Chikungunya 2025 : cas en France, symptômes, contagieux ?

Plus de 900 cas ont déjà été recensés en France depuis le début de l’année 2025.


La surveillance du chikungunya se renforce chaque été en France avec la prolifération du moustique tigre. Il est désormais présent dans 81 départements français, augmentant le risque de maladies. Du 1er janvier au 30 avril 2025, Santé Publique France a recensé 919 cas importés de chikungunya en France, principalement depuis La Réunion. La maladie est à déclaration obligatoire. Eclairage du Professeur Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité de recherche et d’expertise « Arbovirus et Insectes vecteurs » à l’Institut Pasteur

Qu’est-ce que le chikungunya ?

Le chikungunya, appelé aussi « Chik » ou « maladie de l’homme courbé », est une maladie infectieuse appartenant à la famille des arboviroses (maladies transmises par un arthropode). Elle se transmet à l’homme suite à une piqûre d’un moustique infecté du genre Aedes comme le moustique tigre. Le nom de « chikungunya » est dérivé d’un mot de la langue kimakonde qui signifie « se déformer ». La première épidémie due au virus chikungunya dans le monde a été décrite sur le continent africain, en Tanzanie en 1952.

Quelle différence avec la dengue ?

La dengue et la maladie à virus Zika ont des symptômes similaires à ceux du chikungunya, ce qui peut facilement donner lieu à un diagnostic erroné. Les deux moustiques responsables du chikungunya sont également impliqués dans la transmission d’autres arbovirus, notamment la dengue, la fièvre jaune et le virus Zika.

Quels sont les symptômes du chikungunya ?

Au début, l’infection ressemble à un syndrome grippal avec :

  • Une fièvre intense
  • Des maux de tête
  • Des douleurs articulaires concernant principalement les petites ceintures articulaires (poignets, doigts, chevilles, pieds) mais aussi les genoux
  • De fortes douleurs musculaires
  • Une éruption cutanée au niveau du tronc et des membres
  • Des douleurs abdominales
  • Une inflammation d’un ou plusieurs ganglion(s) lymphatiques cervicaux
  • Une conjonctivite

A un stade avancé, peuvent survenir des complications neurologiques graves notamment chez les nouveau-nés et les personnes âgées. Les douleurs articulaires ainsi qu’une fatigue importante peuvent persister plusieurs mois après le diagnostic initial. Des saignements des gencives ou du nez ont en outre été décrits, principalement en Asie.

Quel est le temps d’incubation ?

Les symptômes du Chikungunya se manifestent après une période d’incubation de 2 à 12 jours en moyenne.

Combien de temps dure la maladie ?

Les symptômes durent généralement quelques jours, mais peuvent persister pendant des semaines, des mois ou même des années. Toute personne qui a été infectée une fois acquiert naturellement une immunité durable (plusieurs années). En revanche, certaines douleurs aux articulations (arthralgies) peuvent persister ou réapparaître sur des périodes de temps variables. Il s’agit d’une réaction articulaire indépendante d’une réinfection par le virus.

Est-il mortel ? Quels risques de séquelles ?

Les cas sévères ou mortels de chikungunya sont très rares, et sont presque toujours associés à l’existence d’autres pathologies. « L’évolution spontanée de la maladie est le plus souvent favorable, mais elle peut évoluer vers une forme chronique, avec pendant plusieurs mois une fatigue prolongée et/ou la persistance de douleurs articulaires (dans 20% des cas) pendant des mois ou des années parfois très gênantes dans la vie quotidienne , observe le Professeur Failloux.

L’atteinte d’autres organes est possible :

  • Des atteintes neurologiques de type syndrome de Guillain-Barré (atteinte des nerfs périphériques responsables de paralysies, de faiblesses musculaires ou de troubles des sensations avec par exemple des picotements dans les bras et les jambes). Quelques cas de méningo-encéphalites ont été observés pendant l’épidémie de La Réunion.
  • Des atteintes des yeux : conjonctivite guérissant spontanément, baisse de la vision.
  • les complications au niveau du rein, du foie ou du cœur sont exceptionnelles.

Comment pose-t-on le diagnostic d’une infection au chikungunya ?

Le virus du Chikungunya peut être détecté directement dans des échantillons sanguins prélevés chez le patient au cours de la première semaine de la maladie par des tests d’amplification de l’acide nucléique comme la RT-PCR (transcription inverse et amplification en chaîne par polymérase). D’autres tests peuvent détecter la réponse immunitaire d’une personne à l’infection par le virus du chikungunya, qui sont plutôt utilisés après la première semaine d’infection afin de rechercher la présence d’anticorps dirigés contre le virus. Les taux d’anticorps sont généralement détectables dès la première semaine après l’apparition de la maladie et peuvent encore être détectés pendant environ 2 mois. 

Quel est le traitement pour soigner le chikungunya ?

Le traitement est avant tout symptomatique et vise à soulager la fièvre et les douleurs avec la prescription d’antipyrétiques, d’analgésiques adaptés (paracétamol ou acétaminophène), d’un bon apport en liquides et d’un repos du patient. Il n’existe pas de médicament antiviral spécifique contre l’infection au chikungunya. 

Existe-il un vaccin contre le chikungunya ?

Il n’existe actuellement aucun vaccin homologué ni traitement spécifique pour les infections par le virus du chikungunya. Plusieurs vaccins sont en cours de développement. Pour se protéger, outre les moyens de protection physique (port de vêtement longs couvrant les bras et les jambes jusqu’au chevilles, moustiquaires dans l’habitat…), il est fortement recommandé d’utiliser un produit répulsif en respectant les précautions d’emploi.

Quels risques pendant la grossesse ?

Dans le cas d’une femme enceinte qui est infectée par le virus, la contamination du bébé se produit directement au cours de l’accouchement dans un cas sur deux. Elle engendre des troubles neurologiques et/ou cardiaques chez la moitié des nourrissons. Il est recommandé aux femmes enceintes qui se rendraient dans des régions touchées par le chikungunya, de se protéger par tous les moyens disponibles contre les piqûres de moustiques et tout particulièrement au cours du dernier trimestre de la grossesse.

Merci au Professeur Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité de recherche et d’expertise « Arbovirus et Insectes vecteurs » à l’Institut Pasteur.


Source : JDF Santé