Dépistage cancer colorectal : comment avoir son kit (et le faire) ?

[Mise à jour le 1er mars 2023 à 11h45] Le mois de mars est l’occasion de rappeler à tous les Français âgés de 50 à 74 ans qu’il peuvent faire gratuitement un dépistage de cancer colorectal (cancer ou polypes qui peuvent être retirés pour éviter l’évolution cancéreuses). On appelle ainsi « Mars bleu » ce mois de sensibilisation au dépistage du cancer colorectal, deuxième cancer le plus meurtrier en France. Ce dépistage précoce permet de guérir 90% des cancers, rappelle La Ligue contre le cancer dans un communiqué du 21 février 2023. Or « on observe un taux de participation encore trop faible » ajoute-t-elle. Seuls 35% des Français concernés par ce dépistage le feraient. Alors, il est temps d’aller chercher votre kit en pharmacie et de faire le test ensuite à la maison. Les résultats sont consultables en ligne. Marche à suivre.

C’est quoi le test pour le dépistage du cancer colorectal ?

Le dépistage consiste à réaliser chez soi un test dit « immunologique » pour rechercher la présence de sang dans les selles. Le kit se présente sous la forme d’une enveloppe bleue (ci-dessous) et est composé de 3 volets qui contiennent :

  • Volet 1 : un mode d’emploi
  • Volet 2 : une fiche d’identification pour la restitution du résultat + un dispositif de recueil des selles
  • Volet 3 : un tube de prélèvement + un sachet de protection + une enveloppe de retour 
Kit dépistage cancer colorectal
Kit de dépistage cancer colorectal © OceanProd – stock.adobe.com

Le test est à  faire chez vous, puis vous l’envoyez au laboratoire pour qu’il soit analysé. La démarche est entièrement prise en charge par l’Assurance Maladie. Si du sang est trouvé dans les selles lors du test de dépistage, une coloscopie est effectuée. La coloscopie peut mettre en évidence un cancer, des polypes ou adénomes avant qu’ils ne deviennent cancéreux. Dans 60 à 80% des cas, le cancer colorectal fait suite à une tumeur bénigne, appelée communément polype. Il faut ensuite 5 à 10 ans à ce polype pour se transformer en cancer. « Dans son évolution, un polype va passer par différents stades de transformation au cours desquels il va peu à peu émettre du sang à sa surface. La présence de sang occulte pourra évoquer la présence d’un polype avant qu’il ne se transforme en cancer. Dans la très grande majorité des cas, il n’y a aucun symptôme associé au développement d’un polype ou d’une tumeur débutante. C’est la raison pour laquelle les cancers colorectaux peuvent être découverts à un stade évolué, donc grave. » explique le Dr Bredin. 

Comment faire le kit de dépistage du cancer colorectal ?

Le prélèvement de selles est réalisé à domicile au moyen d’un « kit de dépistage »à envoyer pour analyse par voie postale. Le test et son interprétation sont gratuits. Une fois le test reçu à la maison ou retiré en pharmacie :

  • Utiliser le test rapidement pour éviter qu’il ne se périme.
  • Si le test n’est pas utilisé tout de suite, il faut le conserver à une température comprise entre 2 et 30 degrés maximum.
  •  Avant toute utilisation, vérifier la date d’expiration sur l’enveloppe bleue ou sur le tube
  • Coller l’étiquette sur la fiche d’identification et compléter les informations.
  • La petite étiquette est à coller sur le tube.
  • Coller la feuille de recueil des selles sur la lunette des toilettes (il ne faut aucun contact avec du liquide (urine, javel).
  • Une fois les selles déposées dans la feuille de recueil, ouvrir le tube de prélèvement et gratter la tige à la surface des selles pour recouvrir la partie striée. Remettre la tige dans le tube, fermer et secouer. Le reste se jette dans les toilettes. 
  • Mettre le tube dans le sachet de protection et ajouter la fiche d’identification. Envoyer le tout sans timbre.

Comment obtenir le kit de dépistage du cancer colorectal ?

Pour obtenir le kit de dépistage, trois possibilités : 

→ Soit consulter le médecin. Il remet le test au patient après lui avoir expliqué son mode d’utilisation. Si le médecin le juge utile, il peut aussi proposer de faire le test de dépistage du cancer colorectal et en précise l’intérêt. Après avoir obtenu l’accord du patient, le médecin lui remet le test et lui explique comment l’utiliser à son domicile.

→ Soit commander en ligne le kit de dépistage sur le site de l’Assurance Maladie : monkit.depistage-colorectal.fr, afin de répondre à quelques questions, et, en l’absence de risque particulier, de commander le test pour le recevoir à domicile.

→ Soit retirer le test en pharmacie sans avoir besoin de prendre rendez-vous. Il suffit d’appartenir à la tranche d’âge éligible au dépistage (50-74 ans) ou de présenter le courrier de l’Assurance maladie si vous l’avez reçu. 

Comment avoir son kit de dépistage en pharmacie ?

Depuis le 11 avril 2022, le kit de dépistage du cancer colorectal peut être délivré gratuitement dans les officines, par les pharmaciens, sans attendre de recevoir le courrier de l’Assurance maladie et de passer par la case rendez-vous chez son médecin traitant (si vous êtes dans la tranche d’âge éligible au dépistage : 50 à 74 ans). 

Délai : où voir ses résultats ?

Depuis 2022 les résultats sont consultables en ligne, via le site internet DOCCR www.resultat-depistage.frLe résultat du test est généralement disponible dans les 15 jours. La réalisation d’une coloscopie est indiquée dès que possible en cas de positivité du test.

A quel âge doit-on faire un dépistage du cancer colorectal ?

Le cancer colorectal (cancer du côlon) est un cancer relativement fréquent qui touche aussi bien les hommes que les femmes, le plus souvent entre 50 et 75 ans. Le test de dépistage proposé par le ministère de la Santé est à réaliser tous les deux ans aux hommes et femmes âgés de 50 à 74 ans. Un coloscopie peut-être envisagée plus précocement en cas d’apparition de symptômes évocateurs ou de niveau de risque élevé (antécédents par exemple).

Tous les combiens doit-on refaire le test de dépistage du cancer colorectal ?

Tous les deux ans, dans le cadre du programme de dépistage organisé par le ministère de la Santé en France. Entre ces deux ans, si un symptôme ou en cas de doute, il ne faut pas hésiter à consulter son médecin.

Qui doit faire un dépistage du cancer colorectal ?

« On définit 3 niveaux de risque » explique le Dr Bredin :

  • le risque normal : être âgé de 50 ans ou plus ;
  • le risque élevé : présenter un ou des antécédents familiaux au 1er degré de polype avancé ou de cancer colorectal (premier degré : parents directs, fratrie), ou présenter une pathologie exposant au risque de cancer colorectal (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, …)
  • le risque très élevé : présenter une pathologie génétique à risque de cancer colorectal (syndrome de Lynch, polypose adénomateuse Familiale, etc…)

Seuls les patients à risque normal sont concernés par le dépistage de masse par le biais du test de recherche de sang occulte dans les selles. Les patients des deux autres groupes relèvent d’un dépistage ciblé directement par coloscopie. En cas de symptôme d’inquiétude, le test de recherche de sang occulte dans les selles n’est pas pertinent. Par conséquent, en cas de sang visible dans les selles, de changement inhabituel de son transit, de douleurs abdominales  inhabituelles et prolongées (au delà de quelques semaines), d’un amaigrissement involontaire, ou d’anémie, il est recommandé de consulter en vue de programmer une coloscopie.

Environ 43 000 nouveaux cas de cancer colorectal sont diagnostiqués chaque année. 18 000 en meurent.

Que faire si le test est positif ?

La réalisation d’une coloscopie est indiquée dès que possible en cas de positivité du test. 

→ Si le test est positif (4% des cas), cela signifie que du sang est présent dans vos selles. Le médecin vous adresse à un gastroentérologue pour la réalisation d’une coloscopie recherchant l’origine de ce saignement :

  • Une lésion précancéreuse est en cause dans environ 30 % des cas,
  • Une lésion cancéreuse est à l’origine du saignement dans environ 8 % des cas,
  • Dans plus de la moitié des cas, la coloscopie ne trouve aucune anomalie.

Un test positif ne signifie pas forcément qu’il y a un cancer. Cela signifie simplement qu’il est recommandé de réaliser une coloscopie. Le médecin enverra le patient chez un gastro-entérologue afin qu’il effectue une coloscopie. Il s’agit d’un examen qui permet de visualiser l’intérieur de l’intestin et de visualiser un polype ou une tumeur, et si possible, de procéder à son ablation. Cet examen peut être douloureux, il est souvent proposé sous anesthésie générale légère. « Il s’agit d’un examen invasif qui nécessite une préparation intestinale (purge) qui va conditionner la qualité et la sécurité de l’examen. Autrefois laborieuse et désagréable, la préparation intestinale est réalisée en deux temps (la veille et le matin de l’examen). Elle est désormais plus facile à réaliser, et existe sous diverses modalités (comprimés, boissons à reconstituer dont le goût a été amélioré)« . prévient le Dr Bredin.

→ Si le test est négatif (96% des cas), cela signifie qu’aucun saignement n’a été détecté. Dans ce cas, le test vous sera proposé tous les deux ans mais si vous présentez des signes anormaux entre deux tests (saignement, amaigrissement…), une consultation médicale est recommandée.

Le test de dépistage est-il gratuit ?

Le test de dépistage du cancer colorectal est gratuit. « Sur un plan sémantique, le test de recherche de sang occulte dans les selles n’est pas remboursé à 100 % par l’Assurance Maladie, car l’Assurance Maladie ne finance pas le dépistage, du moins pas directement. Les structures de dépistage se sont régionalisées depuis 2019, et sont administrées par le biais de GIP (Groupements d’Intérêts Publics), financés par l’Assurance Maladie, mais aussi les régions. Il est donc plus juste de dire que le test est gratuit.«  précise le Dr Bredin.

Peut-on faire un dépistage du cancer colorectal après 75 ans ?

L’âge n’est pas une contre-indication au dépistage. Au delà de 74 ans, et en l’absence de contre-indication à une coloscopie, le dépistage doit se faire par coloscopie. Il s’agit d’un dépistage ciblé, orienté par l’existence de symptômes, ou d’antécédents, et qui sera proposé individuellement par le médecin traitant ou le gastro-entérologue. Si le patient a des antécédents personnels ou familiaux, et qu’il a déjà réalisé des coloscopies, l’indication d’une nouvelle coloscopie est posée par le médecin traitant et le gastro-entérologue. En alternative à l’endoscopie (qui est réalisée souvent  sous anesthésie générale), on peut proposer une coloscopie virtuelle, qui est un scanner avec reconstruction en 3D de la surface de l’intestin. Cet examen est à même de découvrir des lésions dont la taille est au delà de 3 mm. Cet examen nécessite toutefois une préparation identique à une coloscopie (purge) et ne permet pas l’ablation des polypes qui pourraient être découverts.

Merci au Dr Christian Bredin, gastro-entérologue.

Sources :

– Mars Bleu : mois de promotion de dépistage du cancer colorectal. Communiqué de presse La Ligue contre le cancer, 21 février 2023

– Dépistage chiffres Santé Publique France

– Evaluation dépistage 2017, Société nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE)


Source : JDF Santé