La consommation récente ou régulière de cannabis pourrait modifier l’expression des gènes, ce qu’on appelle des modifications épigénétiques, suggère une nouvelle étude publiée le 31 mai 2023 dans la revue Molecular Psychiatry. L’expression d’un gène (un gène est un segment d’ADN dans lequel on retrouve une information génétique) est un processus vital fondamental qui correspond à l’utilisation de l’information contenue dans la séquence d’un gène pour fabriquer une protéine, essentielle au développement et à la reproduction des organismes. Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont analysé les échantillons de sang de près de 1 000 personnes ayant participé à une étude appelée Cardia sur le « Développement du risque d’artère coronaire chez les jeunes adultes ». Environ 70% d’entre eux avaient déjà consommé du cannabis au cours de leur vie et environ 13% d’entre eux au cours des 30 derniers jours. Dans la totalité des lots d’échantillons prélevés à 5 ans d’intervalle, les chercheurs ont observé 154 marqueurs de méthylation de l’ADN (l’une des modifications chimiques de l’ADN qui affecte l’expression des gènes) chez des individus qui avaient eu une consommation récente de cannabis et 47 marqueurs de méthylation de l’ADN chez des individus qui avaient eu une consommation cumulée de cannabis. Des modifications qui peuvent en effet être induites par des facteurs environnementaux ou liés au mode de vie (pollution, alimentation, tabac, drogues…). « Fait intéressant, nous avons systématiquement identifié un marqueur qui a déjà été associé à la consommation de tabac, suggérant une régulation épigénétique partagée potentielle entre la consommation de tabac et de cannabis« , commente Lifang Hou, chef de l’épidémiologie et de la prévention du cancer au Département de médecine préventive et auteur principal de l’étude, dans un document complémentaire du 20 juillet 2023. Si ces résultats fournissent de nouvelles informations sur le rôle du cannabis sur l’épigénome et les conditions de santé connexes, des études complémentaires sont nécessaires pour vérifier que la consommation de cannabis est la seule responsable de ces changements épigénétiques et si oui, pour mieux comprendre le mécanisme d’implication.
Le cannabis pourrait altérer le développement cérébral
Le cannabis est la substance psychoactive illicite la plus consommée en France, rapporte l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), avec 47.3% des adultes de 18 à 64 ans qui ont déclaré avoir déjà consommé du cannabis au cours de leur vie en 2021. Selon plusieurs études, le cannabis pourrait aider à traiter les nausées et les vomissements induits par la chimiothérapie, les douleurs neuropathiques chroniques, les affections inflammatoires, les symptômes de la maladie de Parkinson et l’épilepsie. Malgré des avantages thérapeutiques médicalement prouvés, la consommation de cannabis peut avoir des effets néfastes sur la santé, notamment à court terme (par exemple, troubles de la mémoire à court terme et de la coordination motrice, altération du jugement et symptômes psychotiques) et à long terme (par exemple, dépendance, altération du développement cérébral, troubles neurocognitifs et maladies cardiovasculaires et respiratoires).
Source : JDF Santé