C'est quoi la "drogue Crocodile" qui vient de Russie ?

Des taches verdâtres et des écailles apparaissent sur la peau dès la première prise.


Après la « drogue du zombie », une autre substance particulièrement dévastatrice inquiète les autorités sanitaires et les addictologues. Initialement synthétisée aux Etats-Unis dans les années 1930, elle serait ensuite apparue en Russie au début des années 2000. Elle est utilisée comme une alternative trois fois moins chère que l’héroïne, avec des effets immédiats encore plus puissants. Son nom chimique est la « désomorphine », mais elle est souvent surnommée « krokodil drug », « drogue du krokodil » ou « drogue crocodile » en français car elle entraîne des taches verdâtres et/ou grise sur la peau et une apparence d’écailles évoquant le cuir de crocodile, dès la première prise.  

Sa circulation n’a été officiellement confirmée qu’en Russie où elle serait prise chaque année par plus de 100 000 personnes et responsable de milliers de décès. Toutefois, certains médias suggèrent sa présence dans d’autres pays comme les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne, la Belgique et même la France, notamment dans des milieux très modestes situés dans le Nord-Pas-de-Calais. L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a démenti les rumeurs d’une circulation en France : « Hormis cette présence en Russie, les dispositifs d’observation des drogues en Europe, notamment en Allemagne et en France, n’ont pas confirmé l’apparition de cette substance. » S’il y a un manque d’informations récentes sur le sujet, il semblerait qu’à date, aucun cas d’utilisation de drogue crocodile n’ait été rapporté en France ni par les institutions officielles, ni par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), ni par les

Quelle est la composition de la drogue « crocodile » ?

Une seule injection peut être mortelle

Cette drogue est fabriquée artisanalement à partir de comprimés de codéine réduits en poudre, chauffés et mélangés avec de l’iode, de l’essence, du dissolvant à peinture et de phosphore récupéré sur la partie « rouge » des allumettes. Ce mélange donne naissance à la désomorphine, l’opioïde principal de cette drogue responsable de ses caractéristiques addictives et psychoactives. En 45 minutes, la substance devient liquide et « prête » à l’emploi. Son mode de prise est similaire à celui de l’héroïne : le consommateur se « pique » soit dans une veine (injection intraveineuse ou « shoot »), soit dans un muscle (injection intramusculaire), soit sous la peau (injection sous-cutanée).

Quels dangers ?

Certains addictologues la considèrent comme « la drogue la plus dangereuse du monde » pour plusieurs raisons. Tout comme l’héroïne, une seule injection de désomorphine peut être mortelle. Les usagers qui survivent à ce premier « shoot » ressentent alors une sorte de phase d’extase pouvant durer jusqu’à deux heures, ce qui amène les toxicomanes à se faire plusieurs injections par jour avant de plonger très vite dans un état d’accoutumance sévère et douloureux. Son taux de mortalité est extrêmement élevé : l’espérance de vie d’un usager ne dépasse pas 2 à 3 ans, contre des dizaines d’années sous héroïne.

Puisqu’elle est souvent fabriquée de manière artisanale, elle contient de nombreuses impuretés qui entraînent des nécroses de la peau sévères au point d’injection et une décomposition irréversible de la chair et des muscles qui se trouvent autour. Ensuite, les vaisseaux sanguins, les organes et les os se fragilisent et s’endommagent. S’ensuit généralement une ischémie (diminution ou arrêt de la circulation du sang) nécessitant une intervention chirurgicale en urgence, voire une amputation. Elle peut aussi entraîner des troubles du rythme cardiaque. L’utilisation de la désomorphine est interdite dans tous les pays du monde. 


Source : JDF Santé