Comment se motiver quand on a envie de rien ?

Se lever le matin, perdre du poids, faire du sport… Vous manquez de motivation pour tout ? Voici comment y remédier.


En tant qu’être humain, il est normal de traverser des moments d’insatisfaction. Cependant, lorsque la perte de motivation devient trop massive, trop invalidante, une analyse plus éclairée de ce qui se passe en soi et autour de soi s’impose. « La motivation est un sentiment qui possède un socle biologique en lien avec le circuit de la récompense. Ce circuit neuronal est stimulé et entretenu par les réussites. Les échecs, quant à eux, tendent à inhiber ce circuit. Ainsi, quand on n’a plus aucune motivation pour rien, il est important de se poser plusieurs questions à propos de sa manière de gérer ses ambitions et ses échecs », nous explique Daniela Silva Moura, docteure en psychologie et psychopathologie cliniques. Faire des choses, des plus banales aux plus élaborées peut être source de satisfaction ou de plaisir et contribuer à entretenir le réseau de la récompense, et donc, la motivation, ou bien, à contrario, être source de frustration ou de difficulté à répétition et inhiber sa motivation pour poursuivre ses efforts.

« Il n’est pas normal de n’avoir envie de rien, poursuit notre interlocutrice. Ce sentiment révèle un état de souffrance qui peut s’expliquer par la présence d’une dépression sévère mais le plus souvent, il est en lien avec notre tendance à nous focaliser sur des objectifs très (voire trop) ambitieux, dont la réalisation demande des efforts importants ». Par exemple, certaines personnes perdent leur motivation pour les habitudes saines qui demandent de la persévérance, comme le sport ou les régimes, parce qu’elles sont focalisées sur la finalité de cet effort et non sur les étapes préliminaires qui représentent autant de victoires sans lesquelles la finalité ne pourrait être atteinte. 

Pour rester motivé, il faut apprendre à aimer ces étapes préliminaires et à valoriser ses petites victoires. Mettre en place un rituel avec des défis progressifs : par exemple, faire 10 squats par jour au réveil et augmenter de 5 répétitions tous les 3 jours jusqu’à en faire 150. Chaque squat supplémentaire est une victoire. Dans le même temps, il faut se coiffer, s’habiller et se maquiller pour avoir l’image de soi la plus plaisante possible, quel que soit son état d’humeur. Et chercher au quotidien à réaliser ce qui est plaisant et simple pour relancer le circuit de la dopamine. « Cela peut être fait à travers de petits gestes comme faire une liste des événements agréables qui se sont produits dans la journée : un beau paysage, une musique agréable, quelque chose qu’on a trouvé drôle, un mot entendu, une scène de vie… », suggère la spécialiste.

Pour entretenir sa motivation, il est important d’avoir plusieurs domaines d’investissement qui nous garantissent autant l’expérience du plaisir (se faire faire une manucure, se faire masser, lire un bon livre…) que le sentiment de compétence et de satisfaction (réussir à ranger tout son tiroir de lingerie (et pas tous les tiroirs de son placard), trier les condiments (et pas tous les ustensiles de cuisine), poster les quatre lettres qui attendaient depuis trois semaines (et ne pas régler toutes les choses administratives d’un coup). L’objectif est de se focaliser sur quelque chose que l’on peut faire jusqu’au bout, rapidement de manière efficace. C’est cette petite réussite qui va venir relancer le circuit de la récompense et la motivation. « Les multiplier, les alterner avec les tâches plus pénibles permet de ne pas se sentir découragé, voire totalement inhibé », conclut notre experte. 

Merci à Daniela Silva Moura, docteure en psychologie et psychopathologie cliniques, auteure du livre « Mieux je me connais, mieux je me soigne » (Éd. le Courrier du Livre, 2024)


Source : JDF Santé