Endométrite : symptômes, traitement, complications

Quelle est la définition d’une endométrite ? 

L’endométrite est une inflammation de la muqueuse de l’utérus, appelée endomètre. « Elle survient généralement comme une infection bactérienne ascendante, lorsque des bactéries provenant du vagin ou du col de l’utérus remontent vers l’utérus, explique le Professeur Elodie Chantalat, chirurgien gynécologique. L’endométrite est plus fréquente après un geste endo-utérin (hystéroscopie, biopsie, curetage), un accouchement, une fausse couche, une IVG avec rétention, ou après la mise en place d’un DIU (stérilet), mais elle peut également se produire sans cause apparente« . Les bactéries les plus couramment impliquées dans l’endométrite sont des bactéries intestinales normales telles que Escherichia coli (E. coli), Streptococcus, Staphylococcus, et d’autres germes anaérobies. « Les symptômes courants de l’endométrite comprennent de la fièvre, des douleurs abdominales basses ou pelviennes, une sensation de malaise général, un écoulement vaginal anormal, parfois avec une odeur désagréable, des menstruations anormales ou une sensibilité ou douleur à la palpation de l’utérus ». « Si l’endométrite n’est pas traitée, elle peut entraîner des complications potentiellement graves, telles que l’abcès pelvien, l’infertilité (par accolement des parois de l’utérus, obstruction des tropes…), et, dans de rares cas, une infection généralisée potentiellement mortelle appelée septicémie« . Le diagnostic d’endométrite est généralement basé sur les symptômes, l’examen clinique et des tests complémentaires tels que des analyses de sang, des prélèvements vaginaux ou cervicaux pour une culture bactérienne, ou une échographie pour évaluer l’état de l’utérus. « Le traitement de l’endométrite implique généralement l’administration d’antibiotiques pour éliminer l’infection bactérienne. Dans les cas graves, une hospitalisation peut être nécessaire, surtout si une intervention chirurgicale est requise pour drainer un abcès ou réaliser l’exérèse d’un tissu infecté« .

L’endométrite est-elle aigue ou chronique ? 

L’endométrite peut être à la fois aiguë et chronique, en fonction de la durée et de la nature de l’infection.
L’endométrite aiguë se développe rapidement et se caractérise par une inflammation intense de la muqueuse de l’utérus. « Elle survient généralement après un accouchement, une fausse couche, un avortement ou une intervention chirurgicale, poursuit le Professeur. L’endométrite aiguë est souvent causée par des bactéries pathogènes, telles que des agents infectieux spécifiques à l’environnement hospitalier (infections nosocomiales) ou des infections sexuellement transmissibles, comme la chlamydia ou le gonocoque« .
► L’endométrite chronique, quant à elle, est une forme prolongée ou récurrente d’inflammation de l’endomètre. « Elle peut se développer à la suite d’une endométrite aiguë non traitée ou d’infections récurrentes. Dans certains cas, l’endométrite chronique peut être due à des infections à bas grade, à des déséquilibres bactériens ou à d’autres causes non infectieuses ». « L’endométrite aiguë nécessite souvent un traitement immédiat, probabiliste et couvrant plusieurs germes avec des antibiotiques pour prévenir les complications graves« . Si l’endométrite devient chronique, le traitement peut être plus complexe et nécessiter une évaluation approfondie pour identifier les causes sous-jacentes et les facteurs contributifs.

Quels sont les symptômes d’une endométrite ? 

Les symptômes courants de l’endométrite reposent notamment sur une température corporelle élevée généralement supérieure à 38 °C et des douleurs localisées dans la partie inférieure de l’abdomen ou de la région pelvienne. « Les douleurs peuvent être constantes ou intermittentes et peuvent être décrites comme des crampes ou une sensation de pression« , précise notre interlocutrice. Un écoulement vaginal inhabituel peut être présent. « Il peut être plus épais, jaunâtre ou verdâtre, et avoir une odeur désagréable« . Des menstruations plus abondantes, plus douloureuses ou irrégulières peuvent aussi survenir. « Lors de l’examen physique, le médecin peut constater une sensibilité ou une douleur à la palpation de l’utérus avec un toucher vaginal et une mobilisation utérine très douloureux« . La patiente peut aussi ressentir une sensation de malaise général, de la fatigue, une perte d’appétit ou une sensation de faiblesse. Enfin, dans certains cas, l’endométrite peut également provoquer des symptômes généraux tels que des frissons, des nausées, des vomissements ou des maux de tête.

Quelle est la cause d’une endométrite ? 

Cette infection peut être provoquée par des germes (gonocoques, chlamydia, mycoplasme) présents au niveau du vagin. « L’endométrite arrive souvent après un accouchement, c’est pourquoi on parle parfois d’endométrite post-partum, souligne le Pr Chatalat. Mais elle peut également survenir dans les suites d’un geste endo-utérin ou de la mise en place d’un stérilet ». Ces procédures peuvent introduire des bactéries dans l’utérus, augmentant ainsi le risque d’infection. La cause principale de l’endométrite est une infection bactérienne ascendante, ce qui signifie que des bactéries pénètrent dans l’utérus à partir du vagin ou du col de l’utérus. « Les bactéries normalement présentes dans le vagin peuvent remonter dans l’utérus et provoquer une inflammation de l’endomètre« . Parmi les autres facteurs qui augmentent le risque de développer, on peut citer certaines infections sexuellement transmissibles (IST), telles que la chlamydia et la gonorrhée. « Ces infections sont généralement causées par des bactéries et peuvent se propager à l’utérus lors de rapports sexuels non protégés« . De même, si les membranes qui entourent le fœtus dans l’utérus se rompent prématurément, cela peut faciliter l’entrée de bactéries dans l’utérus et augmenter le risque d’endométrite. « Enfin, l’utilisation d’instruments médicaux non stériles pendant les procédures impliquant l’utérus peut entraîner une contamination bactérienne et le développement d’une endométrite« . Il est important de noter que l’endométrite peut également être causée par d’autres types d’infections, tels que des infections fongiques ou virales, bien que cela soit moins fréquent.

L’endométrite sévère et non traitée peut entraîner une septicémie

Comment pose-t-on le diagnostic d’une endométrite ? 

Le diagnostic d’endométrite peut être posé en combinant plusieurs éléments, notamment les antécédents médicaux, les symptômes rapportés par le patient, l’examen clinique et des tests complémentaires. « Le médecin va tout d’abord poser des questions sur les symptômes, les antécédents médicaux, les procédures récentes impliquant l’utérus, l’activité sexuelle…, détaille notre interlocutrice. Il effectuera ensuite un examen physique pour évaluer la sensibilité de l’utérus, rechercher des signes d’infection et évaluer d’autres symptômes associés« . Des tests sanguins peuvent être effectués pour vérifier les marqueurs inflammatoires tels que la numération globulaire complète (NFS), la vitesse de sédimentation (VS) et la protéine C réactive (CRP). « Des niveaux élevés de ces marqueurs peuvent indiquer une infection ou une inflammation« . Des échantillons de sécrétions vaginales ou cervicales peuvent être prélevés pour effectuer une analyse microbiologique et déterminer si une infection bactérienne est présente. « Cela peut inclure une culture bactérienne pour identifier les organismes responsables de l’infection« . Une échographie pelvienne peut être réalisée pour évaluer l’utérus et les structures environnantes. « Cela peut aider à identifier des signes d’inflammation, tels que l’épaississement de l’endomètre, la présence de liquide dans l’utérus ou dans la cavité pelvienne, ou la présence d’abcès ». Un scanner peut compléter l’exploration si l’échographie est peu contributive.

Quelles sont les complications possibles ?

L’endométrite non traitée ou mal traitée peut entraîner diverses complications potentiellement graves. « Cela peut conduire à la formation d’un abcès pelvien, qui est une collection de pus dans la région pelvienne« , alerte le Professeur Elodie Chantalat. Cela peut nécessiter un drainage chirurgical. « L’infection de l’endomètre peut aussi se propager à la membrane qui recouvre les organes abdominaux, appelée péritoine, entraînant une péritonite. Cela peut causer une douleur abdominale sévère, une distension abdominale et nécessiter une intervention chirurgicale d’urgence« .
L’endométrite sévère et non traitée peut entraîner une infection généralisée (septicémie). « Cela peut provoquer une défaillance de plusieurs organes et mettre la vie en danger« . Des complications pendant la grossesse sont possibles, « notamment la rupture prématurée des membranes, le travail prématuré, l’infection néonatale et les fausses couches« .

 Quel traitement pour soigner une endométrite ? 

Le traitement de l’endométrite implique généralement l’utilisation d’antibiotiques pour éliminer l’infection bactérienne responsable de l’inflammation de l’endomètre. « Les antibiotiques sont administrés par voie intraveineuse pendant une période de 24 à 48 heures dans un environnement hospitalier ou, dans certains cas, par voie orale si l’infection est légère et ne présente pas de signes de complication« , note la gynécologue. La durée du traitement antibiotique varie généralement de 7 à 14 jours, selon la gravité de l’infection, les bactéries impliquées et la réponse du patient au traitement. En plus des antibiotiques, des médicaments pour soulager la douleur et la fièvre peuvent être prescrits. « Le retrait d’un stérilet peut s’avérer nécessaire, de même qu’une prise en charge chirurgicale dans le cadre d’une endométrite compliquée (abcès tubaire et/ou ovarien, péritonite) ».

Merci au Professeur Elodie Chantalat, chirurgien gynécologique et anatomiste au CHU de Toulouse.


Source : JDF Santé