Facteur rhumatoïde : taux normal, augmenté, dosage

Le facteur rhumatoïde (FR) est un auto-anticorps qui s’attaque aux gammaglobulines IgG, des cellules présentes dans notre organisme. Peu fiable, peu spécifique et peu précis, ce test sanguin, à l’origine utile pour détecter la polyarthrite rhumatoïde, n’est aujourd’hui presque plus pratiqué. Quel test le remplace ? Que signifie un FR positif ? Négatif ?

C’est quoi le facteur rhumatoïde ?

Le facteur rhumatoïde est une protéine anormale possédant une activité d’auto-anticorps, c’est-à-dire qu’il va s’attaquer contre les propres cellules de notre organisme, les gammaglobulines IgG.

Comment doser le facteur rhumatoïde ?

Le facteur rhumatoïde se mesure à l’aide d’une prise de sang qui ne nécessite pas d’être à jeun, sauf si le bilan comprend une mesure de la glycémie ou d’autres tests nécessitant d’être à jeun. 

Pourquoi demande-t-on un dosage du facteur rhumatoïde ?

« On recherche les facteurs rhumatoïdes lors d’une suspicion de polyarthrite rhumatoïde, mais aujourd’hui, ce test n’est presque plus pratiqué« , explique le Professeur Francis Berenbaum, Chef du Service de Rhumatologie à l’Hôpital Saint-Antoine de Paris. « Il reste tout de même quelques demandes, mais on n’en tire plus d’information. » Il y a deux raisons à cela : « Le facteur rhumatoïde n’est pas toujours présent en début de maladie, et seul 80% des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde en ont. » De plus, il peut être présent lors d’autres pathologies telles que des infections chroniques ou d’autres maladies inflammatoires comme le syndrome dit sec (maladie de Gougerot-Sjögren). « Au final, le test est trop peu précis : il n’a donc pas valeur de diagnostic, 20 % des malades n’ayant pas de facteur rhumatoïde. Aujourd’hui, les anticorps anti-CCP sont beaucoup plus spécifiques de la maladie. » La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune, qui entraîne des douleurs articulaires et une inflammation de plusieurs articulations à la fois. Elle touche le plus souvent les mains, les poignets, les genoux. Ces articulations gonflent et deviennent douloureuses. Sans traitement, ces articulations ont tendance se déformer progressivement petit à petit. Le dosage sanguin permet également d’estimer l’intensité de l’inflammation retrouvée au cours de la polyarthrite rhumatoïde et d’en surveiller l’évolution. En effet, l’évolution de cette maladie est très variable d’une personne à l’autre.

Quelle est la valeur normale du facteur rhumatoïde ?

On admet qu’en dessous de 20 UI/ml, le facteur rhumatoïde est normal. 

Que signifie un facteur rhumatoïde positif ? 

Le seuil de positivité est d’environ 20 UI/L, mais cela dépend également des techniques utilisées par le laboratoire. Il faut rappeler que les facteurs rhumatoïdes sont absents dans 20% des cas de polyarthrite rhumatoïde, « c’est pourquoi on fait une recherche d’anticorps anti-CCP, bien plus systématique de la maladie », insiste le professeur. De plus, « il existe des polyarthrites avec ce test négatif, mais ça marche aussi dans l’autre sens : on peut avoir un faux positif « . Les facteurs rhumatoïdes sont présents dans d’autres pathologies :

  • Leucémie
  • Lymphome
  • Mononucléose
  • Tuberculose
  • Maladies pulmonaires inflammatoires (sarcoïdose)
  • Lupus
  • Arthrite juvénile
  • Sclérodermie
  • Hépatite C

Que signifie un facteur rhumatoïde négatif ?

Un résultat négatif ne peut pas permettre d’éliminer un diagnostic. Rappelons qu’il existe des cas de polyarthrites qui montrent pourtant un test négatif. 

Qu’est-ce que le dosage des anticorps anti-CCP, qui remplace le facteur rhumatoïde ?

« Les anticorps anti-CCP, pour anti-peptides cycliques citrullinés, sont d’autres auto anticorps présents chez 90% personnes présentant une polyarthrite rhumatoïde. Ils sont très spécifiques : il n’y a quasiment aucune autre maladie qui engendre ces anticorps », précise Francis Berenbaum. Ainsi, ce test permet de différencier la polyarthrite rhumatoïde des autres types d’arthrite. De plus, les anticorps anti-CCP apparaissent plus précocement : ils sont détectables quelques années avant l’apparition des premières manifestations. Pour cette raison, un test anti-CCP positif permet de mettre en place une stratégie thérapeutique la plus efficace possible et le plus tôt possible.

Merci au Professeur Francis Berenbaum, Chef du Service de Rhumatologie à l’Hôpital Saint-Antoine de Paris.


Source : JDF Santé