Définition : c’est quoi le chemsex ?
Contraction des mots anglais « chemical » (chimique) et « sex » (sexe), le chemsex désigne l’usage de drogues pendant l’acte sexuel. Cette pratique, qui a vu le jour dans le milieu gay anglo-saxon, vise à désinhiber les pratiquants et à prolonger les relations charnelles. Les produits psychoactifs peuvent être sniffés, injectés en intraveineuse, avalés ou administrés par voie anale. « Le recours au « sexe sous drogues » est l’apanage des hommes homosexuels, bien qu’il commence à se développer dans les milieux hétérosexuels. Si ce phénomène est connu depuis une quinzaine d’années, il a pris énormément d’essor récemment avec les réseaux sociaux et les applications de rencontre », constate Yann Botrel. Selon une étude menée par le centre d’addictovigilance de Paris et de Montpellier, le chemsex aurait entraîné 24 décès sur les 235 identifiés entre janvier 2008 et août 2017. Le rapport observe également une augmentation importante du nombre de cas (1 cas en 2008 contre 50 durant les premiers mois de l’année 2017). « En réalité, il y en a beaucoup plus. Rien qu’à Lyon, en 2017, 20 décès en lien avec le Chemsex ont été recensés donc à l’échelle nationale, cela est forcément plus important mais les décès ne sont pas répertoriés comme tels. On n’en parle peu car le sujet reste tabou, c’est assez particulier d’admettre qu’un membre de sa famille est décédé dans un chemsex », nuance l’addictologue.
Quelles sont les drogues utilisées dans le Chemsex ?
De nombreuses substances psychoactives peuvent être utilisées dans le chemsex et sont souvent associées. Celles qui sont les plus souvent utilisées sont :
- le poppers,
- le GHB/GBL,
- la métamphétamine,
- la kétamine,
- les cathinones (4-MEC, 3-MMC, 4P, MDPV…)
- la cocaïne.
Quels sont les effets recherchés dans le Chemsex ?
Si les effets varient selon les produits consommés, tous ont globalement des propriétés stimulantes, euphorisantes, exaltantes et relaxantes. Ces substances visent à augmenter la confiance en soi, l’empathie, à booster l’attirance et l’endurance sexuelle. L’ensemble de ces drogues favorise également la désinhibition des partenaires. À forte dose, la kétamine a des effets hallucinatoires. La cocaïne est stimulante et développe l’envie sexuelle, les amphétamines permettent de stimuler et de désinhiber, la MDMA booste la libido de manière colossale, ce qui peut amener les sujets à éprouver de l’attirance pour toutes les personnes présentes, y compris des partenaires qui ne les auraient pas intéressées dans un autre contexte. « Les adeptes du chemsex considèrent que la prise de drogues sublime l’acte sexuel. Grâce aux amphétamines, cet effet peut durer deux à trois jours puisque la fatigue disparaît, ce qui donne lieu à des marathons sexuels qui se prolongent. Par ailleurs, la plupart de ces produits vont avoir pour effet de libérer la sérotonine, hormone de l’humeur, et la dopamine, hormone du plaisir, en grande quantité. Cela crée des libidos exacerbés et des sentiments de toute puissance », précise notre interlocuteur.
Quels sont les dangers du Chemsex ?
Le chemsex est une pratique dangereuse qui amène les usagers à consommer toujours plus de drogues de manière irrésistible (craving). La consommation de kétamine est associée à des troubles de l’humeur, des hallucinations et des états de panique. La cocaïne, la méthamphétamine et les cathinones entraînent des risques cardiovasculaires, cardiorespiratoires, des crises de panique, des pensées suicidaires. Le GHB/GBL peuvent provoquer une perte de connaissance. De manière générale, ces cocktails de drogues peuvent conduire à des overdoses, des intoxications et des comas. « L’association de certaines drogues peut provoquer la mort et les usagers ne le savent même pas, déplore Yann Botrel. Par exemple, il est particulièrement dangereux de mélanger du GHB et de l’alcool car cette association peut entraîner un coma irréversible. Du fait de leur désinhibition, les adeptes du chemsex ne prennent pas les précautions nécessaires pour se protéger (partage de seringues, oubli de préservatifs). Résultat, les IST et autres contaminations par le VIH, les hépatites B et C et la syphilis sont en nette recrudescence. Enfin, le chemsex est associé à une augmentation des agressions sexuelles et des viols puisque la notion de consentement sexuel ne peut être toujours clairement établie ».
Comment réduire les risques ?
En addictologie quel que soit le produit ou le comportement, il ne faut jamais être moralisateur car cela ne fonctionne pas. Plusieurs précautions peuvent contribuer à réduire les risques liés à cette pratique :
- Pratiquer le chemsex avec des personnes que l’on connaît et en qui on a confiance
- Faire attention à la provenance des substances : se les procurer auprès de personnes de confiance.
- Utiliser du matériel stérile, propre.
- Se renseigner au préalable sur les mélanges de produits.
- Favoriser un dépistage régulier pour le VIH, les IST et les hépatites.
- Se faire vacciner contre les hépatites A, B et C.
Où trouver de l’aide quand on est accro au Chemsex ?
Dès lors que l’accoutumance est avérée, il est nécessaire de consulter un professionnel de santé de confiance. Les CSAPA (Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) regroupent des addictologues, médecins, infirmiers qui connaissent parfaitement le sujet. On peut aussi s’adresser à un médecin généraliste, un psychiatre, un psychologue ou une personne issue du milieu associatif (AIDS, Drogues Info Service). L’hypnose se révèle également être un très bon outil d’accompagnement puisqu’elle permet d’obtenir des états de conscience modifiés semblables à ceux obtenus sous l’effet de la drogue et de travailler sur les émotions anesthésiées par les substances. « Toutefois, l’hypnothérapie étant une profession non réglementée, il est préférable de s’adresser à un spécialiste doté d’un bagage médical ou paramédical. Il est intéressant de privilégier une approche multidisciplinaire », nuance le spécialiste. Certaines drogues nécessitent un traitement de substitution puisqu’elles provoquent des manques beaucoup trop forts (opiacées comme la morphine), pour d’autres, un sevrage brutal est dangereux (alcool, benzodiazépines).
Source : Le site Fédération Addiction
Merci à Yann Botrel, hypnothérapeute addictologue.
Source : JDF Santé