Constipation : que faire pour la soulager ?

La constipation toucherait jusqu’à 35% des adultes en France. Manque d’activité physique, mauvaise alimentation… ou problèmes de santé plus graves, elle ne doit pas être ignorée.

Quelle est la définition de la constipation ?

La constipation se définit habituellement par un ralentissement du transit intestinal, générant une baisse de la fréquence d’émission de selles, qui apparaîtront déshydratées. « Mais la définition moderne ne comprend pas que la fréquence des selles », note le Professeur Benoît Coffin, gastro-entérologue à l’hôpital Louis Mourier (Colombes). Ce sont les critères de « Rome IV » qui offrent une définition complète de la constipation. Parmi ceux-ci, on trouve :

  • Des selles petites ou dures à évacuer (qui correspondent aux types 1 et 2 sur l’échelle de Bristol).
  • La nécessité de forcer pour évacuer.
  • Une sensation d’évacuation incomplète.
  • Une sensation de blocage ou d’obstruction.
  • La nécessité de « faire des manœuvres » pour permettre l’évacuation.
  • Et enfin, des selles peu fréquentes (moins de trois par semaine).

Afin de caractériser la constipation fonctionnelle, le patient doit présenter au moins deux des critères ci-dessus.

Constipation passagère, sévère ou chronique ?

► Lorsque la constipation ne dure que quelques semaines (à hauteur de moins de 3 selles hebdomadaires), on parle de constipation passagère ou occasionnelle. Le transit intestinal reprend ensuite une fréquence normale.

► La constipation sévère : « Il n’existe pas de définition scientifiquement reconnue, mais cela correspondrait aux patients qui ont moins d’une selle par semaine, voire tous les 10 jours, et qui ont des complications », détaille le gastro-entérologue.

► La constipation peut être chronique. « Cela correspond à une constipation qui dure depuis plus de 6 mois« , précise le praticien.

Que faire en cas de constipation ?

Lavement. Dans les cas de selles abondantes retrouvées dans la partie terminale de l’appareil digestif (aussi appelée « ampoule rectale »), un lavement (Normacol©, lavement évacuateur) pourra être effectué afin d’éliminer les selles et rétablir le transit.

Suppositoire de glycérine. L’utilisation de glycérine (suppositoire) peut également faciliter l’élimination de selles.

Médicament laxatif. Un traitement laxatif par voie orale (Macrogol, Lactulose), à prendre pendant plusieurs semaines, pourra être prescrit pour rétablir un transit correct dans les cas de constipation chronique. Par ailleurs, « il existe des médicaments développés pour le traitement de la constipation qui ne sont pas remboursés en France par la Sécurité sociale, car elle ne considère pas cette pathologie comme un problème de santé publique », déplore le praticien. Il s’agit du Resolor©, et du Constella©.

Massage du ventre. Les massages de l’abdomen peuvent aider à stimuler un intestin un peu paresseux. Pour cela : allongez-vous sur le dos et respirez doucement, utilisez une huile naturelle, et massez doucement votre ventre, en l’effleurant et en appliquant des pressions modérées… Vous pouvez demander à votre conjoint de vous masser délicatement le ventre.

Sport. Une bonne hygiène de vie contribue à un bon transit et cela passe par le mouvement. Etre couché ou assis en permanence ne favorise pas le transit intestinal. 2 à 3 séances d’une heure de sport environ suffisent par semaine. En ce qui concerne la marche : 15 à 20 minutes sont conseillées chaque jour.  Prendre les escaliers à la place de l’ascenseur, éviter de prendre votre voiture, bricoler, jardiner…  

Boire plus d’eau ? « Il ne sert à rien de boire de grandes quantités d’eau, car le surplus sera éliminé dans les urines, et non dans les selles, qui ne seront pas davantage hydratées », prévient le Pr Coffin.

Quelles sont les causes de la constipation ?

Une fois caractérisée, il faut déterminer l’origine de la constipation. « Il ne faut pas considérer que c’est quelque chose de banal », prévient le Pr Coffin. Souvent passagère et sans gravité, elle peut parfois être un symptôme d’une pathologie grave comme le cancer du colon.

Cancer du côlon. « On a pour cela ce qu’on appelle des drapeaux rouges : on sera particulièrement attentif à la constipation d’un patient si celui-ci a plus de 50 ans, des antécédents familiaux de polypes ou de cancer du colon au premier degré, signale un amaigrissement important ou du sang dans le selles… « , explique le Pr Coffin.

Alimentation. L’insuffisance d’aliments riches en fibres dans l’alimentation (fruits secs, légumes verts, céréales complètes, légumineuses..) serait un facteur de risque important de constipation, ainsi que la sédentarité. « Même si le respect des règles hygiéno-diététiques est important pour tous, il n’existe pas de lien scientifiquement prouvé entre alimentation, ou sédentarité, et constipation. Pour causer la constipation, il faut que les carences alimentaires soient très importantes. Et si une activité physique régulière favorise le transit intestinal, son absence ne provoque pas la constipation » nuance le Pr Coffin.

Médicaments. Certains traitements médicamenteux favorisent aussi l’apparition d’une constipation comme les antalgiques de niveau 2 ou 3, les antiacides, les antidépresseurs, les neuroleptiques, les laxatifs utilisés en excès, les anticholinergiques, les anticonvulsants, les diurétiques, les antispasmodiques, les suppléments de fer et de calcium, les opiacés, les antiparkinsoniens« Un tiers des médicaments figurant au Vidal mentionnent la constipation comme effet secondaire possible », fait remarquer le praticien. Elle peut aussi provenir de problèmes de fissure anale : le patient se retient car aller à la selle est douloureux.

Quels examens faire ?

Le médecin va procéder à un examen clinique, une palpation du ventre, et éventuellement un toucher rectal. A la suite de quoi, il pourra procéder à des examens complémentaires, comme une coloscopie, un bilan biologique standard (notamment le dosage de la TSH). « Selon le profil du patient, il est évident qu’on ne va pas avoir la même démarche diagnostique », précise le praticien.

« Il ne sert à rien de boire de grandes quantités d’eau »

Que manger en cas de constipation ?

« Comme pour tout, il faut adopter une alimentation normale, variée et équilibrée « , résume le Pr Coffin.

  • En outre, consommer des aliments à forte teneur en fibres permet de lutter contre la constipation. Les fibres végétales par exemple se remplissent d’eau au cours de la digestion, stimulant ainsi le transit intestinal et augmentant le volume des selles.
  • Les légumineux, lentilles, haricots blancs, pois cassés, pois chiche ou fèves sont particulièrement conseillés.
  • Les fruits secs, pruneaux, abricots secs, figues, noix, noisettes ou encore amandes possèdent une forte teneur en fibres et en sels minéraux. Mais ils ont l’inconvénient d’être très caloriques.
  • Les céréales complètes, son de blé et d’avoine sont également très riches en fibres. N’hésitez pas à consommer des pâtes, du riz complet, du pain complet, du pain au son…
  • Les légumes verts favorisent le transit intestinal : choisissez les épinards, petits pois, céleri, fenouil, endive…
  • Les fruits frais, prunes, kiwi, fruits de la passion, framboise, mûre, groseille, raisin, goyave, orange, noix et noisettes fraîches sont également conseillés.
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A retenir

► Moins de 3 selles hebdomadaires : on parle de constipation passagère ou occasionnelle.

► Une constipation qui dure plus de 6 mois est considérée comme chronique.

► Les massages de l’abdomen peuvent aider à stimuler un intestin un peu paresseux.

► Consommer des aliments à forte teneur en fibres permet de lutter contre la constipation.

► Certains traitements médicamenteux favorisent aussi l’apparition d’une constipation.


Source : JDF Santé