Froid et santé : effets sur le corps, danger, que faire ?

[Mise à jour le 13 décembre 2022 à 18h19] Le froid est de retour en France : « Des phénomènes hivernaux sont prévus avec du verglas et de la neige jusqu’en plaine » prévient Météo France le 13 décembre et « une nouvelle baisse des températures est prévue samedi« . Le mois a débuté avec des températures sous les normales de saison. Ce froid impose au corps de faire des efforts supplémentaires. Le cœur bat plus vite pour éviter le refroidissement de l’organisme. Ce qui peut être risqué pour les plus fragiles comme les personnes âgées, les enfants et les malades chroniques. Rappel des conseils essentiels à suivre en cas de grand froid. 

Quelle est la définition d’une vague de froid ?

Une vague de froid est un épisode durable (au moins 3 jours sur le pays ou 2 jours à l’échelle d’une région) et étendu géographiquement de froid, précise Météo-France. Pour qu’un épisode soit identifié à l’échelle nationale, il faut que la température moyenne nationale descende au moins une journée sous un certain seuil (-2 °C). La vague de froid regroupe les évènements suivants :

  • Pic de froid : froid de courte durée (1 à 2 jours), présentant un danger pour la santé des populations précaires, sans domicile ou isolées, du fait de leurs conditions de vie ou de travail ; il peut être associé au niveau de vigilance météorologique jaune ;
  • Episode persistant de froid : période de froid qui dure dans le temps, constituant un danger pour les populations précaires, sans domicile ou isolées, du fait de leurs conditions de vie ou de travail ; il peut être associé au niveau de vigilance météorologique jaune
  • Grand froid : période de froid intense caractérisée par des températures ressenties minimales très basses (ordre de grandeur inférieures à -18 °C). Cette période constitue un danger pour les populations précaires, sans domicile ou isolées, du fait de leurs conditions de vie ou de travail, et potentiellement pour l’ensemble de la population exposée ; il est associé au niveau de vigilance météorologique orange ;
  • Froid extrême : période de froid avéré, exceptionnel, très intense et durable, étendue, qui entraine l’apparition d’effets collatéraux dans différents secteurs (arrêt de certaines activités…) ; il est associé au niveau de vigilance météorologique rouge.

Quels sont les effets du froid sur le corps ?

Le froid a des effets directs sur l’organisme au niveau des systèmes nerveux, endocrinien, cardiovasculaire et respiratoire. « La baisse de la température entraîne une vasoconstriction ainsi qu’une augmentation du cholestérol, du fibrinogène et de la viscosité sanguine«  rappelle l’Institut de veille sanitaire. Il y a aussi les effets indirects : les traumatismes suivant des chutes ou les accidents de la circulation liés au verglas ou à la neige, les intoxications au monoxyde de carbone (première cause de mortalité par intoxication aiguë en France) ou les brûlures liées à l’utilisation de moyens de chauffage défectueux ou dans des conditions inadaptées (en particulier dans des endroits clos ou non ventilés), et les difficultés physiques d’accès aux soins.

Comment ne pas avoir froid aux mains et aux pieds ?

Parties les plus exposées, les extrémités comme les mains et les pieds sont particulièrement sensibles au froid. Or il faut les protéger suffisamment pour éviter la formation de gerçures, des fissures douloureuses qui se développent sur les zones longuement exposées à un froid vif (moins de 0°C) qui déshydrate la peau. Dépourvue d’eau, celle-ci s’assèche et tiraille. Des sillons se creusent et les gerçures, voire les crevasses (plus profondes) apparaissent. Mais ce n’est pas le seul risque ! L’exposition des extrémités à des températures négatives entraîne une vasoconstriction des capillaires. Ce phénomène naturel de lutte contre le froid peut entraîner à terme l’apparition de lésions rouges au niveau des mains, des pieds mais aussi des oreilles ou du visage, que l’on appelle engelures. Souvent, elles sont accompagnées de démangeaisons.

En prévention :

  • Utilisez un savon surgras pour vous laver les mains et évitez les savons antiseptiques trop détergents.
  • Appliquez régulièrement pendant la journée une crème protectrice pour les mains.
  • Ne sortez jamais dans le froid sans mettre de gants adaptés au froid (pensez aussi à mettre des gants pour vos travaux ménagers).
  • Optez pour des chaussettes qui maintiennent bien la chaleur, si besoin en double-épaisseur (coton et laine, et qui ne serrent pas trop (même chose pour les chaussures). Elles comprimeraient les pieds et les rendraient plus vulnérables au froid. 
  • Utilisez des gants pour les travaux ménagers et la vaisselle.

En curatif : 

  • En cas d’engelure, le premier réflexe est de réchauffer en douceur la partie du corps affectée. Comment ? Entourez-la d’un linge chaud et humide pendant une dizaine de minutes et dans tous les cas.
  •  Pour soigner une crevasse installée, il faut appliquer une crème riche en vitamine A, B5 et E : demandez conseil en pharmacie ou à votre médecin. 
  • Evitez les grands écarts de températures, la peau étant déjà traumatisée.
  • Attention, quand les doigts deviennent blancs, engourdis, ces signes doivent vous alerter. Il est grand temps de rentrer dans un environnement chaud ! Le premier geste à faire : réchauffer la partie gelée en l’immergeant dans de l’eau tiède (38°C). Si c’est douloureux, c’est bon signe. Cette sensibilité retrouvée est le témoin d’une lésion superficielle. Mais si l’anesthésie perdure et que des cloques apparaissent, une consultation chez le médecin est nécessaire. 

Quelles maladies provoque le froid ?

Le froid provoque de façon directe des crises d’angine de poitrine chez les patients ischémiques (angor stable), des crises d’asthme (dues à la bronchoconstriction provoquée par l’inhalation d’air froid), des gelures ou des engelures, des hypothermies, des syndromes de Raynaud et des crises de drépanocytose. Le laps de temps entre l’exposition au froid et le déclenchement de la pathologie est, pour ces pathologies, très court (quelques minutes à quelques heures). Les pathologies favorisées par le froid sont :

  • les infections respiratoires,
  • les accidents vasculaires cérébraux,
  • les maladies endocriniennes (décompensation du diabète et dérèglement de la thyroïde)
  • la dépression nerveuse. 

En hiver, les virus de la grippe, de la gastro-entérite, des rhumes divers et des bronchiolites circulent aussi davantage. Sans oublier que c’est une période associée à un excès de stress lié aux fêtes de fin d’année, de fatigue par la modification de l’alimentation, de la baisse de lumière…

Qui sont les plus vulnérables au froid ?

Certaines populations sont plus vulnérables vis-à-vis du froid :

  • les populations précaires, sans domicile ou isolées,
  • les personnes qui travaillent dans des conditions les exposant au froid,
  • les enfants,
  • les personnes âgées
  • les personnes présentant certaines pathologies chroniques préexistantes (cardiovasculaires, respiratoires ou endocriniennes).

Que faire pour se protéger du froid ?

Le froid, mais aussi le vent glacé et la neige peuvent être dommageables pour la santé et causer gelures, hypothermies, crises d’asthme, angines de poitrine, etc. Il faut donc redoubler de vigilance et adopter les réflexes suivants :

  • Limitez les activités extérieures si vous faites partie des personnes à risque. Sauf nécessité impérative, évitez de sortir avec votre nourrisson en période de grand froid.
  • Limiter les efforts physiques même lorsqu’on est en bonne santé.
  • Si vous devez sortir, couvrez-vous chaudement (bonnet et écharpe pour recouvrir la bouche) et chaussez-vous avec des chaussures anti-dérapantes pour éviter les chutes. 
  • Soyez particulièrement vigilants pour les nourrissons et les enfants. Évitez de placer votre nourrisson dans un porte-bébé, susceptible de comprimer ses membres inférieurs et d’entraîner des gelures. Il est préférable que votre enfant soit transporté dans les bras, un landau ou une poussette afin qu’il puisse bouger régulièrement pour se réchauffer.
  • Si vous repérez une personne sans-abri en difficulté, contactez un service social tel que le Samu social de Paris dans la capitale, que l’on peut joindre au 115.

A la maison, faites vérifier votre système de chauffage par un professionnel. Ne surchargez pas les poêles à bois et les chauffages d’appoint, afin d’éviter les incendies et les intoxications au monoxyde de carbone. Il est recommandé de proscrire les chauffages d’appoint utilisant un combustible, pour les mêmes raisons. Maintenez une température suffisante (19°C), y compris dans la chambre et fermez les pièces non utilisées. Ne bouchez surtout pas les conduits d’aération.

​​​​​​Quels vêtements choisir quand il fait froid ?

Si vous sortez par temps froid, il est indispensable de vous couvrir suffisamment afin de maintenir constante la température de votre corps. Le plus important est :

  • de ne pas oublier de porter un bonnet car on perd jusqu’à 30% de chaleur pour la tête, 
  • de mettre une écharpe pour le cou et pour couvrir le nez et la bouche pour éviter de respirer l’air froid, 
  • des gants pour les mains et des chaussettes chaudes pour les pieds, 
  • de choisir des chaussures antidérapantes et confortables pour éviter les chutes sur un sol glissant.
  • mettre plusieurs couches de vêtements, plus un coupe-vent imperméable. Pour la première couche, préférez une matière dans laquelle vous ne risquez pas de transpirer afin de maintenir la peau bien sèche. Car si vous transpirez, votre corps sera mouillé et vous risquez de vous refroidir plus vite.

Comment garder la chaleur à la maison ?

L’équation est simple : trop de chauffage = sommeil agité. Pendant la journée et surtout la nuit, ne surchauffez pas votre intérieur (maintenez la température à un minimum de 19°C). Même si vous êtes frileuse, mieux vaut ajouter des couettes et couvertures sur votre lit que de monter les radiateurs. La chaleur a tendance à ralentir la circulation sanguine, ce qui aura des répercussions sur votre organisme. Vous risquez notamment de moins bien dormir. Par ailleurs, même s’il fait froid, l’aération quotidienne de votre intérieur est indispensable pour renouveler l’air (20 minutes par jour minimum).  Avec l’hiver, les rhumes, grippes et autres infections hivernales sont au rendez-vous. Aérer permet de lutter contre la prolifération des virus et bactéries.

    Quels sont les signes de l’hypothermie ?

    Contre le froid, le corps multiplie les mécanismes de défense pour produire de la chaleur et maintenir la température du corps à 37°C. Mais il suffit d’un épuisement ou d’un traumatisme, pour que ces mécanismes deviennent moins performants. Dès lors, le corps perd plus de chaleur qu’il n’en produit. Du coup, il se refroidit, c’est l’hypothermie. Celle-ci se définit par une baisse de la température centrale du corps au-dessous de 35°C. Bien que ce soit un phénomène rare, l’hypothermie est un trouble sournois qui s’installe rapidement sans que l’on s’en rende compte et qui peut être fatal. La vigilance est donc de mise. 

    L’hypothermie n’apparaît que lors d’une immobilisation prolongée dans le froid. Les randonneurs blessés et les sans-abri sont particulièrement exposés. Mais, les personnes âgées ou malades, les enfants, les femmes enceintes et toute personne prenant des psychotropes (alcool, somnifères…) sont également concernées. A savoir : l’hypothermie constitue un danger immédiat lorsque la température de la maison n’excède pas les 15°C. Voici les signes à ne pas négliger quand il fait très froid : 

    •  Hypothermie légère (35 à 32°C) : la personne a froid, elle frissonne et a la chair de poule. Elle se sent engourdie. Sa respiration et son pouls s’accélèrent.
    • Hypothermie modérée (32 à 28°C) : la peau devient pâle et froide. Les lèvres et les extrémités bleuissent. Les membres ont perdu de leur souplesse. La victime commence à avoir des troubles du comportement ou des propos inappropriés. L’élocution peut être difficile. Elle ne frissonne plus.
    • Hypothermie sévère (28 à 25°C) : la respiration et le rythme cardiaque sont pratiquement indétectables. La mort par arrêt cardiaque peut survenir à tout moment. 

    La diminution de la température ambiante augmente le risque d’infarctus.

    Peut-on faire du sport quand il fait très froid ?

    Le froid demande des efforts supplémentaires à notre corps et notamment à notre cœur qui bat plus vite pour éviter le refroidissement. Ainsi en période de grand froid, mieux vaut limiter les efforts physiques car cela pourrait aggraver d’éventuels problèmes cardiovasculaires. La diminution de la température ambiante augmente notamment le risque d’infarctus du myocarde. Selon une étude britannique publiée dans le British Medical Journal et menée dans 15 villes d’Angleterre et du Pays de Galles entre 2003 et 2006, chaque degré de baisse de la température ambiante est associé à une augmentation du risque d’infarctus du myocarde à court terme (de 2% au cours des 28 jours suivants). Les personnes les plus âgées et celles déjà atteintes de maladie coronarienne étant les plus vulnérables à ces baisses de température.

    A noter que si votre enfant est asthmatique, il doit éviter les exercices sportifs à l’extérieur, particulièrement en cas d’asthme instable, d’asthme d’effort ou déclenché par le froid. Pour éviter les crises et limiter les risques, veillez à ce que votre enfant ait toujours son traitement sur lui. 

    Sources :

    Guide national relatif à la prévention et à la gestion des impacts sanitaires et sociaux liés aux vagues de froid. 2018-2019

    Froid et Santé. Institut de veille sanitaire, 


    Source : JDF Santé