Le terme « passif-agressif » est de plus en plus employé dans les séries télé, les films, les podcasts… Avec une personne au comportement passif-agressif, les remarques sont indirectes, insinuées et détournées, en « demi-teinte » voire hypocrites, le dialogue n’est pas possible et la communication est déséquilibrée. On peut par exemple croiser ce type de personne dans ses relations personnelles ou au travail. Face à un passif-agressif, on peut être déstabilisé. Et d’un point de vue extérieur, ce comportement est souvent mal perçu, considéré comme hautain ou irrespectueux. Alors, comment reconnaître un passif-agressif ? Comment y faire face ? Exemples de phrases et expertise avec Maïté Tranzer, psychologue clinicienne.
C’est quoi une personne passive-agressive ?
Le comportement passif-agressif est un trouble de la personnalité. Il a été décrit dans le DSM-IV (l’avant-dernière édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, et des troubles psychiatriques de l’Association américaine de psychiatrie) pour désigner le comportement de certains soldats face à l’autorité pendant la Seconde Guerre mondiale, puis il a été retiré à cause d’un manque de précision. S’il n’apparaît pas dans le DSM-V, ce terme est employé par les professionnels de la santé mentale. « Le comportement passif-agressif est un comportement récalcitrant qui se traduit par un refus de l’autorité. Le passif-agressif n’est pas offensif, au contraire, il a un comportement défensif, pas frontal« , décrit Maïté Tranzer. A noter, qu’on use tous, à plus ou moins grande échelle, de phrases passives-agressives (exemples de phrases ci-dessous), ce qui n’est pas grave. En revanche, cela devient pathologique quand, pour communiquer ou s’exprimer, la personne n’adopte que des attitudes ou comportements passifs-agressifs.
Quels sont les signes d’un comportement passif-agressif ?
« Les comportements d’un passif-agressif sont souvent difficiles à repérer de prime abord. C’est avec le temps que l’on peut repérer des agissements ou des attitudes évocatrices d’un comportement passif-agressif« , indique notre experte.:
→ Le passif-agressif a une communication et une façon de parler indirectement « agressive » : un mécanisme de défense qui crée un malaise relationnel
→ Sa communication n’est ni frontale ni franche : il use des « non » dissimulés, de phrases cryptées et de remarques implicites.
→ Il se sent toujours attaqué (grande susceptibilité)
→ Il a un comportement de déni dans la confrontation, avec parfois un recours au mensonge ou à la manipulation pour parvenir à ses fins.
→ Il fait preuve de mauvaise foi
→ Il a une tendance à se victimiser et à s’auto-persécuter
→ Il dit qu’il est d’accord pour faire quelque chose mais son attitude montre le contraire
→ Il a un sentiment d’infériorité
→ Il est récalcitrant aux changements ou aux nouvelles règles (tout ce qui ne va pas dans son sens)
→ C’est généralement une personne réservée, voire mutique (elle « punit » l’autre par son silence), qui peut paraître indifférente, hautaine ou irrespectueuse
→ C’est généralement une personne très craintive (elle manipule par peur d’être manipulée)
Que traduit un comportement passif-agressif ? Quelles causes ?
Le passif-agressif ne se rend pas compte de son comportement induit par une véritable souffrance. « Son comportement est en lien avec des événements marquants, qui ont eu lieu souvent pendant l’enfance, généralement en rapport avec une insécurité affective, un trop-plein d’autorité parentale ou à l’inverse une absence de limites ou de cadre. Ce sont souvent des enfants qui n’ont pas pu s’exprimer en tant qu’individu ou qui n’ont pas trouvé leur place. D’un point de vue de l’empathie et de la communication avec autrui, il y a des choses qui ne fonctionnent pas. Ses comportements sont la manifestation d’un conflit intérieur non palpable, de frustrations qui ont été intériorisées et de colère qui a été réprimée au lieu d’être verbalisée. Au bout d’un moment, ces frustrations implosent, ce qui donne lieu à de l’irritabilité, de l’impulsivité et de la colère. Ils n’ont pas forcément le recul avant de s’exprimer« , éclaire la spécialiste.
A quel âge ?
« Le plus souvent, on voit le comportement passif-agressif se manifester à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, surtout dans les relations intra-familiales, à l’école, pendant les études ou au travail, dès lors qu’il y a des règles à respecter, des figures d’autorité ou des structures hiérarchiques« , indique la psychologue.
Y a-t-il un test pour savoir si on a un comportement passif-agressif ?
« A ma connaissance, il n’y aucun test officiel permettant de déceler un comportement passif-agressif« , répond notre interlocutrice. Le psychologue ou psychiatre doit se baser sur des réactions, façons de penser ou faits racontés.
Il faut du temps pour qu’un passif-agressif change.
Exemples de phrases passif-agressif
Les phrases ou tournures suivantes constituent des exemples de comportement « passif-agressif » mais ne peuvent pas permettre de « poser un diagnostic » formel :
- « Je pensais que tu savais »
- « A l’avenir, n’hésite pas à faire ceci… »
- « Sauf erreur de ma part… »
- « Je crois qu’on ne s’est pas compris »
- « Il n’est pas nécessaire de te rappeler que… »
- « Tu es trop ceci, cela… »
- « C’est bon, tu as enfin arrêté de faire la tête ? »
- « Ca me paraissait pourtant assez évident… »
- « Il serait judicieux/intelligent de ta part de… »
- « Tu crois que ça me fait plaisir de te dire ça ? »
Quelles solutions pour faire face à un passif-agressif ?
Face à un passif-agressif, il faut absolument rétablir l’équilibre et utiliser la communication non violente (CNV) basée sur la bienveillance. « Le premier principe de la communication non violente est de parler de soi à la première personne (bannir le « tu ») et de parler de son ressenti personnel pour ne pas que le passif-agressif se sente (encore plus) agressé« , détaille notre interlocutrice. Il faut du temps pour qu’un passif-agressif change et assainisse ses liens sociaux. « Le passif-agressif va difficilement vouloir se remettre en question. Il faut l’amener en douceur vers la remise en question », complète Maïté Tranzer. Une aide thérapeutique peut l’aider à trouver l’origine de ses frustrations et la manière pour les extérioriser sans agressivité, avec des attitudes plus saines. La thérapie a également pour but de lui redonner confiance en lui.
Merci à Maïté Tranzer, psychologue clinicienne.
Source : JDF Santé