Une maladie du foie, particulièrement insidieuse, inquiète le corps médical américain. Selon une étude présentée le 16 juin à ENDO 2023, le congrès annuel de l’Endocrine Society à Chicago, le pourcentage de personnes atteintes de MAFLD, aussi connue sous le nom de stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) serait passé de 16% en 1988 à 37% en 2018, soit une augmentation de 131%. MAFLD est l’acronyme de « Metabolic Associated Fatty Liver Disease » qui désigne en français une stéatose hépatique – donc une accumulation de graisse dans les cellules du foie – associée à un trouble métabolique comme le surpoids, l’obésité, le diabète ou le syndrome métabolique (tour de taille élevée, hypertension artérielle, mauvais cholestérol…). Elle est en passe de devenir l’indication la plus courante de transplantation de cellules du foie. Après avoir analysé les données de près de 33 000 participants (issus de la cohorte de l’enquête nationale sur la santé et la nutrition) de 1988 à 2018, les chercheurs ont montré qu’en 20 ans, le nombre de cas de MAFLD a augmenté de 133% chez les Américains Blancs, de 61% chez les Américains d’origine mexicaine ou hispanique et de 56% chez les Américains Noirs. « La prévalence de MAFLD a augmenté plus rapidement que la prévalence de l’obésité, ce qui suggère que les autres facteurs de risque tels que le diabète et l’hypertension artérielle peuvent également contribuer à l’augmentation de la prévalence de MAFLD« , a souligné Magda Shaheen de l’Université de médecine et des sciences Charles R. Drew, auteure de l’étude. En France, aucune donnée épidémiologique globale n’est disponible, en dehors d’études de modélisation qui estiment à 18% le nombre d’adultes atteints d’une MAFLD en France, indique l’INSERM.
La MAFLD ne doit pas être confondue avec la NASH
L’augmentation de la MAFLD est très préoccupante dans la mesure où elle est sous-diagnostiquée (seulement 1/4 des personnes seraient diagnostiquées) et qu’elle représente un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, de cirrhose et donc de cancer du foie. Elle pourrait également favoriser l’apparition d’autres pathologies comme la Sclérose en Plaques, l’insuffisance rénale chronique, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), l’apnée obstructive du sommeil, l’ostéoporose ou certains troubles cognitifs, dont la dépression, liste une étude d’avril 2022 publiée dans le Journal of Clinical and Translational Hepatology. Il n’existe à ce jour aucun traitement médicamenteux reconnu, bien que différentes études soient en cours sur des médicaments contre la stéatose hépatique d’origine métabolique. Seule la modification de l’hygiène de vie avec une perte de poids et une augmentation de l’activité physique permet considérablement d’améliorer la maladie, voire dans les stades précoces, d’en guérir. Les recommandations de l’European Association for the Study of the Liver proposent une surveillance assez stricte par des tests sanguins non invasifs : tous les 2 ou 3 ans pour les patients ayant une MAFLD sans facteur de risque de progression. La MAFLD ne doit pas être confondue avec la NASH, qui est aussi une stéatose hépatique non alcoolique, mais qui, elle, s’accompagne d’une inflammation des cellules du foie. Comme le rappelle la Revue du Praticien « la MAFLD est une maladie de progression globalement lente, dont le mécanisme est encore mal connu. La NASH représente la forme agressive de la MAFLD : comparés aux patients avec une simple MAFLD, les patients ayant une NASH ont une vitesse de progression de la fibrose plus importante, évoluent plus vite vers la cirrhose, développent plus de complications hépatiques et ont une mortalité plus élevée« .
Source : JDF Santé