Quelle est la définition d’un effet iatrogène ?
« Un effet iatrogène – aussi appelé iatrogénèse médicamenteuse – est un événement néfaste induit par des soins médicaux« , définit d’emblée Annie-Pierre Jonville-Bera, pharmacologue. Il s’apparente à un effet secondaire indésirable, qui gêne le patient, et peut prendre la forme d’une maladie iatrogène dans certains cas. L’effet iatrogène peut survenir suite à la prise d’un médicament, à cause d’un acte médical (erreur d’intervention…) ou d’un dispositif médical (par exemple, après la pose de prothèses mammaires). I
Quels sont les exemples d’effets iatrogènes ?
Les effets iatrogènes sont nombreux et variés. Concernant les iatrogénèses médicamenteuses, les exemples les plus courants et fréquents et sans gravité sont les nausées, les diarrhées et les pertes d’appétit. Une allergie provoquée par un médicament est aussi considérée comme un effet iatrogène, puisque le corps fabrique des anticorps contre ce dernier. L’allergie peut notamment se manifester au niveau de la peau, provoquer des crises d’asthme, ou dans les cas les plus graves, atteindre les reins ou être à l’origine d’un œdème de Quincke.
Quels médicaments peuvent donner des effets iatrogènes ?
Par définition, tous les médicaments peuvent causer des effets iatrogènes. « Aucun médicament n’est sans risque » estime Annie-Pierre Jonville-Bera. L’exemple le plus fréquent est celui des antibiotiques qui peuvent provoquer des diarrhées, en tuant des bactéries présentes dans l’intestin et en y créant un déséquilibre. La professionnelle cite aussi l’exemple des anti-douleurs, qui peuvent parfois provoquer une dépendance. Le fait que le « patient continue et soit obligé d’augmenter la dose peut être considéré comme un effet iatrogène. Dans l’ensemble, il n’y a pas de produit qui ne donne pas d’effets néfastes« , continue l’interlocutrice. Le tout est de bien évaluer les bénéfices et les risques avant d’ingérer un produit ou un médicament qui peut modifier notre état.
Quelle est la cause d’une iatrogénie médicamenteuse ?
On peut expliquer le processus de iatrogénie médicamenteuse comme suit : en prenant un médicament, vous modifiez quelque chose en vous. La prise de tout produit pharmaceutique implique des risques d’effets iatrogènes, mais ces risques augmentent lorsque le produit en question est mal pris. Autrement dit, un patient qui ne respecte pas la posologie d’un médicament ou qui a recours à l’automédication a plus de risques de souffrir d’effets iatrogènes que celui qui respecte scrupuleusement la prescription. Certains facteurs de risque (âge, carence, maladie, ou encore prise d’immunosuppresseurs), peuvent également participer à l’apparition d’effets iatrogènes et sont à prendre en compte avant d’initier un traitement.
Comment savoir et comment éviter le risque ?
Les autorités sanitaires et les professionnels de santé font leur maximum pour mettre en place une prévention active contre le risque de survenue d’effets iatrogènes, surtout chez les populations fragiles (personnes âgées, immunodéprimées…). « Quand on met un médicament sur le marché, on évalue le bénéfice, et on met en face les risques« , fait savoir Annie-Pierre Jonville-Bera. Les risques figurent sur les notices de tous les médicaments. Si les risques les plus fréquents et les plus graves sont notés, cela ne veut pas dire que toute personne qui prend un médicament en souffrira. Le tout est d’être conscient des risques que l’on peut prendre en ingérant un médicament ou en subissant un acte médical, et d’en discuter avec un professionnel de santé. Si jamais vous souffrez de symptômes que vous pensez liés à la prise d’un médicament ou à un acte médical, n’hésitez pas à prévenir votre médecin qui confirmera ou infirmera vos soupçons et préviendra un centre de pharmacovigilance, si besoin.
Merci à Annie-Pierre Jonville-Bera, pharmacologue, présidente du réseau des centres de pharmacovigilance et responsable du centre de pharmacovigilance de Tours.
Source : JDF Santé