Discopathie cervicale : symptômes, comment la soigner ?

Quelle est la définition d’une discopathie cervicale ?

La discopathie cervicale est une affection qui affecte les disques situés entre les vertèbres cervicales de la colonne vertébrale. « Les disques cervicaux sont des structures souples et amortissantes qui servent de coussins entre les vertèbres, permettant à la colonne vertébrale de bouger, explique le Dr Mayalen Lamerain, chirurgien orthopédiste du rachis. Lorsque ces disques subissent une usure ou une dégénérescence, cela peut causer une discopathie cervicale ou une hernie cervicale« . Cette affection peut être causée par l’âge, des blessures, des mouvements répétitifs ou des conditions médicales sous-jacentes.

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Schéma des vertèbres cervicales © VectorMine – stock.adobe.com/Journal des Femmes Santé

Qu’est-ce qu’une discopathie cervicale dégénérative ?

« Une discopathie est due à une dégénérescence du disque donc par définition, elle est dégénérative, précise le Dr Maëva Masson, rhumatologue. La discopathie cervicale dégénérative est une forme courante de discopathie cervicale qui est causée par l’usure progressive des disques situés entre les vertèbres cervicales de la colonne vertébrale« . « Cette affection entre dans le cadre de la discarthrose cervicale, complète le Dr Lamerain. L’arthrose est une usure des articulations des vertèbres, il existe deux articulations et un disque entre deux vertèbres ». Le disque est un amortisseur entre deux vertèbres. « Tous comme les cartilages, il est sain en fin de croissance, mais il n’a pas la capacité de se régénérer. Au fil du temps, les disques entre les vertèbres cervicales perdent leur élasticité et leur capacité à absorber les chocs, ce qui peut entraîner des fissures ou des ruptures dans la structure du disque ». En conséquence, les vertèbres cervicales peuvent se rapprocher les unes des autres et causer des douleurs, des raideurs et des tensions au niveau du cou et des épaules. « Chaque personne va présenter des discopathies cervicales au cours de sa vie comme elle aura des rides ou des cheveux blancs, assure le Dr Lamerain. C’est un processus physiologique inéluctable et souvent asymptomatique« .

Qu’est-ce qu’une discopathie cervicale C5-C6 ?

La discopathie cervicale C5-C6 fait référence à une affection touchant le disque situé entre la cinquième et la sixième vertèbres cervicales de la colonne vertébrale. Cette partie de la colonne vertébrale se trouve dans le cou. « Le disque C5-C6 est souvent le premier à s’abîmer et à s’user à cause de sa position au milieu de la colonne cervicale, il est le plus exposé aux contraintes mécaniques », confirme le Dr Lamerain.  La discopathie cervicale C5-C6 peut être causée par l’usure naturelle du disque due à l’âge, des blessures ou des traumatismes, ou encore des activités répétitives impliquant le cou. « La cause la plus courante de traumatisme est « le coup du lapin », tel un accident de voiture ou la pratique de certains sports comme le rugby »

Quels sont les symptômes d’une discopathie cervicale ?

Les symptômes d’une discopathie cervicale peuvent varier en fonction de la gravité de la maladie et des vertèbres touchées. Certains patients atteints de discopathie cervicale peuvent ne présenter aucun symptôme. Toutefois, les symptômes courants comprennent :

  • Des douleurs cervicales
  • Des tensions musculaires dans la région du cou, qui peuvent être aggravées par le mouvement ou la position de la tête,
  • Un point douloureux, tel un coup de poignard au bord de l’omoplate ou entre les omoplates
  • Une névralgie cervico-brachiale : une douleur qui peut irradier dans les bras, les épaules, les mains ou les doigts en cas de compression du nerf
  • Des sensations de fourmillements ou d’engourdissement dans les bras, les épaules, les mains ou les doigts.
  • Une faiblesse musculaire dans les bras ou les mains qui se traduit par un changement au niveau de l’écriture ou des « lâchages » d’objet 
  • Des maux de tête, en particulier dans la région de l’occiput (partie postérieure de la tête).
  • Dans les cas graves, le disque peut comprimer la moelle épinière et entrainer des troubles de la marche et de l’équilibre en plus des symptômes sus décrits. On parlera alors de myélopathie cervicale.

Il est également important de souligner que la présence d’une discopathie cervicale n’est pas synonyme de douleur. « Une étude chez plus de 1200 personnes sans aucun symptôme a montré qu’une ou plusieurs discopathies cervicales étaient présentes chez plus de 87% des sujets« , rapporte une étude publiée dans la National Library of Medicine. 

Comment poser le diagnostic d’une discopathie cervicale ?

L’imagerie cervicale est la radiographie de première intention. Elle est à discuter : 

  • En cas de douleur persistante plus de 4 à 6 semaines.
  • En cas de signes d’alerte (début insidieux, évolution progressivement croissante, douleur insomniante, caractère rebelle aux traitements symptomatiques, localisations multiples ou atypiques, antécédent de cancer …) devant faire recherche une autre cause qu’une discopathie cervicale. 

► « La réalisation d’une imagerie cervicale n’est pas indiquée en cas de douleur cervicale évoluant depuis moins de 4 à 6 semaines, car la douleur s’améliore généralement avec un traitement symptomatique dans ce délai sans qu’aucun examen d’imagerie ne soit nécessaire« , souligne le Dr Masson. Il n’y a pas d’indication à renouveler le même examen d’imagerie en l’absence de modification des symptômes.

« L’IRM est indiquée en deuxième intention (ou le scanner si l’IRM est contre-indiquée ou non disponible) s’il existe des zones suspectes ou mal visualisées sur les radiographies ou si la douleur persiste ou s’aggrave. En cas de douleur cervicale irradiant dans le bras, une IRM est indiquée en première intention pour rechercher la cause ou si un acte invasif est discuté ». Elle peut être associée à un bilan radiographique pour une interprétation optimale.

Comment soigner une discopathie cervicale ?

Le traitement de la discopathie cervicale dépend de la gravité de la maladie et des symptômes présentés.

► Dans les cas légers à modérés, il existe plusieurs options de traitement non chirurgicales.

  • La rééducation est la pierre angulaire de la prise en charge, « avec outre les méthodes antalgiques (massage, chaleur), travail de proprioception, de renforcement des muscles spinaux, de postures« , propose le Dr Masson. Par ailleurs, le repos peut aider à soulager la douleur et permettre une récupération plus rapide.
  • Les patients doivent également éviter les activités qui aggravent les symptômes, comme les mouvements répétitifs de flexion/extension du cou.
  • Des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et des corticoïdes peuvent être prescrits – sur une période courte et en l’absence de contre-indications – pour soulager la douleur et réduire l’inflammation, indique le Dr Masson.
  • Des analgésiques et des relaxants musculaires peuvent également être prescrits pour soulager les symptômes.
  • Des injections de stéroïdes peuvent être aussi administrées dans les articulations vertébrales affectées pour soulager l’inflammation et la douleur
  • Une prise en charge psychosociale peut parfois être nécessaire notamment en présence de facteurs de risque liés au travail, observe le Dr Masson.

► Dans les cas plus graves, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. Les procédures chirurgicales peuvent inclure le remplacement du disque endommagé ou le retrait chirurgical du disque endommagé.

En quoi consiste l’opération d’une discopathie cervicale ?

L’opération pour une discopathie cervicale peut varier en fonction de la gravité de la maladie et des symptômes présentés. Il est nécessaire de comprendre les risques et les avantages de chaque intervention chirurgicale et de suivre les instructions postopératoires pour un rétablissement réussi. Il existe plusieurs options chirurgicales pour la discopathie cervicale.

► L’arthrodèse vertébrale est une intervention chirurgicale « qui consiste à retirer le disque endommagé afin d’aller retirer la hernie cervicale à sa partie postérieure et à fusionner deux vertèbres voisines à l’aide d’un implant contenant un greffon d’os, détaille le chirurgien. Contrairement aux hernies lombaires qui peuvent être retirées directement en écartant le nerf, le traitement d’une hernie cervicale exige de contourner la moelle épinière pour ne pas l’endommager. L’abord se fait par la gorge et cela nécessite de retirer systématiquement tout le disque pour atteinte la hernie, l’arthrose et dégager le nerf comprimé.

L’arthroplastie est une intervention chirurgicale qui consiste à remplacer le disque endommagé par un implant artificiel qui a les mêmes fonctions que le disque. « Cette procédure est proposée lorsque qu’il existe une hernie cervicale sans arthrose associée. Elle passe également par un retrait total du disque« . L’avantage d’une prothèse discale est l’économie les disques adjacents pour éviter leur dégénérescence.  » En cas d’arthrodèse la perte de mobilité du disque retiré est compensée par les disques adjacents ce qui peut entrainer une dégénérescence plus rapide de ces disques « .

La laminectomie cervicale est une intervention qui consiste à retirer la partie postérieure de la vertèbre. « Elle est indiquée lorsque qu’il existe plusieurs discopathies cervicales entrainant une compression de la moelle épinière au niveau de plusieurs vertèbres. Cette intervention est proposée en cas de risques neurologiques graves en l’absence de traitement ».

Peut-on travailler avec une discopathie cervicale ?

La station assise et la position devant un ordinateur n’aggrave pas les discopathies.

Le maintien de l’emploi avec une discopathie cervicale dépend de la gravité de la maladie et des symptômes présentés et de la profession. « Dans les cas légers à modérés, il est possible de continuer à travailler avec des ajustements appropriés pour minimiser les douleurs et les inconforts », reconnait le Dr Lamerain. Cependant, dans les cas plus graves, une absence temporaire ou permanente du travail peut être nécessaire. Les travailleurs atteints de discopathie cervicale peuvent bénéficier des aménagements de poste de travail, tels que des postes de travail ergonomiques, ou la possibilité de changer de position de travail pour réduire la tension sur le cou. « La station assise et la position devant un ordinateur n’aggrave pas les discopathies. Les professions physiques avec des ports de charges sont plus exposées« .

Comment évolue une discopathie cervicale ?

L’évolution d’une discopathie cervicale peut varier considérablement d’une personne à l’autre en fonction de la gravité de la maladie, de l’âge de la personne, de son état de santé général et de son mode de vie. Dans de nombreux cas, la discopathie cervicale peut progresser lentement et causer des symptômes intermittents qui peuvent s’aggraver avec le temps. « Au fil du temps, la discopathie cervicale peut entraîner une perte de hauteur des disques cervicaux, ce qui peut provoquer une compression des nerfs et des racines nerveuses. Les symptômes peuvent s’aggraver progressivement avec le temps, y compris la douleur chronique, les engourdissements, les picotements et la faiblesse dans les bras et les mains », souligne le Dr Lamerain. Dans certains cas, la discopathie cervicale peut entraîner la formation de hernies discales cervicales, qui peuvent causer une compression plus sévère des nerfs et des racines nerveuses. « Cela peut entraîner des symptômes plus graves, tels que des douleurs intenses, des difficultés à effectuer des tâches quotidiennes et des problèmes de coordination, complète le Dr Masson. Il est important de diagnostiquer et de traiter la discopathie cervicale dès que possible pour éviter que la maladie ne s’aggrave et n’entraîne des complications plus graves. Il est important également pouvoir mettre en place des mesures préventions, notamment dans la cadre professionnel ».

Merci aux docteurs Maëva Masson, rhumatologue au CHU de Toulouse, et Mayalen Lamerain, chirurgien orthopédiste du rachis, de la Clinique de la Montagne (groupe Ramsay Santé) à Courbevoie (92)


Source : JDF Santé