Fertilité après un cancer : chimiothérapie, règles, être enceinte

On parle d’hypofertilité lorsqu’une femme a des difficultés à procréer et de stérilité lorsqu’elle ne pourra pas être enceinte. Les traitements contre les cancers gynécologiques altèrent les fonctions des organes, ce qui conduira dans certains cas à la stérilité de la femme. « Les traitements du cancer peuvent altérer la fertilité chez les femmes de différentes manières. Concernant les cancers gynécologiques, lorsque le traitement consiste à retirer l’organe malade (ovaire, utérus, trompes de Fallope) alors la femme ne pourra plus procréer naturellement« , explique en préambule Nasrine Callet, gynécologue, contactée par le Journal des Femmes. Et les autres traitements ? La chimiothérapie ? La radiothérapie ? Quelles chances de procréer après un cancer ?

Est-ce que la chimiothérapie impacte la fertilité chez la femme ?

La chimiothérapie impacte transitoirement ou durablement le système reproductif des femmes, en fonction de la dose, de la durée et de la nature des produit utilisés. Ce traitement endort les ovaires, qui ne remplissent alors plus leurs fonctions. « Dans le cadre du cancer du sein ou des leucémies notamment, les drogues utilisées contre le cancer sont extrêmement toxiques pour les ovaires« , précise le Dr Callet. La grande majorité des chimiothérapies a un impact, plus ou moins important, sur la fertilité. « En effet, ce traitement agit sur les cellules à renouvellement rapides – les cellules du cancer donc. Les cellules des ovaires se renouvellent aussi rapidement et sont donc également impactées », ajoute-t-elle.

​​​​​​Est-ce que la chimiothérapie impacte la fertilité chez l’homme ?

Si les effets de la chimiothérapie sont variables d’un homme à l’autre, elle peut effectivement affecter la fertilité masculine à long terme. Tout comme la radiothérapie ciblée sur la zone pelvienne notamment et la chirurgie dans cette même zone.  La conservation des spermatozoïdes avant les traitements contre le cancer, est une méthode simple et efficace, lorsque le patient est pubère. Chez un patient non-pubère, « une intervention chirurgicale est programmée pour prélever un fragment de tissu germinal, qui sera amené au laboratoire pour être congelé. La réutilisation de ces fragments de tissus pourra être demandée par le patient une fois adulte », explique le CHU de Nantes sur son site Internet.

​​​​​​​Est-ce que la radiothérapie impacte la fertilité ?

Toujours dans le cadre du traitement d’un cancer gynécologique, « la radiothérapie stérilise l’ensemble du petit bassin, également appelé pelvis (où se trouvent l’utérus, les trompes, les ovaires et le vagin, ndlr) », note la spécialiste.

Quelles sont les chances d’être enceinte après un cancer ?

« Plus le cancer est dépisté tôt, moins le traitement est invasif, plus les chances de rémission, et de procréer par la suite, sont élevées, explique Nasrine Callet. C’est aussi pour conserver la fertilité que le dépistage précoce du cancer est important« .

Quand reviennent les règles après un cancer ?

Le retour des règles après un cancer relève, là encore, du cas par cas. Comme vu plus haut, durant la chimiothérapie, les femmes n’ont pas leurs règles car ce traitement agit sur le fonctionnement des ovaires. « La patiente peut ensuite retrouver un cycle régulier ou non. La fertilité naturelle peut revenir après une chimiothérapie, surtout chez les femmes jeunes« , note notre experte. En effet, plus les femmes sont jeunes, plus leur stock d’ovocytes est conséquent. Tandis qu’après 35/40 ans, le stock d’ovocytes d’une femme diminue largement. « Le retour des règles et la fertilité dépend aussi de l’impact psychologique du cancer sur la patiente, de l’impact du traitement (durée, dose, nature des produits…) et de son âge… ces raisons expliquent que les règles peuvent parfois ne pas revenir. Il n’y a aucune certitude en la matière », précise la gynécologue.

Comment améliorer la fertilité après un cancer ?

« Il est important de parler de fertilité et de préservation de la fertilité dès que le cancer est diagnostiqué, même si ce n’est effectivement pas la priorité des femmes à ce moment-là. En France, on peut congeler les embryons ou les ovocytes », souligne notre interlocutrice. 

► La vitrification ovocytaire : à l’exception des cancers du sein hormonodépendants, ce mode de préservation de la fertilité consiste à stimuler hormonalement les ovaires afin de recueillir des ovocytes. La patiente pourra alors avoir recours à fécondation in vitro une fois qu’elle sera rétablie. Cette technique « doit donc être validée par l’équipe oncologique en raison de l’hyperoestrogénie qu’elle induit, ainsi que des délais de traitement« , écrit l’institut Curie.

► La FIV suivie d’une conservation des embryons : « Il s’agit de réaliser une fécondation in vitro et de congeler des embryons obtenus. Ceux-ci pourront être transférés après la fin des traitements si la patiente souhaite une grossesse. Cette technique peut être indiquée pour les patientes adultes, en couple, envisageant un projet parental. Ses limites sont l’âge et la nécessité d’une stimulation hormonale », explique le centre de recherche contre le cancer.

Pourquoi la stimulation hormonale peut-elle être dangereuse ?

« Dans le cadre d’un cancer du sein, on ne stimule pas avec des hormones par peur d’activer les cellules cancéreuses. Toutefois, il est existe des produits spécifiques pour stimuler les ovaires et recueillir les ovocytes. La chimiothérapie débute alors tout de suite après« , précise encore Nasrine Callet.

« Il est important que la personne soit guérie ou en rémission complète pour envisager une grossesse »

Une grossesse est-elle envisageable pendant une chimiothérapie ?

« Non, ces traitements sont trop toxiques. De fait une grossesse est inenvisageable durant le traitement, résume la gynécologue. On sait que la chimiothérapie endort les ovaires dans la plupart des cas, mais on donne malgré tout une contraception chez les femmes en âge de procréer. Il est très important de ne pas être enceinte avec ces traitements car ils peuvent être responsables de malformations chez le fœtus« . De plus, la patiente doit observer un délai variable après la fin des traitements pour envisager une grossesse. « De manière générale, quelque soit le type de cancer et quelque soit le type de traitement, il est important que la personne soit guérie ou en rémission complète pour envisager une grossesse. Un recul suffisant doit donc être observé : cela va dépendre du type de cancer et de sa gravité . L’autorisation est donnée lors d’une réunion de compétences puridisciplinaires« , conclut Nasrine Callet.

Merci au Dr Nasrine Callet, gynécologue à l’Institut Curie


Source : JDF Santé