l’anus est totalement asymptomatique. Au niveau génital, l’infection peut être signalée par des démangeaisons, des pertes inhabituelles, des douleurs lors des rapports sexuels, des brûlures en urinant« , informe le Dr Jean-Marc Bohbot. « Mais souvent c’est quand le partenaire a une gonococcie que l’on découvre une gonococcie chez une femme » précise-t-il. Une femme enceinte infectée par le gonocoque peut à son tour infecter son enfant quand elle accouche. La blennorragie du nouveau-né se caractérise par une infection des yeux, qui peut entraîner des complications graves (cecité) si elle n’est pas traitée.
Chez l’homme : « Chez l’homme, la gonococcie se révèle dans la majorité des cas par une urétrite aiguë : écoulement de pus par la verge, violentes brûlures urinaires » indique le gynécologue. Les formes cliniques de la maladie atteignant la gorge ou l’anus sont souvent plus difficiles à diagnostiquer en raison de leurs symptômes particuliers.
Diagnostic de la gonococcie
Pour faire le diagnostic de gonococcie chez la femme, on ne procède plus à une analyse d’urine qui est faite, mais à un prélèvement vaginal. « Aujourd’hui, c’est un test d’auto-prélèvement vestibulaire qui est proposé dans tous les centres de dépistage : la femme fait elle-même le prélèvement avec un écouvillon« , informe le De Jean-Marc Bohbot. Les résultats du test sont connus en 24-48h. Chez l’homme, le diagnostic se fait à partir du premier jet d’urines. « Un diagnostic de gonococcie implique de faire un dépistage complet de toutes les infections sexuellement transmissibles dont le VIH » prévient le gynécologue.
Comment traiter une gonococcie ?
Le traitement consiste en un traitement antibiotique. « Une piqûre d’une céphalosporine permet une guérison en quelques jours » indique le gynécologue. « Comme le gonocoque est associé dans 25-30% des cas à infections sexuellement transmissibles comme les Chlamydia, un traitement probabiliste peut être effectué en attendant les résultats d’analyse : on associe une piqûre de pénicilline à un antibiotique anti-chlamydia par voie orale pendant quelques jours« , décrit-il. A savoir : au niveau mondial, il y a de plus en plus de résistance des antibiotiques au gonoccoque. Si un homme ou une femme a une gonococcie, son ou ses partenaire (s) doivent être traité(s) également. Une consultation de suivi est nécessaire au bout de trois jours si les symptômes persistent. Une autre consultation de suivi au bout de 7 jours est systématiquement organisée afin d’effectuer un contrôle microbiologique de la guérison (élimination de la bactérie).
Une gonococcie non traitée peut rendre une femme stérile.
Prévention : le port du préservatif
« La prévention passe par le port d’un préservatif pour tous les types de rapports sexuels, y compris les fellations qui entraînent un risque de transmission des IST dans un sens comme dans l’autre » informe le gynécologue. « Les personnes ayant des rapports sexuels non protégés doivent faire un dépistage du gonocoque au moins une fois par an » conseille-t-il.
Il est essentiel de ne pas s’auto-traiter en présence de signes génitaux (notamment pour une mycose) car plus le diagnostic de gonococcie est tardif et plus il y un risque de complications.
Quels sont les risques en cas de gonococcie ?
► Chez l’homme, si la gonorrhée n’est pas traitée, ou traitée trop tardivement, elle peut entraîner plusieurs complications : les plus fréquentes sont l’urétrite, la prostatite et l’orchi-épididymite, qui correspond à l‘inflammation d’un testicule et d’un épididyme. Non traitée, la prostatite peut évoluer vers la formation d’un abcès, et l’épididymite peut être responsable d’infertilité et d’atrophie testiculaire.
► Chez la femme : Le risque d’une gonococcie non traitée chez la femme est celui d’une stérilité. « L’infection peut toucher les trompes. La salpingite peut être à l’origine d’une stérilité mais c’est devenu une complication rare » indique le Dr Jean-Marc Bohbot. La salpingite se signale par des douleurs pelviennes, une fièvre, parfois des pertes de sang. « Une gonococcie peut aussi entraîner une bartholinite, une glande vulvaire chargée de lubrifier la vulve pendant les rapports sexuels » informe le gynécologue. Cette infection entraîne un gonflement extrêmement douloureux d’une lèvre de la vulve, une chaleur et une rougeur très importantes. Elle se traite avec un traitement antibiotique prolongé. La blennorragie est également associée à un risque accru de transmission sexuelle du VIH.
► Pendant la grossesse : l’infection gonococcique peut influer sur l’évolution de la grossesse au cours des trois premiers trimestres et augmente le risque d’accouchement prématuré. Le nouveau-né peut être contaminé pendant l’accouchement si la femme enceinte est infectée par un gonocoque. Ce sont les yeux qui sont touchés par l’infection. « Les ophtalmies purulentes du nouveau-né sont devenues exceptionnelles en France », précise le Dr Jean-Marc Bohbot.
Merci au Dr Jean-Marc Bohbot, médecin gynécologue, infectiologue, Directeur Médical de l’Institut Fournier à Paris.
Source : JDF Santé