Définition : c’est quoi une crise comitiale ?
Une crise comitiale est une crise d’épilepsie, la définition de comitial étant : « relatif à l’épilepsie« . La crise d’épilepsie se caractérise par des manifestations physiques transitoires qui résultent de décharges électriques brusques et excessives d’influx nerveux dans le cerveau, véritables ‘éclairs’ parcourant de nombreux neurones. Ces décharges apparaissent dans la partie périphérique du cerveau (ou cortex) note le site Ameli.fr. « Une crise peut être généralisée – elle touche alors la totalité du cerveau -, ou focale (auparavant appelée partielle) – elle touche alors seulement une zone du cerveau« , précise le docteur Norbert Khayat, épileptologue. Dans la majorité des cas, une épilepsie focale reste cantonnée à la zone habituellement concernée par les crises. « Petit bémol toutefois, à force de faire des crises toujours sur la même zone, l’orage électrique peut finir par se diffuser à une zone voisine, ce qu’on appelle un foyer en miroir« , note le médecin.
Est-ce la même chose qu’une crise d’épilepsie ?
Crise comitiale ou crise d’épilepsie, c’est la même chose. « Ce terme de ‘comitiale ‘ est en réalité très peu employé dans notre profession. En médecine, c’est bien crise d’épilepsie que nous utilisons« , note Norbert Khayat.
Quels sont les signes d’une crise comitiale ?
Dans la crise d’épilepsie généralisée, on peut décrire :
► Les mouvements saccadés des quatre membres : « il s’agit du signe le plus classique«
► Les épisodes de rupture de contact : « le patient est absent, les yeux fixes dans le vide, sans mouvement associé. On parle alors d’épilepsie absence »
Lorsqu’une crise est localisée à une zone du cerveau, elle se manifeste diversement en fonction de la zone concernée. « Si l’orage électrique dans le cerveau ne touche que la zone du cerveau commandant le bras droit, alors, le patient ne bougera que le bras droit. Si elle touche seulement la zone de la vision, alors seule le sens de la vue est touchée« , illustre le médecin. Il ajoute : « plus rarement, il arrive que l’orage électrique qui touche une zone se généralise à l’ensemble du cerveau. Certains patients, qui souffrent d’une épilepsie focale, voient leur épilepsie évoluer en épilepsie secondaire généralisée ».
Quelles sont les causes d’une crise comitiale ?
L’épilepsie peut être idiopathique – sans cause connue – ou liée à divers facteurs :
- La cause génétique serait présente dans deux tiers des épilepsies. « En dehors de certaines formes familiales dues à une anomalie d’un gène unique, l’épilepsie est le plus souvent en lien avec des anomalies concernant plusieurs gènes », précise Ameli.fr
- Les lésions au cerveau : tumeurs cérébrales, pendant ou après un AVC, en présence d’une malformation vasculaire, après un traumatisme crânien
- Une maladie infectieuse du système nerveux comme l’encéphalite et la méningite
- Une malformation cérébrale
- Une maladie systémique
« Notez aussi que la prise d’alcool, de certaines drogues, le manque de sommeil, la survenue des règles vont favoriser la survenue d’une crise d’épilepsie chez une personne épileptique« , précise le Dr. Khayat.
Combien de temps dure une crise comitiale ?
Une crise ne dure généralement pas plus de deux à trois minutes. Elle se termine lorsque les mouvements s’arrêtent.
Qui consulter en cas de crise comitiale ?
On consulte en premier lieu son médecin traitant qui orientera le patient vers un neurologue, plus particulièrement un épileptologue. « Evidemment, s’il s’agit d’une première crise, il est forcément nécessaire de consulter. Mais si le patient ou ses parents ont l’habitude et que la crise est courte – moins de 5 minutes – alors il est nécessaire de pratiquer les gestes de secours mais pas de consulter », résume le Dr. Khayat. Il est également nécessaire de consulter si un patient fait une crise alors que son épilepsie était équilibrée depuis un moment. « Il peut alors avoir un trouble neurologique associé ».
80% des patients épileptiques ont une épilepsie équilibrée
Comment pose-t-on le diagnostic ?
Le diagnostic repose sur l’examen clinique, les signes décrits par le patient ou son entourage lors des crises et l’analyse d’un électro-encéphalogramme qui permet d’enregistrer l’activité électrique du cerveau. « Le fait que le patient fasse toujours le même type de crises est également un argument pour orienter le diagnostic« , note l’épileptologue. « Toutefois, l’épilepsie-absence chez le petit enfant, peut évoluer, en grandissant, vers une épilepsie généralisée des quatre membres », précise encore le spécialiste.
Traitement : que faire en cas de crise comitiale ?
Grâce aux traitements, on sait que 80% des patients épileptiques ont une épilepsie équilibrée. « Le traitement est médicamenteux. Il s’agit d’antiépileptiques comme la Dépakine, le Tégrétol, le Lamictal… Ces médicaments agissent sur l’activité électrique du cerveau pour la rendre plus stable« , déclare le médecin. Dans de très cas rares, le traitement peut être chirurgical. « En cas d’épilepsie focale due à une lésion au cerveau et si les traitements médicamenteux sont inefficaces, on retire cette lésion si c’est possible« , poursuit-il. Enfin, le stimulateur du nerf vague (SNV) est un dispositif médical qui envoie de faibles impulsions électriques au nerf vague gauche. Il s’agit d’un recours lorsque les médicaments ne sont pas efficaces.
Comment réagir en cas de crise comitiale ?
Lors d’une crise, on n’avale pas sa langue, c’est une fausse croyance
Il arrive que le patient sente venir la crise. Dans ce cas, il doit se mettre à l’abri : s’asseoir ou se mettre dans son lit pour surtout ne pas se blesser. « Mais la majorité des patients ne sent pas venir la crise. Il est dans ce cas important de bien noter l’heure de la crise, de protéger la personne. Une fois que les mouvements s’arrêtent, on place le patient en position latérale de sécurité et on le rassure« . Surtout, on n’essaie pas de sortir de la bouche la langue du patient. « Il n’avalera pas sa langue, c’est une fausse croyance. Par contre on peut aggraver la situation en lui mettant les doigts dans la bouche« , prévient Norbert Khayat. Si une crise dure plus de 5 minutes, sans prise d’un traitement pour stopper les convulsions, elle peut alors durer au moins 30 minutes, ce qu’on appelle alors l’état de mal épileptique convulsif (EMEC), accompagné d’une perte de conscience. Il y a alors un risque de lésions cérébrales et de décès.
Comment réagir en cas de crise nocturne ?
« Un certain type d’épilepsie ne se manifeste que la nuit, c’est souvent le cas pour l’épilepsie frontale. Les bons gestes sont les mêmes que lors d’une crise en journée, mais la crise est moins dangereuse puisque le patient est déjà en sécurité dans son lit« , précise Norbert Khayat.
Merci au Dr. Norbert Khayat, épileptologue et vice-président de l’association Epilepsie-France, pour son expertise.
Source : JDF Santé