L’insuffisance rénale est une pathologie en augmentation en France. Elle va de pair avec l’accroissement des maladies rénales qui peuvent être dues à un diabète, une hypertension artérielle ou une maladie congénitale. La transplantation rénale est un des traitements possibles. Plusieurs questions se posent alors : qui peut faire un don de rein ? Comment cette intervention se passe-t-elle ? Quelles sont les conséquences pour le donneur ?
Qui peut faire un don de rein ?
Le don de rein est possible en France pour tous les adultes majeurs vivant et en bonne santé, c’est-à-dire les parents et toute la famille d’un malade : mère, père, frères et/ou sœurs, conjoints, cousins, cousines… : « En effet, le don de rein a été élargi à toute personne apportant la preuve d’un lien amical d’au moins deux ans avec le receveur. Ainsi, beaucoup de personnes peuvent être de potentiels donneurs« , ajoute le Pr Christophe Legendre, néphrologue. Sur l’année 2022, il y a eu ainsi 170 greffes à l’hôpital Necker dont 40 greffes de donneurs vivants. « Cette année n’est pas très représentative du fait de l’après-Covid, on est en général autour de 60 greffes de donneurs vivants« , note-t-il.
Quelles sont les contre-indications au don de rein ?
Les contre-indications au don de rein sont de plusieurs ordres :
► la principale est un problème d’incompatibilité HLA (carte génétique de chaque individu) : « l’équipe médicale va s’assurer que le receveur n’est pas développé d’anticorps dirigé contre le donneur, ce qui empêcherait la transplantation« .
► une fonction rénale insuffisante pour être diviser en deux : « plus le donneur est âgé (en général, les parents qui ont entre 70-75 ans), plus cette situation peut se présenter. On ne peut pas être sûr dans ce cas qu’en enlevant un rein, le deuxième puisse prendre le relais. C’est un risque potentiel pour le donneur » ;
► une maladie chronique comme un diabète
► ou la découverte d’un cancer.
Aujourd’hui, la compatibilité entre les groupes sanguins ABO n’est plus obligatoire : « on peut réaliser des greffes ABO incompatibles. On doit avoir la même attitude pour les dons de rein que pour les dons de sang. On a en effet les moyens d’enlever les anticorps qui sont gênants pour la réalisation de la transplantation », précise le Pr Legendre.
Quels sont les examens à faire pour donner un rein ?
Le candidat au don de rein va faire l’objet d’un bilan médical complet avec des examens cliniques, radiologiques et biologiques pour s’assurer de la compatibilité entre le donneur et le receveur, et de la bonne santé du rein du donneur. Le bilan va comporter des analyses de sang pour la compatibilité. La fonction du rein va aussi être mesurée en hôpital de jour. « On va également regarder s’il n’existe pas d’anomalies cardiaques par une échographie du cœur« . Pour que les chirurgiens puissent voir la conformation des artères et des veines, un scanner abdomino-pelvien avec injection de produit de contraste va aussi être réalisé pour disposer d’une imagerie de bonne qualité. aspect de la fonction des reins.
Faut-il être compatible avec le receveur ?
« Le mieux est d’être compatible, c’est pourquoi le don au sein des familles est encouragé, puisque le père et la mère donnent la moitié de leurs gènes à leurs enfants, ainsi les profils HLA peuvent être identiques et le risque de rejet de la transplantation est très, très faible« , insiste le Pr Legendre. Le cercle familial est donc fortement compatible pour le don d’un rein. La compatibilité est importante mais on essaie aussi d’éviter l’incompatibilité en s’intéressant aux anticorps et à la possibilité de les retirer et de faire que la transplantation soit envisageable. « Pour résumé, le don se fait au sein de la famille avec la paire compatible et en dehors de la famille avec la paire qui n’est pas incompatible ».
Peut-on donner un rein si on a fumé ?
Le tabagisme n’est pas une contre-indication au don de rein, c’est plutôt son retentissement. « On essaie de sensibiliser les personnes à l’arrêt du tabac, mais tant que le tabagisme n’a pas induit de lésions pulmonaires et de lésions vasculaires, le don peut être envisageable« , souligne-t-il.
Quel est l’âge limite pour donner son rein ?
L’âge limite est relative au vieillissement de la fonction rénale et au risque que peut causer le don. « On ne dispose pas de suffisamment de données pour affirmer les risques liés à ce type d’intervention pour un patient de 75 ans donneur d’un rein que ce soit de faire un infarctus ou de décéder après ».
Le don de rein est pris en charge par l’hôpital
Comment se passe un don de rein ?
Le parcours du donneur est jalonné de démarches : l’information sur les risques et les conséquences éventuelles du prélèvement délivrée par l’équipe médico-chirurgicale, l’expression de son consentement devant un magistrat et la convocation du donneur par le comité donneur vivant qui autorise ou non le prélèvement. Une fois que les examens sont corrects et les conditions remplies, l’intervention est réalisée en cœlioscopie et consiste à prélever un des deux reins. Le chirurgien va introduire au niveau de l’abdomen les instruments et une caméra par le biais de tuyaux. Un gaz est alors insufflé pour que les différents organes de la cavité abdominale se séparent les uns des autres pour enlever tout ce qui retient le rein dans le rétropéritoine. Le rein ainsi séparé des autres organes va être glissé le long du flanc à l’intérieur de l’abdomen pour ressortir par une petite cicatrice (8-10 cm) située au-dessus du pli de l’aine. Dans quelques cas, le rein sera sorti par l’ombilic ou par voie vaginale.
Quelles sont les conséquences d’un don de rein pour le donneur ?
Les conséquences à court terme, après l’intervention, sont la douleur qui sera prise en charge du fait du geste chirurgical et une fatigue pendant 1-1,5 mois. La phlébite est aussi un risque post-opératoire qui sera contrôlée tout au long de l’hospitalisation (qui dure 7 jours). Le donneur va garder un seul rein et ce dernier va grossir un peu pour prendre la place disponible. Le donneur pourra vivre de la même manière qu’avant le don de son rein : « le donneur, qui n’est pas malade, va retrouver la forme qu’il avait avant l’intervention et globalement, il n’y a pas de traitement, de régime, d’interdits. Il aura juste une cicatrice en plus« , ajoute-t-il. Il existe en France un registre national des donneurs vivants qui assure le suivi : « Tous les ans, à la date « anniversaire » de la néphrectomie, une ordonnance est transmise au donneur pour faire des examens sanguins et urinaires afin de vérifier que son rein fonctionne. Sa pression artérielle est également vérifiée, afin de la traiter si jamais elle n’était pas normale« .
Est-ce gratuit de donner son rein ? Quel coût sinon ?
Le don de rein est pris en charge par l’hôpital où est réalisé l’intervention. Le coût médical d’une greffe rénale en France s’élèverait à 80 000 euros l’année de la greffe, puis 20 000 euros par an. A ces coûts viennent s’ajouter ceux des étapes préalables à la transplantation, notamment la recherche d’un donneur, le prélèvement de l’organe, ou encore la gestion de la liste nationale d’attente. Une étude parue en 2014 dans Néphrologie & Thérapeutique montre que les montants facturés en sus de la transplantation s’élèvent de 13 835,44 à 20 050,67 euros pour un donneur décédé et à 13 601,66 euros pour un donneur vivant.
Merci au Pr Christophe Legendre, néphrologue au Service de Néphrologie-transplantation rénale adultes, hôpital Necker-Enfants Malades, Paris.
Source : JDF Santé