Comment vaincre le syndrome de jambes sans repos ? C'est quoi ?

Le syndrome des jambes sans repos aussi appelé « maladie de Willis-Ekbom » toucherait environ 2% de la population française. « Ce ne sont donc pas moins de 1 300 000 Français qui ressentent, tous les jours, les symptômes » commente l’Association France Ekbom qui souligne que ce syndrome « est encore trop souvent mal connu par certains médecins ». Décryptage avec le Dr Jean-Denis Turc, neurologue et vice-président de la Fédération Française de Neurologie (FFN).

Qu’est-ce que le syndrome des jambes sans repos ?

Egalement appelé « impatiences » ou « maladie de Willis-Ekbom« , le syndrome des jambes sans repos est un trouble neurologique chronique. Comme son nom l’indique, il provoque des mouvements répétitifs et incontrôlés au niveau des membres inférieurs (et parfois supérieurs) dès que la personne est au repos ou inactive, qu’elle soit assise ou allongée. Ce trouble, qui s’accentue la nuit, cesse dès que la personne se met en mouvement. Ce syndrome peut devenir gênant, surtout s’il survient toutes les nuits, nuisant ainsi à la bonne qualité du sommeil. D’ailleurs, ce trouble est classé parmi les troubles du sommeil. Il va en général de pair avec une somnolence dans la journée, des difficultés à se concentrer, des troubles de la mémoire, une irritabilité et des manifestations dépressives. En revanche, le syndrome des jambes sans repos n’est pas dangereux et n’est pas un signe annonciateur de la maladie de Parkinson.

Ce trouble neurologique n’est pas un signe annonciateur de la maladie de Parkinson.

Quelles sont les causes du syndrome des jambes sans repos ?          

Encore aujourd’hui, sa cause est mal connue, même si quatre pistes peuvent être explorées : « un dérèglement du métabolisme du fer, un dysfonctionnement dopaminergique, l’implication des systèmes endorphiniques et une susceptibilité génétique« , énumère Jean-Denis Turc, neurologue et vice-président de la Fédération Française de Neurologie (FFN). Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est pas d’origine veineuse. Ce syndrome s’aggrave avec l’âge (augmentation de la fréquence et de l’intensité des symptômes). Il peut aussi apparaître au cours de la grossesse à cause d’une carence en fer, mais aussi lors de certaines pathologies comme l’insuffisance rénale ou les syndromes parkinsoniens. Ce trouble peut débuter au cours de l’enfance, et dans ce cas, est souvent diagnostiqué tardivement.

Quels sont les symptômes ? Quelle douleur ?

Le syndrome des jambes sans repos provoque l’envie irrésistible, soudaine et incontrôlée de bouger ses jambes, même au repos. « Le mouvement fait disparaître les signes qui réapparaissent à nouveau au repos. Surtout, ces signes s’accentuent la nuit« , ajoute Jean-Denis Turc. Concrètement, les patients ressentent des sensations désagréables de picotements, fourmillements, contractions musculaires ou petites décharges électriques. Elles s’accompagnent d’un besoin irrépressible de bouger les jambes.

Parkinson. « Si un syndrome des jambes sans repos est plus fréquent en cas de maladie de Parkinson, ce ne sont pas des formes plus graves et habituellement les traitements antiparkinsoniens sont efficaces« , précise le neurologue. 

Diagnostic

Dès l’apparition des premiers symptômes, il faut consulter son médecin traitant puis un neurologue si nécessaire. « Ces derniers doivent être rassurants car tout stress peut aggraver les signes. Puis ils doivent rechercher une éventuelle anémie et y remédier », recommande Jean-Denis Turc.

Quels sont les traitements du syndrome des jambes sans repos ?

Aucun traitement ne guérit définitivement ce syndrome. Pour soulager momentanément ces impatiences, il faut marcher, s’étirer et effectuer des mouvements de jambes, éventuellement les masser. S’il peut disparaître spontanément avec le temps, ce syndrome peut aussi s’arrêter, « en corrigeant un manque de fer, ou bien en supprimant certains traitements, en améliorant son hygiène du sommeil ou certaines prise en charge chez les dialysés chroniques ».

Sommeil.  « Si les symptômes ont un retentissement sur la qualité du sommeil, on peut utiliser plusieurs classes pharmacologiques en recherchant toujours la dose minimale efficace. On peut utiliser les agonistes dopaminergique [habituellement prescrits dans le traitement de la maladie de Parkinson], certains antiépileptiques, plus rarement des benzodiazépines [qui sont des anxiolytiques] ou des opiacés », précise le Dr Turc. Quant à l’homéopathie, aucune étude contrôlée n’a apporté la preuve de son efficacité pour ce syndrome.

Chez les femmes enceintes victimes d’impatiences, il faut en premier lieu rechercher une éventuelle anémie. Pour y palier, il faudra alors prescrire des compléments de fer. En l’absence de carence en fer, les femmes enceintes devront adopter des méthodes relaxantes pour essayer de diminuer le syndrome et l’inconfort qu’il peut procurer.

Comment prévenir l’apparition du syndrome des jambes sans repos ?

Pour éviter son apparition, mieux vaut avoir une bonne hygiène de vie.

  • Mieux vaut éviter les boissons excitantes comme le café ou le thé, mais aussi l’alcool.
  • Privilégier les méthodes de relaxation (type yoga, stretching, tai-chi…) à pratiquer particulièrement le soir peuvent réduire les symptômes, et dans le même temps, favoriser un sommeil réparateur.
  • Eviter de dormir dans une pièce trop chauffée.

Merci au Dr Jean-Denis Turc, neurologue et vice-président de la Fédération Française de Neurologie (FFN), pour ses précisions. 


Source : JDF Santé