L’électrostimulation transcutanée (TENS) est une technique dont l’objectif est de soulager la douleur, et notamment les douleurs chroniques. Elle désigne le fait d’appliquer des électrodes sur la peau qui envoient des courants électriques. L’électrostimulation revêt différents intérêts thérapeutiques. Comment fonctionne l’électrostimulation ? Quels sont les risques ?
Définition : c’est quoi l’électrostimulation ?
L’électrostimulation transcutanée (TENS) fait partie des méthodes non pharmacologiques et non invasives visant notamment à soulager la douleur. Elle emploie généralement des courants électriques appliqués à la peau. Les appareils d’électrostimulation transcutanée sont généralement petits, alimentés par batteries et comprennent deux électrodes. Les électrodes sont des câbles qui envoient le courant électrique. (Les électrodes sont l’interface entre la peau et le câble). En règle générale, les deux électrodes de l’appareil sont reliées à la peau du patient, au niveau de la zone douloureuse. Pour les affections longues ou chroniques ou si le traitement l’exige, le médecin ou kinésithérapeute expliquent au patient comment les utiliser, afin qu’il puisse s’en servir à domicile.
Le TENS exploite un courant électrique de faible tension transmis aux nerfs par des électrodes placées sur la peau. Son intensité et la fréquence des pulsations peuvent varier. « Il n’y a pas de risque de brûlure électrique : c’est un courant « bidirectionnel à moyenne nulle ». précise Romain Grivillers, kinésithérapeute.
Quel est l’intérêt de l’électrostimulation ?
« Aujourd’hui, la principale utilisation du TENS est la douleur chronique » explique Romain Grivillers . La douleur chronique est un syndrome multifactoriel ayant un impact important sur la qualité de vie. Elle peut être caractérisée par au moins deux des éléments suivants : sa persistance (il s’agit d’une douleur constante, de plus de trois mois), une réponse insuffisante aux traitements, une détérioration significative et progressive des capacités fonctionnelles et relationnelles du patient dans ses activités de la vie journalière. Dans ce cadre de douleur chronique, l’utilisation d’un appareil d’électrostimulation peut-être recommandé lors des conditions suivantes :
- Insuffisance et/ou inadéquation des traitements médicamenteux, dans un des cas suivants : bénéfice attendu par rapport aux risques médicamenteux (liés au terrain) ; terrain polypathologique ; intolérance ou d’un refus des traitements médicamenteux.
- Présence d’un nombre suffisant de fibres myélinisées à stimuler et patient répondant à la neurostimulation (essai préalable).
- Patient motivé et ayant une bonne capacité d’observance du traitement.
- Possibilité et capacité de former le patient à la technique.
L’autre utilisation de l’électrostimulation est la rééducation du périnée en cas d’incontinence urinaire ou fécale afin de stimuler et renforcer les muscles du plancher pelvien. Il s’agit alors, dans le cas de l’incontinence urinaire, d’insérer une électrode dans le vagin ou l’anus. Cela se présente notamment après une grossesse ou un accouchement mais d’autres situations peuvent exister chez la femme et chez l’homme. Cette technique a pour intérêt de ne pas nécessiter d’effort volontaire du patient mais comme il s’agit d’une stimulation passive, elle a pour désavantage d’être moins efficace que des technique où les patientes contractent leur périnée de manière active. « L’intérêt est donc de demander une contraction active en même temps que la stimulation électrique, par ailleurs l’électrode peut dans ce cas servir de feedback » explique le kinésithérapeute. Les autres indications antalgiques du TENS comme l’arthrose, l’arthrite, la tendinopathie ou encore les douleurs liées au cancer, aux douleurs « fantômes » ne sont aujourd’hui pas validées ni par la Haute autorité de santé (HAS), ni par les différentes études menées, les preuves étant insuffisantes.
Où placer les électrodes en électrostimulation ?
L’électrostimulation peut être utilisée tout aussi bien :
► Sur le visage, notamment durant des procédures dentaires afin de réduire l’inconfort lié à l’injection de produits anesthésiants ou pour tenter de soulager les douleurs liées au syndrome algo-dysfonctionnel de l’appareil manducateur.
► Sur le genou, par exemple en cas d’arthrose, pour un bref soulagement de la douleur – il est à noter que les études ne montrent aucune amélioration fonctionnelle de l’articulation.
► Sur le ventre en cas de règles douloureuses
► Sur le bas du dos en cas de lombalgie, quoique l’on estime que l’effet bénéfique relève probablement plus du placebo
► Dans le vagin ou l’anus dans le cadre d’une rééducation du périnée. « Attention, ce n’est pas le même mode de fonctionnement : c’est de l’électrostimulation musculaire dans ce cas, il s’agit de recruter les fibres musculaires pour optimiser le travail musculaire en utilisant le seuil d’excitabilité musculaire. Ce qui n’est pas le cas pour le TENS, qui utilise le Gate control. », explique notre interlocuteur.
Comment fonctionne l’électrostimulation ?
Pour ce qui est de la prise en charge de la douleur, le TENS fonctionnerait selon deux principes :
► Le « gate control » qui est basé sur un principe de blocage du signal douloureux. L’appareil de stimulation génère des impulsions électriques qui activent des fibres nerveuses de plus gros calibre, et plus rapides que celles utilisées pour véhiculer la douleur. Un message de fourmillement est transmis au cerveau par l’intermédiaire de la moelle épinière, et masque ainsi le signal douloureux pendant la durée de la séance de stimulation.
► La stimulation endorphinique qui favorise l’augmentation de la production d’endorphines. Les endorphines sont une substance anti-douleur naturellement sécrétée dans le corps. Cette augmentation entraîne un effet antidouleur général.
Quels sont les risques de l’électrostimulation ?
L’électrostimulation présente peu d’effets indésirables : seules des irritations cutanées peuvent parfois advenir. L’électrostimulation étant un traitement passif, il existe un risque d’entretenir la peur du mouvement par crainte de la douleur (kinésiophobie) chez le patient alors qu’une rééducation active serait plus profitable.
Quelles sont les contre-indications de l’électrostimulation ?
Il existe quelques contre-indications à l’utilisation d’un appareil d’électrostimulation :
- le port de dispositifs électroniques implantables, notamment les pacemakers
- l’application sur une région cutanée lésée ou insensibilisée
- l’application sur les régions : cervicale antérieure, thoracique et des sinus carotidiens
- une thrombose veineuse ou artérielle ou thrombophlébite
En ce qui concerne l’électrostimulation en rééducation périnéale, elle est contre-indiquée en cas de :
- Pose récente d’un stérilet.
- Cancer génito-urinaire.
- Infection vaginale.
- Période d’hémorragie menstruelle importante (ménorragie ou hyperménorrhée).
- Hémorroïdes inflammatoires.
- Incontinence extra-urétrale ou par regorgement
- Rétention urinaire importante.
- Absence d’innervation du plancher pelvien.
Merci à Romain Grivillers, kinésithérapeute.
Source : JDF Santé