Manifestations, agressions… Il est possible de se retrouver exposer au gaz lacrymogène. Ses effets sont immédiats : il brûle les yeux, la gorge, fait pleurer, empêche de respirer, fait tousser… Que faire ? Que contient vraiment le gaz lacrymogène ? Comment l’éviter ? En mettant son visage dans son pull ? Un foulard devant son visage ?
Qu’est-ce que le gaz lacrymogène ?
Le gaz lacrymogène est une poudre blanche, solide, à l’odeur de poivre. Ce n’est pas un vrai « gaz ». « Il est utilisé pour maîtriser des populations dans le cadre de manifestations comme on peut le voir en France et dans l’auto-défense » souligne le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de l’Association Santé respiratoire France.
Quelle est la composition du gaz lacrymogène ?
« La composition détaillée du gaz lacrymogène produit et utilisé en France n’est pas rendue publique » rappelle l’Association française de Toxicologie-Chimie dans un dossier d’information publié en 2020 qui explique cependant que selon « la principale composition connue », le gaz lacrymogène contiendrait :
- 45% d’ortho Chlorobenzylidènemalonitrile (molécule qui peut pénétrer dans l’organisme par la peau, la voie respiratoire ou le système gastro-intestinal)
- 30% de Chlorure de potassium (sel peu toxique),
- 14% de Résine Epoxy (solvant faiblement irritant)
- 7% d’Acide maléique anhydre
- 3% de 4,7-Méthanoisobenzofuran-1,3-dione.
Quels sont les effets et dangers du gaz lacrymogène ?
Le gaz lacrymogène a des effets irritants intenses et rapides au niveau des yeux, des voies respiratoires et de la peau. « Les molécules présentes dans le gaz lacrymogène interagissent avec les muqueuses, ce qui développe des composés cyanogènes, dérivés du cyanure, c’est ça qui donne les effets irritants de ce gaz » explique le Dr Le Guillou avant de préciser que « les effets dépendent de l’intensité de l’exposition et de la répétition ». Parmi ces effets, le gaz lacrymogène entraîne :
- sensation de brûlure et irritation des yeux
- larmoiement abondant
- rougeur oculaire, conjonctivite
- photophobie
- éternuements,
- rhinorrhée
- toux
- maux de tête
- sensation de brûlures de la langue, de la bouche,
- augmentation de la salivation
- difficultés à respirer
- parfois nausées, vomissements et diarrhées
- sensation de brûlure de la peau (surtout si la peau est humide) voire érythème
« Généralement, les symptômes disparaissent en moins de 15 à 30 minutes après avoir quitté la zone contaminée sauf lors d’une exposition massive ou prolongée » indique la Société française de médecine d’urgence (SFMU).
Que faire si on a du gaz lacrymogène dans les yeux ?
- Ne pas frotter les yeux car le produit serait davantage étalé sur le visage
- Rincer abondamment les régions touchées avec de l’eau froide (yeux et peau)
- Laisser les zones atteintes à l’air libre
- Si la personne porte les lentilles, elle doit se laver les mains (avec du savon) puis les retirer
Les effets du gaz lacrymogène sont-ils pires si on a des lentilles ?
Oui « l’ensemble des effets oculaires est plus sévère chez les individus porteurs de lentilles cornéennes » confirme le SFMU.
Comment se protéger du gaz lacrymogène ?
« Port de masque, foulard, lunettes font partie des gestes barrières au gaz lacrymogène » répond le Dr Le Guillou. Les personnes qui ont déjà des problèmes respiratoires doivent être particulièrement prudents :
► Les asthmatiques. « Il faut éviter d’être au contact des substances irritantes du gaz lacrymogène quand on est asthmatique car il peut y avoir une aggravation de l’asthme » prévient le pneumologue
► Les personnes allergiques aux pollens. « Etre exposé aux irritants majeurs du gaz lacrymogène en période d’allergie rajoute une couche supplémentaire aux symptômes, il peut y avoir une destabilisation de la maladie allergique » poursuit le médecin. Les allergiques doivent ainsi se protéger davantage aux effets du gaz lacrymogène quand c’est la saison des pollens « surtout s’il y a du vent car il essaime les pollens ».
Merci au Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue.
Sources :
Zoom sur les attaques à la lacrymogène, Préfecture de police de Paris, février 2021
Les traumatismes modernes : armes » dites » non létales, Urgences 2013, SFMU
Fiche sur le 2-ChloroBenzylidene Malotronile, Association Toxicologie-Chimie, Paris, 2013
Source : JDF Santé