Ce que cachent vos douleurs émotionnelles (au ventre, dos…)

Lorsqu’on ne trouve pas de causes physiques (lésion d’un organe) à une douleur, surtout si elle est chronique, il est intéressant de rechercher du côté émotionnel et psychologique. « La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à un dommage tissulaire réel ou potentiel ou décrite en termes évoquant un tel dommage » définit la Haute Autorité de Santé (HAS). Des significations émotionnelles sont attribuées aux différents maux du corps par la médecine orientale. Cet article présente des clés de décodage du langage du corps, sachant que chaque cas reste individuel et qu’une douleur physique qui persiste doit toujours faire l’objet d’une consultation médicale. 

C’est quoi une douleur émotionnelle ?

La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle. Ce que l’on appelle aussi des douleurs psycho-somatiques (douleurs physiques qui viennent du psychisme). « Toutes les douleurs, en particulier les douleurs chroniques, sont liées à des éléments organiques mais sont également modulées par des émotions. Si vous êtes déprimé, vous pourriez ressentir plus fortement les douleurs. Une douleur est toujours également émotionnelle c’est pourquoi il est important de réintroduire les émotions dans la prise en charge de celles-ci » indique le Pr Anne Françoise Allaz, ancienne cheffe de Département de médecine interne générale. « Il existe une double dimension de la douleur, entre sensorialité et émotion. Le ressenti subjectif de l’individu doit entrer en compte dans la définition de la douleur. La douleur peut être présente même lorsqu’aucune lésion corporelle ne l’explique, comme c’est souvent le cas des douleurs chroniques » ajoute la médecin. « Je m’attache à trouver les décodages biologiques des troubles physiques parce qu’une émotion est une sensation corporelle avant toute chose » confirme Corinne Allemoz, naturopathe.

Signification des douleurs émotionnelles

Il existe des significations attribuées aux douleurs selon le membre ou l’organe touché. « On parle de décodages biologiques des troubles physiques pour évoquer la symbolique des douleurs, qui est un langage du corps » note la naturopathe. En voici quelques exemples :

Les douleurs des membres supérieurs

  • La bouche est la porte d’entrée de ce qui vient de l’extérieur et va vers l’intérieur. Les maladies liées à la bouche ou la gorge représentent les non-dits ou ce qu’on ne parvient pas à « avaler » (une rupture amoureuse sans dernière discussion).
  • Les yeux reflètent le refus de voir quelque chose (je ne veux pas voir que mon petit-fils est malade alors je développe de l’eczéma sur les yeux).
  • Les douleurs aux épaules sont le siège des contrariétés ou choses que nous n’arrivons pas à réaliser (projet professionnel qui n’aboutit pas)
  • Les maladies des mains représentent ce qu’on ne veut pas lâcher, un manque de « lâcher-prise » (surcontrôle). 
  • Les douleurs de dos et des lombaires matérialisent l’impression d’avoir une charge trop importante, « en avoir plein le dos » (une jeune femme qui s’occupe de ses frères et soeurs plus jeunes à la place de ses parents)

Les douleurs des membres inférieurs

  • Les douleurs aux pieds sont souvent en rapport avec ce qui nous « casse les pieds », ce qui nous agace (sentiment de ne pas avancer, de faire du sur-place).
  • Les douleurs aux genoux symbolisent quelque chose devant quoi on ne veut pas plier, entêtement (je ne veux pas obéir à mes parents parce que j’estime qu’ils sont trop sévères)
  • Les douleurs aux hanches se rapportent à ce que l’on peut ou pas contrôler, elles manifestent une résistance au changement (peur de prendre des décisions)

Les organes

 « Il faut repersonnaliser la douleur, chaque cas est individuel »

  • Le système digestif est le cerveau des émotions, il exprime nos ressentis en rapport avec le relationnel et le monde extérieur.
  • La rate est le siège des angoisses.
  • La vésicule biliaire symbolise nos anxiétés.
  • Les reins sont les organes de la peur.
  • Le foie symbolise la colère, la rancœur.
  • L’estomac et le plexus solaire se rapportent au stress (ulcère, gastrite).
  • Les poumons et le cœur matérialisent la tristesse (syndrome du coeur brisé par exemple)
  • La thyroïde est le siège du stress et de ce que l’on n’arrive pas à sortir. « Un cancer de la thyroïde peut être causé par un traumatisme d’enfance qui ne « sort pas » ».
  • Le système urinaire est le siège de nos peurs et de notre « territoire » : des douleurs urinaires peuvent symboliser un regret ou une impression d’avoir raté la construction de sa vie, de son « territoire ».
  • Le système nerveux. Les maux de ces organes sont liés au stress (dépression, hypertension…).
  • Le système génital peut notamment manifester la peur d’avoir un enfant ou la perte d’un enfant en cas de troubles.

Cependant, « il faut repersonnaliser la douleur, chaque cas est individuel. D’autre part, selon les cultures (occidentales, orientales, africaines), les significations ne sont pas forcément les mêmes. On peut s’inspirer de ces données mais sans oublier de prendre en compte les trajectoires individuelles et les évènements pour retranscrire l’histoire personnelle » défend le Pr Allaz. « Il faut connaitre l’histoire de la personne en effectuant un « bilan de vitalité » parce que les maux physiques sont à mettre en exergue avec le décodage biologique par rapport à l’histoire personnelle » confirme Corinne Allemoz.

Comment reconnaitre qu’une douleur est émotionnelle ?

Dans l’expérience de la douleur, on distingue la douleur aigue (vous marchez sur un bout de verre), et la douleur qui englobe une dimension émotionnelle (souvent chronique). « Les [douleurs émotionnelles] « douleurs primaires » sont des douleurs qui n’ont pas de lien évident avec une lésion du corps identifiable, pas d’atteinte d’organe diagnostiquée » précise le Pr Anne Françoise Allaz. Aujourd’hui, on sait que beaucoup de douleurs chroniques n’ont pas de substrat lésionnel et sont en réalité liées à des modifications du seuil de la vulnérabilité à la douleur . « On parle de sensibilisation centrale pour désigner une augmentation du ressenti de la douleur, une hypersensibilisation à celle-ci. Cette modification du seuil de la douleur est basée dans le système nerveux, mais elle est également en lien avec les dimensions psychologiques c’est-à-dire qu’elle peut être liée aux états dépressifs, aux deuils ou à des traumatismes émotionnels qui s’expriment à travers des douleurs corporelles » développe le médecin. Ces traumatismes provoquent une vulnérabilité psychique qui se manifeste par une douleur physique qui signale que « quelque chose ne va pas ». La personne peut en être consciente ou pas. Par exemple, Patrick Goujon, dans son livre « Prière de ne pas abuser » raconte qu’il souffrait de douleurs chroniques dans le dos depuis des années et lorsqu’il « réalise » qu’il a été abusé sexuellement par un prêtre lorsqu’il était enfant, le kinésithérapeute fait « sortir » le souvenir du dos et la douleur disparait.

Quelles sont les causes des douleurs émotionnelles ?

La douleur émotionnelle se manifeste par des douleurs physiques dont les causes sont émotionnelles et/ou psychologiques. « Ce type de douleur peut prendre racine dans les traumatismes d’enfance (abus sexuels, maltraitance, abandon) et sont très fréquents chez les personnes qui souffrent de douleurs chroniques » indique le Pr Allaz.

Elles peuvent être réactivées par un traumatisme à l’âge adulte (agression, deuil, rupture, divorce etc).  « Selon les statistiques, 80% des personnes atteintes d’un cancer du sein avaient eu un choc émotionnel violent. Aujourd’hui, les oncologues acceptent l’idée entre le lien émotionnel et cancer du sein » reconnait Corinne Allemoz. Par ailleurs, certaines peurs viscérales ancrées depuis des années peuvent finir par s’intégrer à la « matière », au corps humain et provoquer des maux physiques et maladies. « Un homme a développé une sclérose en plaques à la naissance de son enfant. Le décodage biologique [signification émotionnelle] de cette maladie transcrit le « je ne suis pas capable de » et inconsciemment il craignait de ne pas être à la hauteur de devenir papa » illustre la naturopathe. « Ces maux [physiques] sont des cris désespérés que la vie et notre corps nous envoient. Ce sont des signaux d’alerte, des témoins de notre déséquilibre » souligne Michel Odoul dans son ouvrage « Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi ».

Merci au Pr Anne Françoise Allaz, algologue, ancienne cheffe de Département de médecine interne générale à la faculté de médecine de Genève et à Corinne Allemoz, naturopathe.


Source : JDF Santé