Quelle est la définition de la misanthropie ?
L’étymologie du mot « misanthropie » évoque le grec mîsos, qui signifie « aversion/objet de haine« , et d’ánthrôpos, qui signifie « être humain ». « Nous pourrions résumer la misanthropie par une dynamique émotionnelle, cognitive, et comportementale caractérisée par le rejet de l’espèce humaine, au sens large c’est-à-dire sans distinction de genre, de religion, de niveau social« , explique Matthieu Fynes, psychologue. « C’est une posture morale, idéologique et non une peur invalidante de l’autre que l’on retrouve dans la phobie sociale« , complète-t-il.
Qu’est-ce qu’une personne misanthrope ?
Au contact des autres, une personne misanthrope ressent des émotions désagréables telles que la tristesse, la colère, la déception ou encore le dégout. « Dans la sphère cognitive, elle pense généralement que l’autre n’est pas digne de confiance, qu’il manque de qualité ou d’intelligence, qu’il est peu capable de belles choses. Le misanthrope se pense souvent supérieur aux autres. En mémoire, on retrouve une prédominante des actions humaines négatives, désagréables ou dramatiques« , explique le spécialiste. Au niveau comportemental, la personne misanthrope aura tendance à recherche la solitude et l’isolement. « Elle se montre critique vis-à-vis des autres, peut être contestataire, évoquer fréquemment les injustices du monde et les comportements immoraux de ses pairs. Les normes sociales peuvent être transgressées puisque, bâties par des Hommes, elles n’ont pas de valeur« , avance-t-il.
Quelles sont les causes de la misanthropie ?
Selon Matthieu Fynes, la misanthropie peut être le fruit de traumatismes passés, des apprentissages éducatifs de l’enfance, d’angoisses sociétales sous-jacentes (guerre, maladies, climat…). Elle peut également être la partie visible d’autres problématiques psychiatriques telles que la dépression, l’anxiété ou les troubles de la personnalité.
Est-ce une maladie ?
L’Homme est un être social. Ainsi, le contact avec les autres est important à notre bien-être. « Nous sommes face à une différence de fonctionnement importante entre ce qui est défini comme « la norme » et la misanthropie« , confirme le psychologue avant d’ajouter. « Pour autant, la question du traitement est indissociable de la notion de maladie. Or, la misanthropie n’est pas considérée comme une pathologie dans les nosographies traditionnelle« . D’après lui, plus qu’un « traitement » visant à « en venir à bout« , il semble plus pertinent de questionner la dynamique personnelle de l’individu (ou de son entourage) et d’avancer sur la question de la souffrance vécue et/ou de la motivation au changement.
Est-ce que ça se soigne ? Comment ?
Une démarche psychothérapeutique peut sembler indiquée. « Chaque thérapie peut être intéressante dans le sens où elle questionne nécessairement le lien (humain) entre le thérapeute et son patient. La construction d’une bonne alliance thérapeutique est essentielle afin de bâtir les premières alternatives aux schémas négatifs suscités« , souligne Matthieu Fynes. Il est primordial d’identifier les facteurs sous-jacents à la misanthropie afin d’apporter une réponse thérapeutique adaptée. « Le contexte théorique et les outils inhérents aux thérapies cognitives et comportementales, par exemple, peuvent permettre d’identifier les dynamiques de manière concrète et visuelle. Les apports scientifiques que l’on y trouve sont autant de pistes qui permettent d’amorcer des échanges pertinents autour des difficultés évoquées« , indique le professionnel.
Merci à Matthieu Fynes, psychologue.
Source : JDF Santé
