Fatigue après une anesthésie générale : combien de temps ?

En France, environ 10 millions d’anesthésies générales sont pratiquées chaque année. La fatigue après une anesthésie générale est un phénomène fréquent, mais difficile à mesurer. Pourquoi l’anesthésie générale cause de la fatigue ? Comment se manifeste la fatigue après une anesthésie générale ? Combien de temps dure-t-elle ?

Comment se manifeste la fatigue après une anesthésie générale ?

La fatigue est l’un des principaux symptômes constatés après une anesthésie générale. Elle peut s’accompagner de troubles du sommeil et de somnolence durant la journée, et limiter la reprise des activités professionnelles ou autres, voire entraîner des accidents s’il n’y a pas d’accompagnant à la sortie. « Elle peut également entraîner des pertes de mémoire dans des cas d’intervention lourdes chez les personnes âgées. Certains types d’intervention, par exemple la chirurgie cardiaque est assez pourvoyeuse de troubles de mémoire post-opératoire« , précise le spécialiste.

Combien de temps dure la fatigue après une anesthésie générale ?

La fatigue après une anesthésie générale est un phénomène fréquent, mais difficile à mesurer. « En fonction de différents paramètres, elle peut être ressentie pendant une journée, jusqu’à 3 mois au maximum chez 1 % des gens environ« , explique Aurélien Jacquemod, anesthésiste à Paris. « En général, cet état de fatigue ne dure que quelques jours. Ceux qui le ressentent plusieurs mois sont uniquement les personnes âgées. C’est pour cela qu’en général, on évite de faire des anesthésies générales chez les plus de 60 ans. Quand on le peut, on essaye de faire des anesthésies locales. » Une anesthésie entraînant souvent des fatigues ou des étourdissements, c’est aussi pour cela qu’il y a des critères de sortie précis des hôpitaux, et qu’il faut un accompagnant.

Pourquoi l’anesthésie générale cause de la fatigue ?

C’est la même chose que pour les personnes qui prennent longtemps des somnifères

La fatigue peut être plus ou moins présente après une anesthésie générale, en fonction des molécules utilisées, de l’état de santé et de fragilité de la personne ayant subi l’anesthésie, mais aussi du type d’intervention réalisée et de la durée de l’anesthésie. « Le principal critère est l’âge du patient, explique Aurélien Jacquemod. Après 60 ans, 20 % des patients environ ressentent cette fatigue« . Le second critère qui va influencer cette fatigue est la lourdeur de l’intervention : « Plus l’intervention est longue, plus la fatigue va se faire ressentir. De plus, le type d’opération va définir la nécessité ou non d’induire un sommeil profond, qui influencera forcément sur la fatigue à la sortie« , ajoute-il.

Comment éviter la fatigue après une anesthésie ?

Le repos est bien sûr recommandé après une anesthésie générale, mais aucun médicament ne permet de réduire la fatigue. Des vitamines peuvent éventuellement être conseillées. Aurélien Jacquemod, lui, rappelle que le meilleur moyen pour éviter cela est de pratiquer une anesthésie allégée quand cela est possible : « Elle se pratique en associant une anesthésie générale avec une anesthésie de la zone opérée. Ainsi, le cerveau reçoit moins d’informations douloureuse, et on a besoin de faire une anesthésie moins profonde« . La deuxième méthode est de mesurer la profondeur du sommeil : « Il y a une méthode qui s’appelle l’indice bispectral (BIS). Cela permet de mesurer la profondeur du sommeil, on évite ainsi de « surdoser » l’anesthésie et d’avoir beaucoup d’effets secondaires« . A noter que ces techniques sont à discuter avec votre anesthésiste, qui sont à privilégier ou à éviter en fonction des cas.

Quels sont les effets secondaires du propofol ?

Une étude menée par le CNRS et l’Inserm a montré que l’anesthésie par Propofol (utilisé en pratique courante) perturbait l’horloge interne cérébrale et induisait un effet de type décalage horaire. Le docteur Aurelien Jacquemod explique cela : « Le Propofol a plutôt des propriétés désinhibantes à faible dose. Mais c’est l’agent anesthésique qu’on utilise dans 100% des cas en dehors des situations urgentes. De manière générale, tous les agents anesthésiques perturbent l’horloge interne, puisqu’ils forcent le sommeil artificiel par un mécanisme chimique« . L’anesthésiste fait d’ailleurs remarquer que « c’est la même chose pour les personnes qui prennent longtemps des somnifères : ensuite, le cerveau a besoin de temps pour retrouver son rythme normal de sommeil« .

Merci à Aurélien Jacquemod, anesthésiste à Paris.


Source : JDF Santé