Dysoralité sensorielle : que faire contre l'hypersensibilité aux goûts ?

Le trouble de l’oralité qu’est la dysoralité sensorielle provient d’une hypersensibilité aux odeurs, goûts et texture. Il entraîne des difficultés d’alimentation. Si ce syndrome touche davantage les jeunes enfants, il peut également survenir à l’âge adulte (traumatisme, phobie alimentaire, anorexie). Il existe par ailleurs un lien étroit entre dysoralité sensorielle et autisme. Quels sont les symptômes de la dysorialité sensorielle ? Quelles sont les causes ? Comment soigner la dysoralité sensorielle ?

Définition : c’est quoi une dysoralité sensorielle ?

Ce trouble de l’oralité est une hyper réactivité génétique des organes du goût et de l’odorat. « La dysoralité sensorielle est un trouble lié à une hypersensibilité aux gouts, textures et odeurs alimentaires entrainant un refus de manger. Autrement dit, tout produit vécu comme sensoriellement insupportable (goût, odeur, texture) va générer un mécanisme de défense par le rejet. La dysoralité sensorielle peut apparaitre dès l’âge de la diversification alimentaire chez les enfants, et est plus rare chez l’adulte » indique Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne.

Quelles sont les causes de la dysoralité sensorielle ?

Aucune étude n’a pu révéler de cause définie et il semble que les raisons soient plurielles. « L’hérédité, des complications à la naissance, des difficultés à la déglutition, un événement traumatique (sensation étouffement, fausse route, vomissement…), ainsi que des facteurs environnementaux aggravants (conflits intra-familiaux, quotidien dysfonctionnel, changement de routines…) peuvent être des facteurs de risque de développer une dysoralité sensorielle » développe la psychologue.

Quels sont les symptômes de la dysoralité sensorielle ?

La dysoralité sensorielle se manifeste par différents symptômes parmi lesquels on retrouve :

  • Une perte d’appétit
  • une mastication lente et complexe
  • un tri des aliments dans l’assiette
  • un refus de s’alimenter
  • des nausées pendant les repas
  • un trouble de la déglutition
  • une exacerbation des sens (odorat et goût).

Est-ce que la dysoralité sensorielle touche les adultes ?

En général, la dysoralité sensorielle s’installe à l’âge précoce (chez l’enfant ou le nouveau-né) et si le trouble n’est pas pris en charge des séquelles peuvent perdurer à l’âge adulte. « Mais dans certains cas, après certaines épreuves douloureuses ou traumatiques par exemples, la dysoralité sensorielle peut s’installer chez l’adulte plutôt sous la forme d’une phobie entrainant une aversion alimentaire pouvant aller jusqu’à l’anorexie » précise notre interlocutrice.

Quel lien entre dysoralité sensorielle et autisme ?

Il existe un lien entre dysoralité sensorielle et troubles autistiques. « La sensorialité est souvent perturbée chez les sujets atteints d’autisme. L’hypersensibilité orale dans le cas de la dysoralité, notamment liée à la texture, est un problème qui vient perturber l’alimentation du patient, poursuit le Dr Johanna Rozenblum. Il y a plusieurs causes : la néophobie alimentaire (peur des aliments nouveaux) qui touche 80% des enfants autistes, les difficultés dans les interactions sociales rendant les repas anxiogènes, les troubles de la déglutition, l’hyperémotivité ».

Comment soigner la dysoralité sensorielle ?

Le traitement passe en premier lieu par une enquête somatique, c’est-à-dire une étude du corps du patient afin d’écarter toutes problématiques fonctionnelles. Il faut ensuite se tourner vers des spécialistes comme les orthophonistes et les psychologues qui travaillent d’une part l’oralité, l’intégration sensorielle et la déglutition et d’autre part l’aspect affectif et émotionnel. « Les thérapies d’approche cognitivo-comportementale (TCC) sont bien indiquées car en plus du travail d’élaboration, des petits objectifs sous forme d’exercices pourront être mis en place » précise notre experte.

Merci au Dr Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne et auteur de l’ouvrage « Hypersensibilité comment en faire un atout ? » paru le 20 avril 2022.


Source : JDF Santé