Dengue : en France, symptômes, une grosse grippe ?

Les cas de dengue augmentent en France depuis l’été 2022, en lien avec la prolifération du moustique tigre. Il y a « un risque sanitaire important » liée à cette maladie préviennent des experts dans Le Parisien du 20 février 2023. « 2022 est une année charnière où on a franchi une étape de plus dans le risque« , explique Marie-Claire Paty, coordinatrice de surveillance des maladies vectorielles chez Santé publique France au journal. Le risque de contracter la dengue est maximal de mai à novembre. Quels sont les symptômes de la dengue ? Combien de cas en France ?Quand consulter ? Existe-t-il des traitements ? Un vaccin ? Quels sont les risques en cas de piqûres ?

Combien de cas de dengue en France ?

Selon Santé Publique France :

  • 272 cas importés de dengue ont été enregistrés en France de mai à décembre 2022 dont 255 dans des départements avec implantation documentée d’Aedes albopictus (moustique tigre).
  •  65 cas autochtones de dengue ont été identifiés en 2022. 
  • 9 foyers de transmission de dengue ont été repérés en France ; 5 en Occitanie, 3 en PACA, 1 en Corse

« Ces dernières années, Aedes albopictus, vecteur de la dengue en Asie, s’est implanté en Amérique du Nord et en Europe, y compris en France où les 2 premiers cas autochtones ont été recensés en 2010 à Nice«  informe le Professeur Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité de recherche et d’expertise « Arbovirus et Insectes vecteurs » à l’Institut Pasteur.

Définition : qu’est-ce que la dengue ?

La dengue est une maladie provoquée par à un arbovirus c’est-à-dire un virus transmis à l’homme par des insectes, en l’occurence ici par les moustiques (femelles) du genre Aedes, principalement l’espèce Aedes aegypti et l’Aedes albopictus, plus communément appelé le moustique tigre. Il s’agit d’une maladie très souvent bénigne. L’arbovirus de la dengue est réparti en 4 sérotypes :

  • DEN-1,
  • DEN-2,
  • DEN-3
  • DEN-4.

Chez les personnes qui ont été infectées, la guérison entraîne une immunité à vie contre le sérotype à l’origine de l’infection, mais pas contre les trois autres. Un individu peut donc être infecté par chacun des quatre sérotypes de la dengue au cours de sa vie.

Quels sont les symptômes de la dengue ?

La dengue est asymptomatique dans 50 à 90% des cas (pourcentage variable selon les épidémies). Les symptômes sont le plus souvent de type grippal :

  • forte fièvre brutal,
  • maux de tête,
  • douleurs articulaires et musculaires
  • nausées/vomissements,
  • éruption cutanée ressemblant à celle de la rougeole.

Les symptômes se manifestent dans les 3 à 14 jours qui suivent la piqûre par le moustique.

► La phase aiguë dure environ une semaine.

Une phase critique peut survenir entre le 4e et le 6e jour environ ; les signes d’alerte en sont une fièvre >39°C après le 5e jour, des douleurs abdominales importantes avec ou sans diarrhée, des vomissements incoercibles, une agitation ou une somnolence, des œdèmes des signes hémorragiques. Le plus souvent bénigne bien qu’invalidante, la dengue classique peut toutefois se compliquer en formes hémorragiques. 

Le virus de la dengue est transmis par les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus.

Quel est le délai d’incubation de la dengue ?

La durée d’incubation de la dengue va de 3 à 14 jours : 4 à 7 jours en moyenne.

Tranmission : comment on attrape la dengue ?

Le vecteur du virus de la dengue est le moustique Aedes aegypti et le moustique tigre qui vivent en milieu urbain et se reproduisent principalement dans des récipients contenant de l’eau stagnante. Chez l’Aedes aegypti, c‘est la femelle qui pique, essentiellement le jour, avec un pic d’activité tôt le matin et le soir avant le crépuscule« L’Aedes albopictus, à activité diurne, présent en Asie s’est propagé en Amérique du Nord et en Europe. Doté d’une grande facilité d’adaptation dans les zones tempérées, il a été introduit en 2004 dans les Alpes-Maritimes, et sa zone d’implantation ne cesse de s’étendre », rappelle le Professeur Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité de recherche et d’expertise « Arbovirus et Insectes vecteurs » à l’Institut Pasteur.

La personne infectée par la dengue n’est pas contagieuse pour un autre être humain.

► Le mode de contamination est classique : le moustique se contamine en piquant une personne déjà infectée et peut ainsi transmettre le virus en piquant un autre individu quelques jours après. Une fois dans l’organisme, le virus se multiplie et persiste 3 à 10 jours. La personne infectée par la dengue n’est pas contagieuse pour un autre être humain, par contre elle peut contaminer d’autres moustiques du genre Aedes si elle est à nouveau piquée dans une période allant de 1 à 2 jours avant le début des symptômes et jusqu’à 7 jours après. Le virus peut, de manière plus rare, être transmis par la transfusion ou la greffe (d’organes ou de cellules).

Quelles sont les personnes à risque de dengue ?

La dengue touche indifféremment les nourrissons, les jeunes enfants et les adultes. Il n’y a donc pas de personnes à risque plus que d’autres. Néanmoins, les personnes vivant dans les zones de forte circulation du virus (voir ci-dessous) sont les plus exposées. 

Comment est diagnostiquée la dengue ?

Le diagnostic précoce peut être fait par la recherche de l’antigène NS1, une protéine du virus de la dengue détectée dans le sérum des personnes atteintes de dengue dès l’apparition de la fièvre ; l’identification du virus peut-être aussi réalisée précocement.
La recherche d’anticorps de type IgM, ne se positive que vers le 6 ou 7° jour de fièvre et persistent en moyenne 2 à 3 mois. D’autres examens biologiques plus sophistiqués, type PCR ou cultures virales sont réservés à la recherche ou aux laboratoires très spécialisés des centres de référence. « Le diagnostic biologique permet la déclaration de la maladie ; d’autre part, si on admet la théorie selon laquelle une deuxième infection pourrait être plus sévère, il est préférable qu’une personne sache qu’elle a déjà fait ou non un épisode de dengue, afin d’adopter des mesures préventives encore plus draconiennes », précise le Professeur Failloux. 

La démarche diagnostique recommandée dans le plan ministériel  » anti-dissémination du chikungunya et de la dengue  » est la suivante :

  • Jusqu’à 5 jours après le début des signes (J5) : RT-PCR
  • Entre J5 et J7 : RT-PCR et sérologie
  • Après J7 : sérologie uniquement (IgG et IgM) avec un second prélèvement de confirmation au plus tôt 10 jours après le premier prélèvement

Les prélèvements sanguins peuvent être faits en laboratoires d’analyses et de biologie médicale.

Quels sont les traitements de la dengue ?

Il n’existe pas de traitement spécifique de la dengue. Le traitement est symptomatique, destiné à lutter contre la douleur et la fièvre. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibruprofène…) et surtout l’aspirine sont contre-indiqués du fait de la thrombopénie (baisse du nombre de plaquettes) et du risque hémorragique.

Existe-t-il un vaccin contre la dengue ?

Il n’existe pas de vaccin contre la dengue. La prévention repose donc sur des mesures efficaces de lutte anti vectorielle.

Prévention : comment se protéger de la dengue ?

Selon l’ARS, pour éviter les piqûres de moustiques, il est conseillé de :

  • porter des vêtements couvrants et amples, voire de les imprégner d’insecticide pour tissus ;
  • utiliser un répulsif cutané, préférentiellement le matin en soirée, conseillé par un pharmacien, sur les zones de peau découvertes ;
  • si nécessaire, utiliser des grillages-moustiquaires sur les ouvertures (portes et fenêtres) ;
  • utiliser des moustiquaires à berceau pour les nouveau-nés ;
  • utiliser les diffuseurs électriques à l’intérieur des habitations ;
  • utiliser les serpentins insecticides uniquement en extérieur ;
  • utiliser les climatiseurs ou les ventilateurs qui gênent les moustiques.

Pour limiter le développement des moustiques autour de son domicile, il convient de :

  • vider, ranger ou éliminer tout récipient pouvant contenir de l’eau ;
  • couvrir les réserves d’eau avec une moustiquaire ou du tissu afin de les rendre hermétiques ;
  • nettoyer les gouttières et caniveaux ;
  • éviter les dépôts sauvages de déchets.

La dengue est-elle dangereuse pour les femmes enceintes ?

L’infection par le virus de la dengue pendant la grossesse n’entraîne pas d’augmentation du risque de maladie ou d’aggravation de la maladie chez la mère. Le taux de malformations n’est pas augmenté, mais on observe occasionnellement des cas de fièvre dengue congénitale. Les naissances prématurées et les avortements sont possiblement plus fréquents chez les patientes atteintes de dengue. L’infection du fœtus survient avant la naissance, au cours des dernières semaines de la grossesse.

La vigilance clinique doit être maximale autour du 4e jour.

La dengue est-elle dangereuse chez les enfants ?

Chez les enfants de moins de 15 ans, un état de choc hypovolémique peut s’installer (refroidissement, moiteur de la peau et pouls imperceptible signalant une défaillance circulatoire) et entraîner des douleurs abdominales. Un traitement médical adapté est nécessaire pour éviter les complications et le risque de décès. Une perfusion intraveineuse doit être rapidement posée pour rétablir le volume sanguin car les hémorragies peuvent entraîner des pertes sanguines importantes.

Est-ce qu’on peut mourir de la dengue ?

La dengue sévère est une complication potentiellement mortelle par la survenue d’un état de choc ou de complications hémorragiques. Généralement après la recrudescence de la fièvre, l’infection repart et peut évoluer dans de rares cas (1% des cas chez les personnes présentant des symptômes de dengue) vers une dengue grave. La vigilance clinique doit être maximale autour du 4e jour. La dengue guérit en règle générale en l’espace de 2 semaines, mais la durée de la convalescence peut prendre plusieurs semaines. Les patients peuvent se sentir assez fatigués durant cette période et développer des symptômes dépressifs. 

Quels sont les pays à risque concernés par la dengue ?

Deux milliards et demi de personnes vivent dans des zones à risque. La dengue sévit principalement dans l’ensemble de la zone intertropicale. Longtemps limitée à l’Asie du Sud-est, elle ne cesse de s’étendre à l’Océan Indien, au Pacifique Sud, aux Antilles françaises et à l’Amérique Latine, où les cas annuels rapportés ont été multipliés par 60 entre 1989 et 1993 comparativement à la période précédente (1984-1988).

Réalisé avec le Professeur Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité de recherche et d’expertise « Arbovirus et Insectes vecteurs » à l’Institut Pasteur.


Source : JDF Santé