Les frelons asiatiques que l’on retrouve en France font partie de l’espèce « Vespa velutina« . Il se distingue du frelon européen « Vespa crabro » et du « frelon asiatique géant » ou « Vespa mandarinia » (connu au Japon parce qu’il tue une quarantaine de personnes par an). « Le frelon asiatique est arrivé dans notre pays par accident en 2004, puis s’est bien implanté dans notre environnement, commence Stéphane Gayet, infectiologue. Il a les mêmes exigences biologiques que le frelon européen. Il est un peu plus petit (environ 3 centimètres) mais peut facilement être repéré grâce à sa couleur très foncée« . Comment reconnaître un frelon asiatique ? Quelle est sa taille ? Est-ce que la piqûre du frelon asiatique est mortelle ? Que faire en cas de piqûre ?
A quoi ressemble un frelon asiatique ?
Le frelon asiatique ressemble à une grosse guêpe de couleur foncée qui mesure 3 centimètres environ. Le frelon européen est plus gros (4 cm).
► Son thorax est brun-noir et velu
► Ses pattes sont jaunes aux extrémités
► Sa tête est noire et la face jaune orangé
C’est quoi le frelon asiatique géant ?
Le Vespa Mandarinia ou « frelon asiatique géant » a été décrit au 19e siècle par l’Anglais Frederick Smith. Il est surtout présent en Chine, Japon, Corée, Russie, Inde, Népal, Birmanie, Laos et Malaysie. Il a été repéré aux Etats-Unis en 2020. « Ce frelon-géant mesure 2,5 à 4 cm pour les ouvrières et 4,5 à 5,5 cm pour les reines » indique Quentin Rome, Responsable « Frelon asiatique & Hyménoptères » au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.
Le frelon géant est souvent confondue avec une scolie.
Il aurait été repéré en France en 2005, dans le Var, comme le soulignait un rapport de Toxico-vigilance du Centre antipoisons de 2009, mais selon notre interlocuteur qui s’occupe du suivi du frelon asiatique en France depuis 2005 et qui reçoit régulièrement des signalements du frelon géant « il s’agit à chaque fois d’une Scolie ou d’une reine de frelon d’Europe. Je pense qu’on peut être certain que cette première observation de 2005 correspondait à une de ces deux espèces ». Les statistiques japonaises concernant le Vespa Mandarinia rapportent 30 à 50 décès annuels dont 90 à 95% liés à une allergie. « Par contre, ils observent tous les ans des décès par atteintes multi-viscérales lors de piqûres multiples avec rhabdomyolyse, insuffisance rénale et hépatique, infarctus multiples, détresse respiratoire. Ce sont des tableaux très sévères bien plus fréquents qu’en Europe » indiquent les auteurs. Comme l’espèce est plus grosse (donc avec plus de venin) et plus agressive, il est difficile de dire si le venin est plus toxique que celui de l’espèce que nous avons en France ou si les victimes reçoivent plus de venin à cause de la taille et du comportement de l’insecte.
Quel est le danger du frelon asiatique ?
« Aucun animal n’est agressif s’il ne se sent pas menacé, souligne Quentin Rome. Chez les guêpes, frelons, abeilles… C’est à la proximité du nid (moins de 5 m) ou en essayant de les attraper que l’on risque de se faire piquer. Sinon, quelle que soit l’espèce, elle préférera la fuite. » C’est donc une piqûre de défense quand elle survient : « Le frelon asiatique n’attaque pas par plaisir, car il risque de mourir quand il pique. Si le dard reste planté, il peut se vider de son sang », poursuit Stéphane Gayet. Tout comme le frelon d’Europe, il chasse des insectes et araignées pour nourrir ses larves. Si sa nuisance à l’écosystème n’est pas démontrée, « c’est un facteur d’affaiblissement supplémentaire de l’abeille domestique, donc son impact sur l’apiculture n’est pas négligeable » indique Quentin Rome.
« Il est déconseillé d’appliquer de la glace et d’utiliser un aspi-venin en cas de piqûre. »
Que faire en cas de piqûre de frelon asiatique ?
« La piqûre de frelon, c’est comme la piqûre de guêpe mais, plus marquée et douloureuse« , explique l’infectiologue. Ensuite peut venir un gonflement local. « En cas de piqûres multiples (plus de 20), il peut y avoir des maux de tête » précise Quentin Rome. Si on sait que la personne est allergique (les symptômes peuvent être de l’urticaire, rougeurs, démangeaisons, gonflement généralisés, œdème de la langue ou des voies respiratoires (pression thoracique, cyanose = coloration bleuté de la peau), chute de tension, vertiges, nausées, vomissements, diarrhée), il faut immédiatement appeler le Samu (15). Quand on est piqué par un frelon, « il est déconseillé d’appliquer de la glace et d’utiliser un aspi-venin, prévient Quentin Rome. Il faut par contre privilégier d’approcher une source de chaleur qui détruit le venin. » Il faut aussi désinfecter avec du savon ou autre « car cela provoque souvent une petite infection locale ».
► Retirez vos bagues en cas de piqûre à la main, désinfectez à l’eau et au savon et éventuellement avec un antiseptique. Approcher une source de chaleur (sèche-cheveux, cigarette), en évitant de vous brûler, peut permettre de diminuer la douleur.
► Si piqûre dans la bouche, la gorge, piqûres multiples (plus de 20) ou si les symptômes locaux s’aggravent, consulter d’urgence un médecin.
Est-ce qu’on peut mourir d’une piqûre de frelon asiatique ?
Dans la très grande majorité des cas, ce n’est pas une piqûre mortelle. « Je n’ai connaissance d’aucun cas de mort par envenimation (piqûres multiples sans allergie) chez les guêpes et frelons, rapporte Quentin Rome. Les colonies de frelons et guêpes ne sont pas assez populeuses, toutes ne vont pas piquer, et il faudrait plusieurs centaines de piqûres pour risquer la mort, en dehors de l’allergie. » C’est en cas d’allergie au venin des hyménoptères (la famille des guêpes) que le risque de décès est majoré. Chez les bébés et jeunes enfants « les piqûres peuvent provoquer un œdème ou faire baisser leur tension. Les jeunes enfants peuvent en mourir, il faut donc immédiatement contacter les secours« recommande Stéphane Gayet.
Un nid de frelon fait la taille d’une orange au début et peut atteindre 60 cm de diamètre.
Que faire si j’ai un nid de frelons à la maison ?
Le risque principal des frelons asiatiques vient des nids de frelons à proximité des maisons. Au début, le nid est petit, sphérique de la taille d’une orange puis grossit progressivement jusqu’à atteindre la taille d’un ballon de football en été chez le frelon asiatique. « En été, 70% des colonies déménagent vers un nouveau nid (secondaire) généralement situé en hauteur dans les arbres mais 30% restent dans leur nid primaire (qui pourra atteindre comme les autres 60 cm de diamètre en moyenne en début d’automne) » explique Quentin Rome. Ce sont les nids construits à hauteur d’homme qui présentent le plus de dangers, quelle que soit leur taille, puisque le risque majeur est l’allergie résultant d’une piqûre dont le risque est augmenté si l’on s’approche trop près d’un nid. Respectez une distance de sécurité de 5 m du nid.
Si le nid est proche d’une habitation : on peut appeler les pompiers. « Ils ne détruisent les nids que s’il y a un risque immédiat ou s’il n’y a pas de désinsectiseur » précise Quentin Rome. Le coût de la destruction des nids peut éventuellement être pris en charge par la collectivité (mairie, département…), il est très variable. Sinon il faut faire appel à des sociétés privées ce qui peut avoir un coût élevé, demandez avant. « Il faut savoir qu’une grande partie de la population ne découvre les gros nids de frelons qu’à la chute des feuilles des arbres en fin d’automne alors qu’ils étaient présents depuis au moins le mois de juin » rapporte le spécialiste.
Merci à Stéphane Gayet, infectiologue et Quentin Rome, Responsable « Frelon asiatique & Hyménoptères » à l’UMS PatriNat
Muséum national d’Histoire naturelle (Paris).
Source : JDF Santé