L’électrophorèse est une technique d’analyse qui permet de séparer et quantifier les protéines présentes dans le sang (albumine, globuline). Cet examen appelé parfois « EPP » peut déceler des maladies immunitaires, inflammatoires, cirrhotiques, néphrotiques, mais aussi des cancers. C’est quoi l’électrophorèse ?
Définition : c’est quoi l’électrophorèse ?
Les protéines plasmatiques sont contenues dans la partie liquide du sang, nommée « plasma ». Elles exercent différentes fonctions de transport, de défense de l’organisme, de régulation des échanges d’eau entre le sang et les différents tissus… Parmi les protéines plasmatiques, on distingue essentiellement l’albumine et les globulines de différents types : Alpha 1-globuline, Alpha 2-globuline, Beta 1 et Beta 2 – globulines, Gamma globuline. Pour séparer ces protéines en fractions afin de les identifier et de les quantifier, il existe un examen biologique appelé l’électrophorèse des protéines plasmatiques (ou EPP). Concrètement, cet examen sépare les différentes protéines sous l’action d’un champ électrique. « Une électrophorèse peut être réalisée sur tout liquide physiologique suspecté de contenir des protéines« expliquent Nicolas Stocker et Pierre-Édouard Debureaux, internes en hématologie. Cette analyse permet de confirmer le diagnostic de certaines atteintes du système immunitaire, mais aussi de diagnostiquer de nombreux syndromes inflammatoires, cirrhotiques, néphrotiques et aussi certaines infections, gammapathies ou cancers.
Quel est le taux normal ?
Conformément aux indications de votre feuille d’analyse, les résultats doivent se situer, pour les différentes protéines suivantes, entre :
- Albumine : 55 et 65% soit 36 et 50 g /L.
- Alpha1 – globulines : 1 et 4% soit 1 et 5 g /L.
- Alpha 2 – globulines : 6 et 10% soit 4 et 8 g/l.
- Beta – globulines : 8 et 14% soit 5 et 12 g /L.
- Gamma – globulines : 12 et 20% soit 8 et 16 g /L.
Comment interpréter les résultats d’une électrophorèse ?
► Taux d’albumine. « Plusieurs facteurs peuvent expliquer une diminution du taux d’albumine, tels qu’une hémodilution, une dénutrition, une malabsorption intestinale, un syndrome néphrotique, des pathologies hépatiques (cirrhose ou cancer du foie) ou encore des pertes protéiques, d’origine digestives, cutanées ou urinaires » continuent Nicolas Stocker et Pierre-Édouard Debureaux. En revanche, un taux d’albumine élevé peut être le reflet d’une éventuelle déshydratation.
► Le dosage de l’alpha 1 – globuline est pratiqué par analyse sanguine et doit être compris entre 1 à 4 g/l. Le taux d’alpha 1 – globulines peut être diminué en situation d’insuffisance hépatocellulaire, d’un syndrome néphrotique ou de déficit congénital en alpha-1 antitrypsine. L’augmentation peut être révélatrice d’un syndrome inflammatoire aigu ou chronique, ou être retrouvée pendant la grossesse.
► Le taux d’alpha 2-globulines peut être diminué dans le cadre d’une malnutrition, d’une insuffisance hépatocellulaire, de certaines maladies intestinales, ou d’une hémolyse. « L’augmentation peut être révélatrice d’un syndrome inflammatoire, aigu ou chronique, ainsi que d’un syndrome néphrotique », selon Nicolas Stocker et Pierre-Édouard Debureaux.
► Le taux de Bêta-globulines peut être diminué en situation de malnutrition, d’une insuffisance hépatocellulaire, de certaines maladies intestinales, ou d’un syndrome néphrotique. A l’inverse, son augmentation peut être révélatrice d’une carence en fer, d’une hypothyroïdie ou de calcul biliaire notamment.
► Le taux de gammaglobulines diminue dans les cas de déficits immunitaires primitifs, et notamment en situation de déficits immunitaires secondaires à un traitement (corticoïdes, immunosuppresseurs…). Le taux augmente en situation de maladies inflammatoires chroniques (polyarthrite rhumatoïde et lupus érythémateux disséminé), d’infections, de cancer solide ou d’hémopathie maligne notamment. « Un pic monoclonal est une augmentation importante et isolée d’une fraction de l’électrophorèse et peut refléter une pathologie selon sa quantification et la fraction concernée » continuent Nicolas Stocker et Pierre-Édouard Debureaux.
Que faire après avoir reçu les résultats de l’électrophorèse ?
Les normes diffèrent selon les techniques utilisées par les laboratoires. Sachez que les résultats ne constituent pas à eux seuls un diagnostic. Il est donc important de consulter votre médecin traitant afin de discuter avec lui d’éventuels examens complémentaires ou d’un éventuel traitement, selon la pathologie suspectée puis diagnostiquée.
Merci à Nicolas Stocker et Pierre-Édouard Debureaux, internes en hématologie, respectivement Président et Trésorier de l’Association des Internes en Hématologie (AIH).
Source : JDF Santé